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dimanche 19 février 2023

Bilan médical du lundi 13 au dimanche 19 février 2023 : Manifestation et grève, immunité naturelle, OMS qui a nié la transmission aérienne, racisme chez les nouveaux-nés aux US, David Gorski, chemsex, duloxetine et d'autres trucs.

A la veille du procès Servier "on" essaie d'intimider Irène Frachon.


65. Pourquoi la manif du 14 février 2023

Image docdu16


Je suis allé au défilé, je n'ai pas défilé, j'ai suivi, j'ai regardé, j'ai pris des photos, salué des amis, des copines, des camarades et je n'étais pas d'accord sur grand chose sinon que mon avis n'a aucun poids puisque je n'ai rien à proposer. Et je ne pouvais pas faire grève puisque je suis retraité...

Le fait que je ne sois pas d'accord avec des slogans ineptes ne surprendra personne. Je me suis déjà expliqué contre les 50 euros, pour les IPA, contre le déconventionnement, pour l'accès direct aux kinés, c'est clair ?

Et je suis bien entendu contre la loi Rist et les délires du nouveau conventionnement CPTS. Je vous conseille pour être au courant de tout cela de vous diriger vers le de @RichardTalbot sur twitter (LA) qui fait le point dur les négociations conventionnelles en cours.

Ce qui me rend triste c'est que l'extrême-gauche et la gauche soient complètement à côté de la plaque : ce n'est pas la médecine générale libérale qui est la cause de tous les maux, ce sont les soins primaires qui ont changé, dans tous les pays du monde et quel que soit le système de rémunération des médecins, une profession qui n'a pas pu et su s'adapter et qui doit subir une réforme technocratique comme seule le génie français est capable de l'inventer : un libéralisme autoritaire de complaisance.

J'ai lu avec attention les motivations du docteur Michaël Rochoy pour faire grève (ICI).

Et ? 

Et rien. Ce sont des mesurettes.

Je ne vais pas me répéter : la caste des mandarins hospitaliers se moque de ce qui n'est pas intramuros. Elle ne se moque pas des médecins spécialistes d'organes ou d'examens complémentaires libéraux car il s'agit d'activités que certains mènent déjà à l'hôpital mais surtout parce qu'ils y voient une porte de sortie.

Le droit à la santé est devenu un slogan qui ne tient pas compte de faits essentiels : 

  1. La majorité des déterminants de santé (80 %) se passent avant toute consultation d'un professionnel de santé
  2. Les promesses de la médecine triomphante ne peuvent être tenues : les citoyens et les citoyennes croient au mythe de la Bonne santé, c'est à dire du silence des organes.
  3. Les prises en charge des patients sont si disparates, ce qui ne signifie pas qu'il ne soit pas nécessaire qu'elles le soient, et si peu fondées sur des preuves que l'accès aux soins est une loterie
  4. On est passé du mythe de la Bonne santé à celui du Bien-être : d'où la profusion des charlatanismes.
  5. La Santé est devenue une industrie comme une autre.
  6. Les médecins ont promis la lune, le mythe de la Bonne santé, le mythe du silence des organes (pardon, je ne cesse de me répéter) en confondant sciemment médecine et santé. Il est triste de voir des personnes consulter un ostéopathe ou un homéopathe mais on ne peut décider pour les personnes, mais il est encore plus triste que le Conseil de l'Ordre des médecins, l'Assurance maladie, les Mutuelles et assurances participent à cette mascarade en remboursant.

Les "bons" médecins généralistes de twitter : une allégorie : LA

Les négociations conventionnelles


66. Covid-19 : Pourquoi un article du Lancet relance l'immunité dite naturelle et ne condamne pas la vaccination. 

L'article : ICI




Une des choses qui m'a toujours chiffonné dans l'affaire du Covid-19 (et je suis pas le seul) est le fait que l'immunité naturelle conférée par une infection virale ait pu être niée formellement par un certain nombre de médecins, infectiologues ou non, virologues ou non, épidémiologistes et autres.

Ce n'était pas logique.

Mais je vous ai assez bassiné ici sur le fait que le bon sens en médecine était ce qui entraînait le plus d'erreurs et de confusion. 

Avertissement : cet article est une méta-analyse analysant des essais épidémiologiques prospectifs et rétrospectifs dont on connaît la moindre valeur par rapport à des essais contrôlés, comparatifs de bonne qualité (vs placebo).  

Qu'apprend-on de cette méta-analyse ? 

  1. L'immunité naturelle peut être protectrice en cas de réinfection et notamment pour les cas graves.
  2. Elle peut être aussi protectrice que deux injections de vaccins ARNm sur trois items : la réinfection, les symptômes, et les maladies graves.
  3. Cette protection diminue dans le temps.
  4. L'immunité hybride (infection +vaccination) pourrait être (on spécule toujours) plus efficace (sur les 3 items précédents ?) que l'immunité dite naturelle. 
Les commentaires ad hoc.

  1. La vaccination ARNm contre le SARS-CoV-19 a fait la preuve de son efficacité (essais contrôlés) en protégeant des formes graves
  2. La vaccination massive dans les pays développés des personnes à risques (en France : personnes âgées de plus de 60 ans, résidents d'EHPAD et D'USLD, immunodéprimés, et cetera) a été initiée.
  3. Il est assez incroyable que les dernières statistiques de la DREES sur l'état de la vaccination selon les tranches d'âge et notamment chez les personnes âgées datent d'octobre 2022 et sont d'un flou artistique impressionnant : LA.
  4. L'immunité dite naturelle joue un rôle non négligeable et a fortiori une immunité hybride bien que dans un pays où l'on ne sait pas dire exactement combien de personnes sont vaccinées il est encore moins possible de connaître le nombre de personnes ayant contracté le covid-19 (ne parlons même pas des asymptomatiques)
  5. Il paraît raisonnable de continuer à vacciner les personnes à risque (bien qu'on en soit arrivé à 4 injections et que l'on ne sait rien de ce qu'il faudra faire les saisons prochaines).
  6. Mais quid des personnes non à risque ? 
  7. Quid des effets indésirables (myocardites/péricardites) dans des groupes à risque identifiés ? Voir la revue de littérature de Florian Zores : LA
Les critiques ad hoc.

  1. Est-il possible en France de savoir combien de personnes à risques ont reçu 4 injections ? La réponse est non.
  2. Est-il possible d'étendre indéfiniment les indications du vaccin à tous les groupes d'âge même non à risques (ce qui ne signifie pas que les morts d'enfants liés ou associés au Covid nous laissent froids, on vous voit venir...), c'est à dire mobiliser des ressources financières et humaines considérables alors que les populations-cibles ne sont pas vaccinées à 100 % ? La réponse est : c'est impossible.
  3. Est-il possible d'étendre la vaccination aux petits enfants de 6 mois à 4 ans sans facteurs de risque alors qu'il n'existe aucune étude clinique contrôlée sur ces tranches d'âge mais des anticorps chez les souris (8 ou 9 selon les sources) ?
  4. Est-il possible d'extrapoler les effets indésirables liés à la maladie et aux vaccins sans essais de qualité (contrôlés) ? 
Conclusions ad hoc : 
  1. Les tenants de l'immunité dite naturelle exultent (on les a assez ostracisés et pris pour des demeurés complotistes) à partir de cette méta-analyse dont tous les défauts méthodologiques sautent aux yeux. Mais iront-ils jusqu'à appuyer les antivaxx ? 
  2. Les partisans de la vaccination universelle parlent peu de cette méta-analyse dont tous les défauts méthodologiques sautent aux yeux.
  3. Il FAUT tenir compte de cette immunité dite naturelle, des conséquences de l'hybridation et encore et encore cibler les populations à risque.
  4. Il faut mener des essais contrôlés, notamment chez les enfants et dans la prévention des manifestations tardives des infections virales respiratoires.

Deux commentaires "opposés" : 

Un fil twitter de Mahmoud Zureik : LA.

Un article et une vidéo de Vinay Prasad : ICI




67. Pourquoi et comment l'OMS a nié la transmission aérienne du covid.

Pour ceux qui pensent que toute parole dite par l'OMS/WHO est d'or, rappelons une de ses erreurs historiques.


Un article très documenté : ICI


Via JeanPhilippedeTonnac
@inthemoodfortw

68. Pourquoi il vaut mieux être un nourrisson blanc, même pauvre, pour survivre aux Etats-Unis.

Un article du NY Times (malheureusement payant) : LA.


Et donc, la mortalité infantile des enfants blancs pauvres est meilleure que celle des enfants noirs et riches.


69. Pourquoi la lutte contre le charlatanisme conduit à la lutte contre la méthodolâtrie EBM

David Gorski (sur twitter : @gorskon et sur son site : ICI) se bat depuis des années contre le charlatanisme en médecine (homéopathie, acupuncture, ostéopathie, et cetera), en anglais quackery, et toutes les études mal fichues et là, il affirme sans sourciller que ceux qui de mandent plus d'essais contrôlés sur les vaccins anti covid et des études contrôlées de bonne qualité sur les masques sont des méthodolâtres de l'EBM.

D'un seul coup d'un seul il rejoint la confrérie des homéopathes...


Via 
Paul Wischmeyer MD


70. Pourquoi vous voulez tout savoir sur le CHEMSEX par @mathiaschaillot

C'est LA et c'est passionnant. Et instructif. 


 

71. Pourquoi la course au vaccin pourrait-elle être délétère


C'est une tribune de Pauline Londeux et Jérôme Martin et c'est ICI.


72. La FDA approuve une molécule absurde pour différer l'apparition du diabète de type 1 : pourquoi ?

Teplizumab-mzwv vaut 193 400 dollars pour 14 jours de traitement. Avec des résultats peu convaincants.

LA

73. Duloxetine chez les enfants et les ados japonais : pourquoi ça ne marche pas.

Une étude contrôlée duloxetine vs placebo dans l'indication dépression majeure n'a pas montré de différence significative en faveur de la molécule active : ICI.

On nous dit que des études cas-témoins rétrospectives sont en cours pour infirmer une étude menée par des médecins ennemis du progrès et des prises en chages qui tombent sous le coup du bon sens.

On rappelle à ceux qui reçoivent la visite médicale ou qui lisent le Quotidien du Médecin que le médicament s'appelle CYMBALTA.

On peut dire que la morphopsychologie c'est de la merdre en barre mais regarder ce cliché  interroge quand même.
Francis Braun et Amine Benyamina.



vendredi 13 mars 2015

Je n'irai pas travailler le dimanche 15 mars. LOL. (Quelques raisons) d'aller à Denfert-Rochereau.

Pierre Laroque : 1907 - 1997. Fondateur de la Sécurité sociale.

Je vais aller dimanche 15 mars 2015 manifester contre la loi de santé.

Je manifesterai pour montrer que je ne suis pas content.

Je vous ai déjà expliqué en préambule contre qui et avec qui je vais défiler (LA).


Voici (LA) sur le site officiel du gouvernement le justificatif, je dirais, en termes marketing, l'accroche de cette loi.

Notre système de santé est performant mais inéquitable, c'est pourquoi il est indispensable de le refonder. La loi de santé s'articule autour de trois axes : prévenir avant d’avoir à guérir, faciliter la santé au quotidien et innover pour consolider l'excellence de notre système de santé.

Ce préambule est à la fois un tissu de mensonges et un programme atterrant de santé publique quand on connaît les tenants et les aboutissants de tout cela (corruption, fraude, concussion, sur diagnostics, sur traitements, dépistages sauvages, prévention inexistante, prises illégales d'intérêts, pots de vin, et j'en passe).

Pour ce qui est du projet lui-même, vous le trouverez ICI.

Je fermerai donc mon cabinet ce dimanche (j'ajoute qu'il est fermé tous les dimanches pour ceux qui n'auraient pas compris).

A l'origine il y avait trois raisons essentielles pour que je refuse cette loi de santé.

Je vous les expose : 
  1. Le Tiers-Payant Généralisé. Je suis contre pour des raisons purement administratives car je ne veux pas que ma secrétaire passe son temps à récupérer des impayés ou à ne pas récupérer des impayés (je ne parle donc pas des médecins qui n'ont pas de secrétariat ou un secrétariat à mi-temps... la double peine pour eux...), je refuse cette mesure "socialiste" qui est un chiffon idéologique sur lequel est inscrit le slogan "Accès aux soins pour tout le monde" pour faire passer le reste, à savoir et surtout le fait que la médecine générale est considérée comme de la merdre en barre par des décideurs qui, ne sachant pas ce que c'est que de prendre un rendez-vous chez leur médecin traitant, pensent que les pauvres en sont privés. Pour le reste, les arguments à la khon sur le patient doit payer de sa poche, il faut responsabiliser le patient, cela va augmenter le nombre d'actes, tout ce qui est gratuit ne vaut rien, c'est du flan intégral et des arguments d'hypocrites. Les médecins et les patients sont irresponsables et on le sait depuis longtemps, les médecins en prescrivant tout et n'importe quoi à des malades (ce serait un moinre mal, à des citoyens) qui sont heureux de profiter du système par tous les bouts avec la complicité des premiers. Les médecins et les patients, dans une grande danse effrénée, font du consumérisme à tout va et participent au gâchis généralisé des ressources sans que l'on ressente la moindre amélioration sur la satisfaction de tout le monde et sur l'amélioration des indices de santé publique. L'autre argument selon lequel les honoraires ne vont plus dépendre que d'un tiers qui ne serait pas le patient pourrait effectivement être recevable si cela n'était pas déjà le cas pour environ 70 % d'entre eux... Encore qu'au bout du compte, ce soient quand même les  cotaisations qui règlent tout cela (sans compter le déficit chronique des comptes publics). Non, le problème est administratif, la multiplicité des payeurs (et la multiplicité des régimes, vache sacrée de la République), l'absence de guichet unique, et les difficultés que vont entraîner le paiement d'actes déjà insuffisamment rémunérés. Je serai donc pour quand les problèmes de paiement seront résolus, ce qui n'arrivera jamais.
  2. Les réseaux de soin organisés par les mutuelles. Je suis contre. "La loi permet donc la mise en place de réseaux de soins et autorise les mutuelles à conclure des conventions avec certains professionnels de santé, les assurés pouvant bénéficier de tarifs moins élevés et de meilleurs remboursements." Voir ICI. Nous nageons en plein délire. Les assurés des mutuelles qui, en théorie, n'avancent pas d'argent pour des examens complémentaires, vont payer moins cher. Et c'est la mutuelle qui va choisir pour le médecin traitant quels seront les médecins et les endroits où ils pourront adresser les patients. C'est la générication de la santé et de l'adressage aux spécialistes d'organes. Comment les choix seront-ils faits ? Sur quels arguments ? Sur l'épaisseur de la moquette ? Sur le nombre (non déclaré) d'infections nosocomiales ? Sur le classement du journal Le Point ? Mais il est possible également que le parcours de soin passe à la trappe : les assurés (vous avez remarqué que je n'ai parlé ni de citoyens ni de patients) liront que le docteur X est agréé Mutuelle Machin et il ira le voir in petto.  J'ai toujours été contre les réseaux de soins ou plutôt contre les soins en réseaux (voir ICI) parce que j'ai toujours pensé qu'il s'agissait de l'exportation hors les murs des pratiques et des diktats hospitaliers. Et dans ce cas il n'y avait pas d'intervenants extérieurs au monde médical. On va passer du disease-management CPAM (les khonneries à la Sophia dont l'inanité et l'inutilité sont évidentes et ont été montrées ICI par exemple) au disease-management mutualiste étendu au delà des pathologies chroniques (voir LA pour des informations en français sur le modèle). La loi de santé va formaliser dans le mauvais sens, celui du choix des non médecins (Guillaume Sarkozy, impudent capitaine de mutuelle, par exemple) pour les médecins et pour les patients. Au lieu d'un système de soins centré sur les patients (patient-centered care) cela deviendra un système de soins centré sur les mutuelles qui ne représentent que l'AMC dans le remboursement, c'est à dire très peu, et qui gèreront les choix des médecins. Le monde à l'envers. C'est ce que les Anglo-Saxons appelleraient le stakeholder-centered care. Une abomination.
  3. Le pouvoir des ARS. Désormais les ARS auront les pleins pouvoirs, aidés en cela par la représentation nationale, pour décider de l'implantation des médecins généralistes, pas des spécialistes d'organes qui sont de grandes personnes, mais aussi pour décider de l'implantation des services, des IRM (voir LA) et le reste. La rationnalisation de l'offre de soins est évidemment un objectif louable car ne rien faire signifierait laisser le marché s'auto-réguler, ce qui est une imposture libérale bien connue. Mais les ARS sont les instruments du pouvoir politique, pas les acteurs des politiques de santé, il y a bien des comités de pilotage mais ce sont des comités croupions, le décisions étant prises auparavant. Les ARS, en outre, sont un repaire d'incapables qu'il a fallu recaser à la suite des regroupements multiples, salaires élevés, postes irresponsables, incompétence notoire, voitures de fonction et appartements dans le même genre, après le démantèlement de différentes structures antérieures (comme l'ASE par exemple). On ne peut faire confiance à ces profiteurs ignares du système qui ne connaissent rien à la santé mais qui, forts des modèles économiques extérieurs, et de leurs lectures hâtives sur des expériences étrangères, se posent en experts de la réorganisation des territoires, des coeurs et des reins.
En réalité, il y a bien d'autres raisons, vous vous en doutez. Les énumérer serait fastidieux mais ferait aussi oublier qu'il nous faut d'abord proposer et ensuite négocier. Il ne faut pas que cette manifestation soit un catalogue de récriminations mais un catalogue de propositions.

Comment réécrire la Loi Santé ? J'entends bien les slogans "No Négos" mais est-ce bien raisonnable alors que le corps médical et les professions de santé en général tirent à hue et à dia dans des directions parfois opposées ? Quel est le point commun entre le médecin généraliste salarié qui travaille à mi-temps ou à temps partiel en PMI et le radiologue interventionnel qui travaille dans plusieurs cliniques à la fois ? Quel est le point commun entre le médecin généraliste rural qui fait lui-même les points de suture et le médecin généraliste urbain dont le SAMU est distant de quelques minutes ? Quel est le point commun entre l'ophtalmologiste libéral en secteur 2 et le psychiatre libéral en secteur 1 ? Mais je pourrais multiplier les exemples à l'infini. Dire que la FHF (Fédération Hospitalière de France) ne cesse de casser du sucre sur les libéraux qui seraient à l'origine de l'engorgement des urgences, dire que le toujours médiatique Patrick Pelloux, dire que les cliniques privées sont déjà sous la coupe des fonds de pension, dire que les mutuelles, dire que... Si je voulais faire de la démagogie je dirais que le seul point commun c'est le patient. Mais où est le patient ? Est-il visible ? Ou n'est-il qu'un enjeu économique et de pouvoir de plus ? Ou n'est-il qu'un instrument au service de tous ?

Le slogan "No Négos" est un slogan creux car les grandes avancées sociales (il en est même qui souhaitent des accords de Grenelle...) ont été obtenues, certes par la revendication, mais, plus encore, par la négociation.

Quant aux états-généraux de la médecine proposés par d'autres ou les mêmes, ceux qui ne sont pas capables de lire la lettre d'un correspondant jusqu'au bout ou d'écouter leur patient jusqu'au bout de ses plaintes, ils voudraient une grande messe, j'imagine le bordel, et on pourrait réunir ce petit monde jusqu'à la fin de la présence de médecins généralistes authentiques dans le paysage médical français, que certains se battraient encore pour être sur la photo.

Car la plus grosse urgence, c'est la disparition programmée de la médecine générale et de certaines spécialités.

Où sont les propositions pour que la médecine générale ne disparaissent pas ? Où sont les propositions pour que plus de 17 % de médecins généralistes formés s'installent en libéral ? A part le C à 50 euro ?

Nous le verrons la prochaine fois.

Illustration : Pierre Laroque (voir ICI pour quelques éléments le concernant).

jeudi 12 mars 2015

Je n'irai pas au cabinet le dimanche 15 mars (LOL) et je serai à Denfert. Préambule.


Je vais aller dimanche manifester contre la loi de santé que vous pouvez consulter ICI mais j'ai hésité et j'hésite encore.

Préambule.

Cela fait au moins trois siècles et demi que je ne suis pas descendu dans la rue. J'ai été immunisé dans les années soixante et soixante-dix contre les mouvements de foule protestataires qui étaient surtout des selfies (pardon pour l'anachronisme) politico-moraux.

Parce que je ne suis pas content du tour général pris par la santé publique en France (désolé pour la grandiloquence).

Le problème vient de ce que je vais manifester (avec) beucoup de gens que je n'aime pas ou que je voudrais pas fréquenter professionnellement. Je pourrais les citer en détail et énumérer les erreurs qu'ils ont commises dans la gestion de nos métiers mais à quoi bon ressasser et à quoi bon me faire penser à mes propres insuffisances, à mon désengagement progressif lié à ma divergence presque totale vis à vis de la pensée ou des pensées dominantes dans mon milieu professionnel ? Car je suis autant coupable que les dirigeants syndicaux qui ont pactisé avec le diable depuis une quarantaine d'années : je les ai laissé faire.
Je vais (aussi) manifester avec des gens qui croient pouvoir réinventer le monde (à défaut de pouvoir le réenchanter) en faisant des propositions irréelles, irréalistes, corporatistes, et, pour tout dire, démagogiques (le C à 50 euro par exemple, comme il y a quelques années les communistes voulaient doubler le smic, bla bla bla) et qui croient, les braves gens, à l'autorégulation d'une profession qui n'a jamais su se penser. ces libéraux devraient se rappeler Adam-Smith et d'autres qui pensaient que le prix des choses reflétait ce qu'elles valaient réellement. Peut-être que le contenu de nos C "vaut" 23 euro. Peut-être.
Je vais aussi manifester avec des confrères et consoeurs qui se rendent compte que le monde les a dépassés, que la société n'a plus besoin d'eux en tant qu'experts ou que professionnels ou qu'artisans du corps humain mais qu'elle est en train de les utiliser pour assouvir ses rêves eschatologiques de vie éternelle, d'existence sans douleurs, de soumission des désirs à la technique, de division de la conscience sans réflexion éthique, d'asservissement du corps humain au bien être intégral...


Les mêmes confrères et consoeurs qui investissent dans les fonds de pension s'étonnent que des fonds de pension investissent dans la médecine (et notamment dans les médicaments, les matériels et... les cliniques privées). Les mêmes qui sont libéraux dans leurs pratiques bancaires, patrimoniales ou fiscales s'insurgent contre la financiarisation de leur métier.

Le problème vient de ce que je vais (aussi) manifester contre des gens qui sont les instruments serviles de la mondialisation de la médecine et qui, au lieu de réfléchir aux adaptations qui pourraient permettre de rendre le système plus acceptable, croient que la seule façon d'être moderne c'est de céder aux sirènes du libéralisme. Le changement de ministre de la santé (et il faut dire que notre ministre de la santé est particulièrement inadaptée à l'empathie, à la réflexion, au dialogue et à la compréhension) ne produirait rien de bien nouveau car la mondialisation est actée dans nos métiers et parce que les fonctionnaires de l'Etat, qu'ils soient de gauche ou de droite, sont paralysés par l'envie de bien faire, c'est à dire de faire entrer définitivement la médecine dans l'ère post moderne : financiarisation, paiement à la performance, normalisation des pratiques, consumérisme, médicalisation complète de la société, hyperspécialisation (alias taylorisation) des médecins, patients en batterie comme dans les fermes industrielles, protocolisation des soins, corruption généralisée depuis les décideurs jusqu'aux professionnels de santé de base, et cetera. Sans oublier le rêve des big data qui pourraient améliorer la santé en divulguant les données individuelles de chacun pour le bien être de l'humanité tout entière. Sans oublier le rêve génétique de la médecine individuelle, une vaste arnaque...

L'évolution mondiale de la médecine est celui de l'industrie dans les années soixante-dix et il va y avoir de la casse. 
Cela vaut-il donc le coup de manifester ?
Je suis parmi les défenseurs de la médecine générale, celle dont tout le monde se fout mais qui fait l'objet de déclarations enflammées et sans suite, et que faut-il pour que le système de santé résiste ? Des artisans, des petits entrepreneurs, des artistes de la relation médecin patient ou médecin malade, des indépendants... mais aussi des hommes et des femmes qui sont conscients qu'ils ne sont plus de ce monde.
C'est la médecine générale qui sauvera le système mais une médecine générale fière, inventive, libre, propositionnelle.


Je vais manifester dimanche (je ne sais d'ailleurs pas sous quelle bannière car j'ai compris que personne ne se mélangerait, que chaque syndicat comptera ses troupes, chaque groupe de pression aura son coin, chaque métier, même) mais je sais que le rouleau compresseur de la mondialisation est en train d'écraser l'artisanat de nos cabinets. Je me ferai écraser par les chenilles des chars mais j'aurais été là.

Inutile ? Sans doute pas si les négociateurs négocient.

Cela dit, et pour conclure ce préambule par une note plus optimiste : il est donc nécessaire de négocier, de négocier pied à pied, de négocier chaque détail, chaque point, chaque virgule, pour que les technocrates "modernes" et libéraux plient sur un certain nombre de points .

Pour finir, je vous proposerai dans les deux jours qui viennent deux chapitres importants : les "vraies" raisons de ma manifestation (LA) et "mes" modestes propositions pour améliorer le système.

A bientôt.