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jeudi 28 novembre 2013

Europe 1, Gardasil, JF Lemoine, Sauveur Boukris : une émission truquée, corrompue et incompétente.


J'ai écouté LA une émission sur Europe 1, de la maison Lagardère, celle qui finance le site Doctissimo. Vous pouvez l'écouter ICI. C'est un modèle de ce qu'il ne faut pas faire quand on est journaliste et un modèle de ce qu'il faut faire quand on est lobbyiste.

Le sujet était d'importance car il s'agissait de savoir, à propos du Gardasil, s'il fallait avoir peur des vaccins. Les invités d'Europe Soir étaient le docteur Jean-François Lemoine, le docteur Sauveur Boukris et Madame Corinne Lepage, que je cite en dernier pour ne pas la mélanger aux deux propagandistes.

Nicolas Poincaré, le journaliste généraliste, n'en a pas placé une, tétanisé qu'il était par Jean-François Lemoine, le docteur Europe 1, chef de rubrique et ne connaissant manifestement pas le sujet.

J'ai donc redécouvert pendant cette émission le docteur Jean-François Lemoine, visiteur médical de Sanofi-Aventis, dont les liens et conflits d'intérêt sont tellement importants qu'il est difficilement compréhensible qu'il puisse s'exprimer avec autant d'incompétence, cela mériterait une rupture de contrat de la part de ses employeurs : il pourrait non seulement être bon mais aussi faire semblant de ne pas être l'employé de big pharma. Dans une chronique matinale récente sur Europe 1, interrogé par Thomas Sotto (qui s'est fait rouler dans la farine), il avait innocenté le Gardasil en disant qu'il avait vacciné sa fille (preuve scientifique) et en omettant de signaler ses liens d'intérêt avec le laboratoire commercialisant Gardasil (non respect de la loi). Pour des informations sur le personnage : voir ICI ou LA.

J'ai entendu Corinne Lepage se faire massacrer par les deux médecins présents à part sur les sujets qu'elle connaissait bien et on a senti qu'elle avait compris avoir été invitée comme faire valoir.

En revanche, j'ai découvert le docteur Sauveur Boukris, médecin généraliste à Paris, qui écrit des livres que j'avoue n'avoir jamais lus, et dont j'ai pu constater, mais vous verrez sur pièces, qu'il s'agit d'un incompétent total (la validité intrinsèque de ses propos ne dépasse pas le niveau du Cours préparatoire car, objectivement, il ne sait pas lire).

Quelques exemples de ce qu'il a dit :

  1. SB affirme que le vaccin anti grippal est utile et efficace, "il n'y a pas de discussion" (je pourrais citer ce blog, des références, Cochrane, mais comment lutter avec un illettré ?, pour dire combien la communauté scientifique internationale se pose des questions sur l'efficacité du vaccin et propose quand même la vaccination parce que big pharma le vaut bien).
  2. SB ne connaît pas la différence entre principe de précaution et principe de prévention (et c'est là où Corine Lepage lui a cloué le bec) mais ce n'est pas une nouveauté dans le milieu médical français. 
  3. SB conseille le Gardasil à tout le monde et surtout aux femmes qui ont des antécédents de cancer du col dans leur famille… Là, nous sommes dans le sublime et dans une nouvelle AMB (Autorisation de Mise sur le Boukris)
  4. SB prétend que le vaccin contre l'hépatite est obligatoire, tout comme ceux de la coqueluche et de la méningite ! JF Lemoine ne dit rien, personne ne dit rien. Mais où exerce-t-il, ce docteur ? Connaît-il les textes, sait-il même quelque chose ? Il confond recommandation et obligation.
  5. SB assène que les vaccins sont plus contrôlés que tous les autres médicaments pour des raisons d'ubiquité (on en trouve partout) alors que ce sont les produits dont les AMM sont les plus brèves, pour lesquels le nombre de patients testés est le plus faible et qui sont réalisés le plus souvent dans l'urgence avec une pharmacovigilance réduite à sa plus simple expression (en durée alors que les données sur le pandemrix, voir ICI, indiquent que les manifestations cliniques de narcolepsie ont été très tardives ; à ce propos le grrrrrand journaliste JF Lemoine dit sans sourciller qu'avec le pandemrix, on sait, d'un air blagueur, sans dire un seul mot des victimes). Vous trouverez sur ce blog de nombreuses références et notamment sur le fait que pendant la pseudo pandémie les AMM se faisaient au cours des conférences de presse de la Ministre dont j'ai 50 raisons de ne pas citer le nom.
  6. SB ne connaît rien à l'histoire de la médecine quand il prétend que personne n'a mis de bâtons dans les roues de Louis Pasteur pour l'expérimentation du vaccin contre la rage. Il faudrait dire à SB que parce que Louis Pasteur n'était pas médecin il a été honni par les médecins, qu'il n'a été élu qu'à une voix près à l'Académie de Médecine et que l'on se moquait de lui quand il demandait aux chirurgiens de porter des gants pour opérer…
  7. SB affirme que la Fondation de Bill et Melinda Gates fait vacciner, c'est dire, une association caritative ne pourrait quand même pas tuer les gens et faire du profit… SB devrait lire ce qui est écrit sur le GAVI et, notamment par CMT, et sur le fait que son association désorganise les structures déjà présentes des pays en voie de développement et fait aussi beaucoup d'argent avec l'agro-alimentaire : ICI. Un article américain récent démonte les liens existant entre associations caritatives type GAVI et les grands trusts : LA.
  8. SB dit enfin que nous disposons des meilleurs virologues français et il cite un chercheur décédé et le professeur Montagnier. Ce dernier, comme on le sait, était un énorme clinicien qui soignait le pape Jean-Paul 2 avec du jus de fruits.
J'ai oublié de dire que le mot frottis n'a pas été prononcé, cela devait faire partie des éléments de langage à éviter dans cette émission. 

Quand y aura-t-il de vrais débats contradicoires ?
Quand cessera-t-on de donner dans la presse des postes de responsabilité à des journalistes sous influences et qui ne respectent pas la loi ? 
Quand invitera-t-on des médecins généralistes qui connaissent leur sujet ? 

Permettez-moi de vous proposer de relire le billet de CMT (docteur Claudina Michal-Teitelbaum) très complet sur le sujet : ICI, et de le signaler à Jean-François Lemoine et à SB pour qu'il puisse le mettre à l'index. Comme d'ailleurs le dossier de Med'Océan : ICI. Sur le site de Dominique Dupagne, un article mi chèvre mi chou mais volontiers opposé (à moins que je ne me trompe) à la vaccination par Gardasil : LA. Les commentaires sont passionnants et notamment ceux de CMT et notamment le premier, qui me paraît décisif, celui du 26 novembre à 00 : 02, que je reproduis in extenso (1)


Je viens de lire CECI sur le blog de JY Nau, les propos d'un médecin qui me paraissent grosso modo très avisés. Je rappelle aussi des éléments intéressants et libéraux sur le blog de Winckler : LA.


On me signale une offensive puissante de big pharma au niveau des Conseils Généraux pour que les PMI appliquent les recommandations du HCSP, organisme public sous la coupe des lobbys. J'y reviendrai.

(1) On peut aborder le problème sous plusieurs angles, mais, fondamentalement, l’idée qu’il serait licite de faire courir un risque, le moindre risque, à des jeunes filles de 11-13 ans en parfaite santé, pour obtenir un bénéfice on ne peut plus hypothétique et qui ne se manifesterait, s’il se produit un jour, qu’au-delà de l’âge de 40 ans, me paraît absolument contraire à la déontologie médicale et au serment d’Hippocrate.
Un angle pertinent pour traiter le problème me paraît être celui-ci. Il faut se poser la question de savoir si la décision de généraliser ce vaccin à toutes les jeunes filles correspondait à une stratégie cohérente de santé publique pour lutter contre le cancer du col. 
La réponse est indéniablement NON. D’un pont de vue de santé publique, la décision de généralisation de ce vaccin est totalement irrationnelle. Et il découle directement de ce raisonnement une évaluation de l’intérêt individuel de cette vaccination


Pourquoi ? 
D’une part, parce que les cas de cancer du col et les décès qui y sont liés, sont en diminution constante et rapide depuis plusieurs décennies en France d’après les données de l’INVS. Ainsi, la mortalité cumulée (risque total cumulé pour une femme de mourir par cancer du col pendant toute sa vie) a été divisée par six en 40 ans passant de 3,6 % pour les femmes nées en 1910 à 0,6% pour les femmes nées en 1950. Plus de 95% des décès surviennent après 40 ans. Actuellement, la mortalité estimée est de 800 cas (dernières estimations) pour 220 000 décès féminins par an en France alors qu’elle était de 1215 en 2000, soit UNE DIMINUTION, EN DEHORS DE TOUTE VACCINATION, DE 30% EN UNE DIZAINE D’ANNEES.


Pourquoi cette diminution ? Moindre promiscuité due à une plus grande conscience du risque de maladies sexuellement transmissibles graves comme le SIDA, utilisation plus fréquente du préservatif... et sans doute aussi le dépistage du cancer du col par frottis. 
Le dépistage par frottis est efficace pour diminuer la mortalité liée à ce cancer, des études l’ont démontré. Mais, en France, le dépistage est seulement recommandé et laissé à l’initiative des femmes, ce qui en diminue l’efficacité, un certain nombre de femmes se faisant dépister trop fréquemment, on parle alors de surdépistage, tandis que celles qui en auraient le plus besoin ne font pas de dépistage. 
Le remède serait simple : instaurer un dépistage organisé, comme cela a été fait pour le cancer du sein alors que le niveau de preuves d’efficacité était pourtant bien moindre pour ce cancer. 
Un dépistage organisé est un dépistage où l’on invite périodiquement les femmes à se faire dépister. Dans le cas du cancer du col on a défini une fréquence idéale qui serait de faire le dépistage tous les trois ans. Les études faites en population dans les pays scandinaves ont montré un parfait parallélisme entre le taux de participation au dépistage organisé et la diminution de la mortalité par cancer du col. Cela ne coûterait pas plus cher qu’actuellement, seulement le coût de l’organisation, car le nombre de frottis serait le même, à peu près, qu’actuellement, où une partie de l’ensemble des femmes pratiquent le dépistage trop souvent.


Voilà les données du problème en termes de santé publique.
Or, quelles sont les conclusions du groupe de travail qui avait été chargé d’examiner la question de l’intérêt, économique entre autres, de la vaccination par le vaccin contre le papillomavirus ? 
Le groupe de travail s’est fondé sur une modélisation de type mathématique et il a conclu qu’ON POUVAIT ESPERER UN BENEFICE SUPPLEMENTAIRE SUR LE NOMBRE DE CAS DE CANCER DU COL DE 16% (c’est-à-dire une diminution supplémentaire de 16% des cas de cancer, on ne parle pas de mortalité) DUVACCIN PAR RAPPORT AU DEPISTAGE ORGANISE. MAIS QUE CE BENEFICE SUPPEMENTAIRE N’APPARAITRAIT QUE DANS 70 ANS. De plus, ce maigre bénéfice ne pourrait être observé que si trois conditions irréalistes se réalisaient : 
1- il faudrait que le vaccin maintienne le maximum d’efficacité qui lui est attribué, de 70%, pendant 70 ans 
2- que le taux de vaccination des jeunes filles soit au minimum de 80% pendant 70 ans 
3- que le vaccin ne nécessite aucun rappel 
Si une seule de ces conditions n’était pas remplie, on ne pourrait espérer aucun bénéfice supplémentaire de la vaccination par le vaccin contre le papillomavirus par rapport au dépistage organisé, malgré son coût exorbitant et les risques qu’il fait courir à des jeunes filles en bonne santé. 
Ergo. 
Je ne peux pas développer toute l’argumentation ici, mais je renvoie à l’article que j’avais écrit chez docteur du 16.


(Illustration issue de l'article cité plus haut et que je vous invite à ouvrir car les liens sont absolument fabuleux entre les associations caritatives et les pricipaux trusts : Private philanthropy and conflicts of interest in global health)