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lundi 23 décembre 2019

L'homme de l'année médicale 2019 : Peter C. Gøtzsche.

Calendrier de l'Avent médical, Jour 23.


Il a été viré de la Cochrane parce qu'il a demandé que l'organisation s'éloigne de l'industrie.
Il défend l'EBM.
Il défend l'accès par les chercheurs aux données sources des essais cliniques.
Il demande l'arrêt du dépistage organisé du cancer du sein.
Il combat la psychiatrisation médicamenteuse des états non psychiatriques.
Il dénonce les effets indésirables des psychotropes en général et des antidépresseurs et le fait que les psychiatres et l'industrie les minimisent.
Il compare le complexe médico-industriel à une Mafia. Son blog, voir ICI, s'appelle d'ailleurs :

Il a sans doute des défauts mais sa lecture est toujours revigorante.
C'est un type bien.

PS du 3/1/2020: Un article qui fait le point sur ce qui est arrivé à Peter C. Gøtzsche et comment il est allé "trop loin" (LA).

mercredi 28 août 2019

Ce que l'on peut partiellement retenir de juillet et d'août d'un point de vue médical.

Bali : rizières de Jatiluwih (photo personnelle)

C'est un pêle-mêle non exhaustif :
  1. Il n'est pas nécessaire d'indiquer le nombre de séances lors de prescriptions de kinésithérapie : voir ICI. J'ajoute qu'à Mantes et dans son territoire (chic, non ?) les patients reviennent non seulement pour que je prescrive le nombre de séances (j'avais tenté de faire ce que me disait twitter) mais pour les "renouveler". On m'a déjà dit, c'était l'extrême-droite, que le Val Fourré, c'est pas la France, les patients et les kinésithérapeutes doivent avoir un profil particulier.
  2. Les visiteurs médicaux manipulent les médecins (enfin, les mauvais médecins, ceux qui ne savent pas résister aux sirènes des visiteurs médicaux même quand ils sont formés par des Key Opinions Leaders, tout en sachant que les vrais mauvais médecins sont ceux qui ne reçoivent pas les visiteurs médicaux) : voir un article canadien (qui est, selon *** un article d'inspiration complotiste puisqu'il prête des mauvaises intentions délibérées aux laboratoires pharmaceutiques et à leurs salariés) : LA. (Note 1)
  3. Pour faire sens : la crise des opiacés est un exemple en grandeur réelle de ce qu'est la philanthropie humaniste de l'industrie pharmaceutique si elle mêle appât du gain, disparition de l'éthique et hédonisme contemporain. Un entretien avec Richard Sackler de Purdue Pharma : banal ? LA
  4. The Australian Heart Fondation accepte de l'argent de n'importe qui, pas seulement de l'industrie pharmaceutique (on ne peut pas faire autrement, hein ?) mais aussi de la Junk Food Industry. ICI. Tout le monde ou presque s'en fout.
  5. La FDA, l'agence gouvernementale la plus connue dans le monde (on me dit que les fonctionnaires français de l'Agence du Médicament émettent des protestations mezzo voce), permet la commercialisation de molécules qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité ou sur des critères non pertinents acceptés pourtant par les experts de la dite agence gouvernementale en exigeant des études post marketing (après commercialisation) pour confirmer/infirmer le rapport efficacité/tolérance des dites molécules, études qui ne sont soit jamais menées soit menées sur des critères tout aussi impertinents que les précédents : voir (encore) un article canadien ICI.
  6. Les méthodes de la FDA contestées pour la mise sur le marché des médicaments anti cancéreux. Les experts confirment et rien ne changera : ICI. Cela suit en Europe (EMA) et en France. Les oncologues en roue libre. Et merci à F Maisonneuve pour son blog qui se radicalise avec le temps, tant sa prudence initiale est bousculée par les faits.
  7. Combien se faire payer en EHPAD à budget global ? Richard Talbot est un vulgarisateur hors pair de l'enfer administratif. A lire urgemment : LA.
  8. Il existe une liste d'experts indépendants (sans liens/conflits d'intérêts) aux EU d'Amérique que l'agence gouvernementale FDA n'utilise pas (cela pourrait être risqué pour l'obtention d'une AMM, sans doute) : LA.
  9. Article de l'excellente Aurélie Haroche sur la sur médicalisation (ICI) et je me rends compte qu'elle cite Luc Perino qui a "pompé" mots pour mots un de mes billets de blog de 2014 (LA) concernant Jules Romain qui aurait "pompé" Proust : l'albumine mentale. J'ajoute que j'ai moi-même pompé Le dictionnaire amoureux de Proust (mais je l'ai cité). Donc, soit Luc Perino a une mémoire d'éléphant pour se rappeler l'albumine mentale, soit il a lu mon billet, soit il a lu les Enthoven mais il ne cite personne.
  10. Un article qui peut (et va) faire du bruit. Peter Goetzsche a analysé deux essais (LA) rapportant les effets dus à la vaccination Diphtérie/tetanos/polio dans des zones rurales africaines chez des nourrissons sur le critère mortalité globale. C'est renversant car on y apprend que ls données de l'OMS sont manipulées et que le mortalité globale ne varie pas. (Note 2)
  11. Je discute avec un juriste pendant les vacances et je comprends de nombreuses erreurs que je commets en médecine. Sur les conflits d'intérêts, sur la décision partagée. Selon lui (PA), qui se reconnaîtra, la décision partagée en médecine est d'une part une aporie et d'autre part une dérive juridique du droit anglo-saxon qui permet de déplacer la responsabilité des choix du médecin vers le patient.
  12. Le rôle du spin dans les revues leaders en psychologie et psychiatrie est aussi important qu'ailleurs (on se dit d'ailleurs que les spécialistes du spin sont les psys en général : on n'est jamais mieux servis que par soi-même : ICI.
  13. "Militer pour la science", un entretien à propos du livre de Sylvain Laurens qui retrace l'histoire des mouvements rationalistes : LA. Ce qui me permettra de consacrer un billet à : La médecine n'est pas une science.
  14. Les médecins invités à prescrire par l'industrie (cela s'appelle de la corruption) sont aussi invités à ne pas le dire : LAMore than four in ten British health professionals who take money from drug companies don't disclose those payments or say where the money came from. On s'en doutait un peu... 
  15. Au commencement de la crise des urgences certains urgentistes, dont le distingué Thomas Mesnier, avaient stigmatisé l'attitude générale des médecins généralistes (feignants, désorganisés, incompétents), et le rapport du distingué prétendu urgentiste avait proposé des horaires encore plus importants et des gardes encore plus nombreuses et obligatoires. La nouvelle doxa est celle-ci : les généralistes n'y sont pour rien, ce qui manque, c'est l'argent, le personnel et les lits d'amont. Ne vous réjouissez pas trop vite, amis MG, nous continuons à ne servir à rien dans ce système de soins qui va très bien sans nous et comme ce sont les mêmes qui nous font disparaître : tout baigne.
  16. La polémique avec les associations de patients (ou plutôt l'association des associations de patients) qui désiraient une sorte de MedAdvisor pour évaluer les médecins (voir ICI) a tourné court car elles ont prétendu que c'était plutôt SoinsAdvisor, c'est à dire évaluer les soins en fonction des recommandations et des consensus considérés comme neutres a priori. Mais le problème demeure ; ce qui s'est passé avec les opiacés est tout à fait démonstratif du rôle que l'on fait jouer aux associations mais ce n'est pas ici, c'est dans la patrie du libéralisme et du capitalisme triomphants, rien ne peu se passer ainsi en France. Retour sur un article de Vinay Prasad (je précise qu'il ne me verse pas d'argent, qu'il ne m'a pas promis un poste de porteur d'eau à Portland où il exerce et qu'il m'arrive de ne pas être d'accord avec lui...) paru en décembre 2018 sur les relations idéales entre les patients et l'EBM : 

    True Patient Advocates Must Be Students of Evidence-Based Medicine (ICI).

  17. On connaît en théorie la faible valeur explicative des études observationnelles mais on continue de les prendre en considération avec trop d'attention. On nous avait dit que les inhibiteurs de la pompe à protons pouvaient, lors d'une utilisation prolongée, entraîner de nombreux effets indésirables, ce qui avait conduit nombre de confrères à déprescrire (avec des résultats intéressants mais non démontrés) et, surtout à initier les prescriptions pour des temps courts en renseignant les patients. Or, un essai randomisé récent montre le contraire : ICI. Le problème vient de ce que l'étude a été sponsorisée par Bayer et que la liste des investigateurs ayant des conflits d'intérêts avec les firmes commercialisant les IPP est impressionnante. Donc : méfiance sur les premières informations et sur les réfutations ultérieures.
  18. La vitamine D à haute dose ne sert à rien chez les personnes en cas d'ostéoporose  saines et peut même entraîner une diminution de la densité osseuse (trois ans)  : ICI. (J'ai fait cette correction grâce à kyste et à son commentaire.)
  19. La relation sur twitter des grossesses de deux tweetteuses que j'aime beaucoup (qu'elles n'en prennent pas ombrage) m'ont confirmé dans l'idée simple et simpliste que la GPA pose des questions éthiques fondamentales qui, pour moi, sont indépassables. Nous y reviendrons.
  20. Vingt-cinq perles (vérités qui ont mis des siècles à être appliquées et mensonges que l'on nous a fait avaler) depuis 25 ans ! LA pour la première partie.
  21. Et l'aspect juridique des mensonges : un rapport décoiffant (ICI) sur les jugements concernant l'industrie pharmaceutique depuis 25 ans aux Etats-Unis d'Amérique. En 2015, date de publication du rapport, big pharma (voir la note 3 sur le caractère "complotiste" de l'utilisation de ces deux mots) a payé 35 milliards de dollars de pénalités !
  22. Le "problème" des certificats demandés par les assureurs au mépris des règles du secret médical n'est toujours pas résolu. Certes, le Conseil de l'Ordre des médecins a publié des documents ad hoc qui sont, en théorie, d'une grande clarté, mais ils laissent toujours le médecin isolé en son cabinet entre les desiderata des assureurs, l'anonymat le plus fréquent des médecins des assurances, la mauvaise foi de ces mêmes assureurs et l'incompréhension des patients. J'ai rédigé, avec l'aide de confrères, des documents afin de répondre aux demandes mais c'est une perte de temps et une détérioration de la relation médecins/malades...
  23. Un certain nombre de mentions sont faites relatant l'éventuelle dangerosité du vapotage. Comme toujours, en raison d'informations partielles et demandant à être confirmées/infirmées, il faut être circonspect et se poser la question simple du rapport bénéfices/risques par rapport au tabac (si l'on considère que le vapotage est un traitement de substitution et non un mode d'entrée pouvant se substituer d'emblée au tabac). J'avais demandé en 2013 d'être prudent : LA. Réflexion plus générale : en étant prudent on risque moins de se tromper (baclofène, vape, étude sprint...)
  24. Il y a encore plein de trucs...
  25. Rajout du 30/08/19 : Psychiatry defends its antipsychotics: a case Study  of institutional corruption : ICI.



Un des symboles du Québec : le dépanneur  (Montréal)




Notes 
  1. Selon les médecins libéraux (non au sens de l'exercice libérale la médecine, celui qui consiste à subir les contraintes de l'Etat sans profiter des avantages du mode libéral, mais au sens de l'acceptation aveugle et sourde de la loi d'airain du marché) il existe deux types de médecins résistants à la visite médicale : ceux qui ne la reçoivent pas et qui sont donc ignorants et mauvais par principe puisqu'ils ne sont pas immédiatement mis au courant des dernières innovations qui vont sauver la vie de leurs malades et qui leur font donc courir une perte de chance et ceux qui la reçoivent et ne sont pas influencés, écoutant d'une oreille distraite et critique, les argumentaires (pour les lacaniens, les argumenteurs), pour ne pas les appliquer. N'oublions pas non plus, mais ceux-là on les cache ouin ne les mêt pas en exergue, les non résistants, les compliants, les médecins libéraux (la CARMF, l'URSSAF, le secteur 2, le black) libéraux (voir supra la loi du marché) qui reçoivent la visite médicale et qui appliquent laborieusement ses préceptes au nom de la modernité...
  2. Je ne vous renvoie pas à tout ce que j'ai écrit sur le fait ou non d'émettre des critiques scientifiques sur les vaccins mais quand même : ICI. Je suis inquiet car les vaccinolâtres vont en profiter pour mettre en question tout ce que Peter Goetzche a écrit antérieurement, notamment sur le dépistage du cancer du sein et les psychotropes. Ajoutons que l'article ne fera finalement pas de bruit car la consigne sera de ne pas le commenter. La phrase à retenir de notre ami danois : les vaccins sont des médicaments comme les autres, il est donc possible de les évaluer.
  3. Il est vrai que pour les quidams lambda dont la culture médicale, politique, sociologique, littéraire, et j'en passe, passent par Wikipedia, la lecture de ce qui est dit sur ce media neutre et bienveillant, est édifiante : voir ICI pour ce trésor de bêtise.
    Donc, quand vous parlez de Big Pharma vous êtes complotiste. Il est possible de parler de lobbys mais de Big Pharma : non.
    En France.
    De nombreux auteurs anglo-saxons utilisent l'expression et sont des académiques de haute volée.
    Donc, Marc-André Gagnon RT (retweete) des articles complotistes comme celui-ci : LA.
    L'association français Formindep est complotiste quand elle RT un article montrant comment l'industrie des laits maternisés corrompt les pédiatres : LA.
L'homéopathie au Canada :


La réflexologie plantaire en Indonésie :


mardi 27 novembre 2018

Calendrier de l'avent des lectures médicales : Peter Gøtzsche. #3

Illich critiquait la contre-productivité du système de santé (voir LA) et McKeown, à l'inverse (voir ICI), magnifiait les résultats obtenus par le système de santé en relativisant, dans une perspective historique, les rôles respectifs de la médecine pure et dure et du reste (les progrès de l'hygiène, la sécurité alimentaire et les services de santé et de protection sociale).
Peter Gøtzsche dénonce lui le complexe santéo-industriel, qu'il appelle une mafia, et, surtout, les malversations, la corruption et les effets indésirables majeurs des procédures médicales.
Son éviction de la Cochrane (ICI) est la conséquence de ses prises de position scientifiques et politiques qui allaient à l'encontre du complexe santéo-industriel.

Le business de la santé aux US est plus important en chiffre d'affaires que big oil, big banking, et surtout que le si célèbre complexe militaro-industriel : les dépenses liées à ce dernier étaient évaluées en 2015 à 1,3 mille milliard de dollars contre 3,2 mille milliards de dollars pour les dépenses de santé 

Lire Gøtzsche est indispensable. La prescription de médicaments est la troisième cause de décès après les maladies cardiovasculaires et le cancer. il est allé regarder ce qui se passait.


Gøtzsche Peter. 2013 Deadly Medicines and Organised Crime. How big pharma has corrupted healthcare. London: Radcliff Publishing, 310 pp.

Il y a aussi la traduction française de Fernand Turcotte dans une édition canadienne que je n'ai pas lue   :






Vous pouvez aussi aller jeter un oeil sur son blog : LA.

Les 4 grands thèmes de Peter Gøtzsche sont : le sur diagnostic et le sur traitement, le dépistage organisé du cancer du sein ne sauve pas de vies, les données de sécurité et d'efficacité du Gardasil ne sont pas jugeables carde nombreux documents n'ont pas été rendus publics par les firmes pharmaceutiques, les anti dépresseurs, trop prescrits, sont dangereux chez les plus jeunes en augmentant le nombre de suicides.

PS du 4 novembre 2019 : une critique de son livre : ICI.


dimanche 16 septembre 2018

Peter Gøtzsche est viré de la Cochrane.

Peter Gøtzsche


Comme tout le monde je suis un lecteur (pas émérite) des articles de la Collaboration Cochrane. Comme tout le monde, ou presque, je retiens surtout les conclusions qui vont dans le sens de ce que je pense et j'oublie ou mets du temps à considérer (et à appliquer) celles qui remettent en cause mes habitudes (dans le style : ça a toujours marché, mon expérience personnelle est favorable, mes patients sont contents, et cetera, l'auto avis d'expert, et ne venez pas m'emmerder dans ma pratique).
Lecteur (pas émérite) de la revue Prescrire j'ai souvent critiqué la méthode Prescrire d'évaluation sur le site des Lecteurs Prescrire (pas l'endroit le plus empathique du monde à l'égard de ceux qui critiquent la revue Prescrire) dans la mesure où la méthodologie, hormis le bla bla sur la recherche méthodique de documentation sur les bases de données, n'était jamais précisée de façon claire (pondération de la pertinence des articles en particulier) en mettant en avant la plus grande clarté de la méthodologie Cochrane.

Patatra. On apprend que Peter Gøtzsche est viré du conseil de gouvernance de la collaboration Cochrane.

Comme le rappelait fort justement CMT dans un thread sur TWT (ICI), il suffit (excusez le ton suffisant) de chercher l'argent. Le financement de la collaboration Cochrane est privé. Donc, pour avoir de l'argent il faut ne pas dire du mal du privé. Même si l'histoire est celle-ci : ce sont les publications Cochrane qui rapportent de l'argent et qui achète les publications Cochrane, sinon BigPharma, quand elles sont favorables à ses produits ou quand elles permettent de les utiliser comme matériel de vente ?

Le communiqué de Peter Gøtzsche est empreint d'humilité, de désespérance et d'ambition : LA
A moral governance crisis: the growing lack of democratic collaboration and scientific pluralism in Cochrane
Une crise morale de la gouvernance : le manque grandissant de collaboration démocratique et de pluralisme scientifique chez Cochrane.

I regret to inform you that I have been expelled from membership in the Cochrane Collaboration by the favourable vote of 6 of the 13 members of the Governing Board. No clear reasoned justification has been given for my expulsion aside from accusing me of causing “disrepute” for the organization. This is the first time in 25 years that a member has been excluded from membership of Cochrane. This unprecedented action taken by a minority of the Governing Board is disproportionate and damaging to Cochrane, as well as to public health interests.

J'ai le regret de vous informer que j'ai été exclu de la Collaboration Cochrane par le vote favorable de 6 sur 13 des membres du conseil de gouvernance. Aucune justification claire et raisonnable n'a été donnée pour mon éviction à part le fait d'être accusé de causer de la déconsidération pour la Collaboration Cochrane. C'est la première fois en 25 ans qu'un membre est exclu de la communauté Cochrane. Cette action sans précédent prise par une minorité du conseil de gouvernance est disproportionnée et dommageable pour Cochrane, tout autant que pour les intérêts de la santé publique.

Peter Gøtzsche demande donc la dissolution du conseil de gouvernance et la tenue de nouvelles élections à la suite d'une argumentation rapportant combien les objectifs premiers de la collaboration ont été abandonnés et combien ce sont les objectifs commerciaux qui priment désormais. Il souligne que les termes "marques", "produits", "commerce" résument la communication de la gouvernance alors que la Cochrane  devrait être avant tout, selon lui, un réseau collaboratif ayant pour valeurs le partage, l'indépendance et l'ouverture.

Voici ce que disent les 4 démissionnaires qui ont suivi l'exclusion de Peter Gøtzsche : LA.

Leur conclusion : "It is our hope and deepest desire that this event will encourage all Cochrane members and the wider community to reflect upon where we currently find ourselves and give serious consideration to what we want for the future of Cochrane and its principles, objectives, and ethos. "

Les raisons supposées de l'exclusion de Peter Gøtzsche (pour en savoir plus sur lui, voir ICI) :

Les derniers faits connus de nous auxquels se réfère Peter Gøtzsche sont ceux de l'évaluation du vaccin anti papillomavirus par la Collaboration Cochrane. aurait mis de côté certains articles mais, surtout, aurait négligé le fait que les firmes ne leur auraient pas fourni tous les documents permettant cette évaluation et ne l'aurait pas signalé aux lecteurs.

La publication originelle de Cochrane peut être lue ICI  et date de mai 2018.

Elle a entraîné le déclenchement d'actions marketing dans le monde entier, les Key Opinion Leaders se sont déchaînés et les sites de propagande vaccinolâtre ont embrayé en demandant l'obligation vaccinale contre le papillomavirus pour les filles et les garçons.

Tom Jefferson


Trois auteurs, dont deux appartenant à Cochrane, Jørgensen L et Gøtzsche P, et un troisième, Jefferson T (Centre For Evidence Based Medicine in Oxford), bien connu pour avoir dénoncé les manipulations de Roche concernant le rapport bénéfices/risques du Tamiflu (voir LA : en notant qu'à l'époque Jefferson et Cochrane officiel étaient d'accord pour dénoncer des faits de tricherie et de dissimulation émanant de Roche qui ressemblent étrangement à ce qui est reproché à Cochrane désormais Canal Historique), publient un article virulent (ICI) dans le British Evidence-Based Medicine Journal qui met le feu aux poudres

Voici les reproches faits par les 3 auteurs à la revue Cochrane :
  1. Presque 50 % des essais éligibles n'ont pas été pris en compte (et notamment des essais concernant le gardasil 9) qui intéressaient 120 000 femmes) et parmi ceux pris en compte il existait des biais de reporting et de méthodologie. (Par ailleurs ces mêmes 3 auteurs avaient publié un listing des études à prendre en compte : ICI)
  2. Aucun essai inclus ne comportait un vrai bras placebo, les comparateurs étant l'aluminium et/ou le vaccin contre l'hépatite.
  3. Les critères de jugement pour évaluer la survenue du cancer du col étaient un composite de critères de substitution dont certains ne sont pas corrélés à la survenue d'un cancer du col.
  4. Les effets indésirables sévères et systémiques n'ont pas été évalués de façon correcte (données manquantes, données non intégrées à la synthèse finale, données non fournies par les industriels et non exigées...)
  5. Certains risques liés à l'administration du vaccin ont été mis de côté et l'évaluation a été faite à partir d'études de tolérance communautaires, patronnées par le WHO ou par l'EMA elles-mêmes fondées sur des données industrielles.
  6. Les conflits d'intérêts ont été négligés puisque tous les essais retenus ont été réalisés sur des fonds émanant des fabricants, 14 auteurs du premier protocole avaient des liens avec l'industrie des vaccins, sur les 4 auteurs principaux de la revue, 3 présentaient des conflits d'intérêts dans les 10 ans précédents et le premier auteur "currently leads EMA’s ‘post-marketing surveillance of HPV vaccination effects in non-Nordic member states of the European Union’, which is funded by Sanofi-Pasteur-MSD that was the co-manufacturer of Gardasil."  
Les 3 auteurs remarquent également que la recension de cette analyse par la presse médicale a été unanime dans les louanges sans la moindre critique, et sont ainsi d'accord avec les écrits de Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal, qui décrivaient cette presse médicale comme une extension marketing de l'industrie pharmaceutique.

La lecture complète de l'article est édifiante et on comprend que Cochrane n'ait pas aimé.


9 août 2018 : Bon résumé de la situation par Nigel Hawkes dans le BMJ :  LA

Voici la réponse circonstanciée de Cochrane : ICI.

Puis le BMJ Evidence-Based Medicine Journal répond à Cochrane et ne s'excuse pas : LA.

Puis Peter Gøtzsche est viré.

Un nouveau thread de CMT (@MartinFierro769) commentant les critiques des 3 auteurs : LA.

A suivre car il en est de l'indépendance critique de l'évaluation des soins au niveau international.

*****



Fil d'actualité concernant l'affaire (que vous retrouverez LA) :

15 septembre 2018 : un papier de Talha Burki dans Lancet.

16 septembre : article dans Stat par Adam Marcus et Ivan Oransky : La tourmente éclate après l'expulsion d'un membre du groupe leader de l'EBM. LA
16 septembre 2018 :
Sur le blog de Maryanne Demasi qui collabore avec Peter Gøtzsche : Cochrane ? - Un bateau en train de couler ? ICI
17 septembre 2018 :
Une réaction curieuse de Ray Moynihan : LA.
17 septembre : Trish Greenhalgh : Une voix discordante : ICI.

Le 17 septembre, le Cochrane's Governing Board s'explique sur l'exclusion :
This Board decision is not about freedom of speech.
It is not about scientific debate.
It is not about tolerance of dissent.
It is not about someone being unable to criticize a Cochrane Review.
It is about a long-term pattern of behaviour that we say is totally, and utterly, at variance with the principles and governance of the Cochrane Collaboration. This is about integrity, accountability and leadership.
Pour lire la suite :
ICI.

Le 17 septembre 2018 : un brûlot de Richard Smith défendant Peter Gøtzsche : LA.

Le 17 septembre 2018 :une réaction d'Inca Vesper dans Nature.

Le 18 septembre 2018 :un billet de Hilda Bastian dans Plos.

Le 19 septembre 2018 : un premier commentaire français par Hervé Maisonneuve. LA

Le 20 septembre 2018 : un nouveau thread de CMT : Il faut sauver le soldat Gøtzsche : ICI.

Le 20 septembre 2018 : un éditorial de Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ, intitulé "ReinvigoratingCochrane" : ICI.

Le 21 septembre 2018 : un article grand public de Stéphane Foucart : LA.

Le 21 septembre : un article grand public sur Peter Gøtzsche de Stéphane Foucart : ICI.

Le 22 septembre 2018 Abel Novoa, de No Gracias, écrit un article en espagnol (je vous mets la  version originale et la traduction en anglais) qui reprend tous les arguments des articles et des contributions précité.e.s. Le résumé est celui-ci ou le GIGO paradigme :


Que dit-il? Il prend partie pour Fiona Godlee et contre Hilda Bastian en reprenant les propos de la première,
“We must hope that Cochrane remembers its roots, and that it comes through this episode reinvigorated, independent, and committed to holding industry and academia to account.”

Et il conclut :
“Limiting the market and the growing power of organizational bureaucracies is not an ideological matter, but clearly a professional one. Interested accusations of ideologization against professional independence initiatives are putting patients and populations at risk in the name of particular interests.” 

********


Et voici en ce 23 septembre la réponse des trois auteurs qui ont mis le feu aux poudres : ICI pour le texte complet.

"Jørgensen, 1Gøtzsche and Jefferson  consider their analysis was appropriate and that the Cochrane editors substantially ignored several of their criticisms.".


"We did not “substantially overstate” (1) our criticisms of the Cochrane HPV vaccine review (2). The Cochrane editors substantially ignored several of our criticisms. The Cochrane HPV review is still incomplete and ignores important evidence of bias.
The Cochrane editors stated that “Some of the criticisms will inform the next version of this Cochrane Review and the planned review of comparative studies of HPV vaccines,” and that the editors “recognize public concerns about the aluminium-based adjuvants” (1).
The editors also stated that “reliance on the published reports in scientific journals may introduce bias due to incomplete and selective reporting” (1). We agree and remind the Cochrane editors that the Cochrane review on neuraminidase inhibitors substantially changed its conclusions after it got updated and became based on clinical study reports instead of journal publications (31).
With our analysis (2), we have contributed to a scientific debate in an area that is complex and biased. The Cochrane HPV review authors stated that they will make a “Request for non‐published available data” such as clinical study reports that “will be integrated in future updates of the review” (3). We can offer them these data, which we have used for our own systematic review that we have submitted for publication."
Nous n'avons pas "considérablement exagéré" nos critiques à l'égard de la revue Cochrane consacrée au vaccin HPV. Les éditeurs de Cochrane ont considérablement ignoré nombre de nos critiques. La revue Cochrane consacrée au vaccin HPV est encore incomplète et ignore d'importantes preuves de biais.
Les éditeurs ont affirmé que "Certaines des critiques seront prises en compte dans la prochaine version de la revue Cochrane et pour la revue prévue sur les études comparatives des vaccins HPV" et  qu'ils "reconnaissent les problèmes posés par les adjuvants à base d'aluminium".
Ils ont affirmé également que "la confiance sur les rapports publiés dans des journaux scientifiques peut introduire des biais liés à des rapports incomplets et sélectifs". Nous acquiesçons et nous rappelons aux éditeurs que la revue Cochrane sur les inhibiteurs de la neuraminidase a considérablement changé ses conclusions après qu'elle a pris en compte et fondé ses conclusions sur les rapports d'études cliniques et non sur les publications dans les revues.
Avec notre analyse nous avons contribué à un débat scientifique dans un domaine complexe et biaisé. Les auteurs de la revue Cochrane consacrée au vaccin HPV ont affirmé qu'ils feraient une "requête pour obtenir des données disponibles non publiées" comme des rapports d'études cliniques qui seront "intégrées dans les futures mises à jour de la revue". Nous pouvons leur fournir ces données que nous avons utilisées pour notre propre revue systématique que nous avons soumise à publication". 

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Un article paru le 24 septembre sur les défis liés à une interprétation indépendante des effets indésirables des vaccins HPV par Jorgensen, Doshi, Gotzche et Jefferson : LA.

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Peter Gøtzsche  est vraiment viré. Voir ICI le communiqué du Board de Cochrane.

Le dernier paragraphe est orwellien :

"We are committed to the highest standards of governance and to ensuring that Cochrane is a welcoming, open, dynamic organization, that lives up to its values, and has a working culture which attracts the best researchers, clinicians and others interested in healthcare evidence. We continue to lead and support the organization to deliver our Strategy to 2020, which aims to put Cochrane evidence at the heart of health decision-making all over the world."

Ainsi le Cochrane's Governing Board ne répond-il pas sur le fond (la mauvaise qualité de la revue sur les vaccins HPV pas plus que sur les liens d'intérêt) mais sur l'attitude de Peter Gøtzsche qui n'a pas respecté les critères de collégialité de l'organisation.

******

On peut se référer au blog de Peter Gøtzsche : ICI

Voici ce qu'il écrit le 26 septembre :

"Gøtzsche’s comments on Statement from Cochrane’s Governing Board about why his appeal was rejected. The Cochrane Governing Board – instead of providing a good example for others to follow – distorts the evidence, suppresses it, or lies about it. I have devoted 25 years of my life to Cochrane, including many evenings and weekends, and got elected to the Board with the most votes of the 11 candidates because I wanted to change Cochrane’s current direction of travel, which contradicts its fundamental values. I feel sadness for the thousands of unpaid volunteers who have worked tirelessly to create the wealth of Cochrane, only to be under the cloud of the current leadership. This must change. If not, the moral downfall will continue and Cochrane will wither."

Cette déclaration a été publiée le 27 septembre 2018 sur le site FaceBook de La Cochrane italienne (AssociALI) puis elle a disparu.

******
Le 28 septembre 2018 : l'appel de Peter Gøtzsche a été rejeté par Cochrane. 
une information de Nigel Hawkes dans le BMJ : ICI.

Fin de l'histoire ?

*****
Le 29 septembre, la Nordic Cochrane fait sécession.



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Quand Cochrane ne suit pas sa politique interne.


Désolé, mais pour une erreur technique de manipulation un certain nombre d'informations ont disparu du billet. J'essaie de réparer.

Pour l'instant : la suite :

Le 18 novembre : la lette de John Ioannidis à la ministre de la santé danoise. LA.

Letter from John Ioannidis to the Danish Minister of Health in defence of Peter Gøtzsche


Le 6 décembre John Ioannidis analyse avec brio la crise Cochrane :  ICI 

Le 15 décembre 2018 Peter Gøtzsche monte d'un ton : ICI.

My dismissal is scientific judicial murder.

It is a full-blown scandal that Rigshospitalet will dismiss me. It is a clear attack on both independent research and freedom of expression.

La suite : ICI

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Le 3 janvier 2019 : création d'un Institut libre par Peter Gøtzsche : LA

Peter C. Gøtzsche: Why we're establishing an institute for scientific freedom


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Un très bon papier dans le BMJ du 3 janvier 2019 : ICI

Has Cochrane lost its way?


Le 11 décembre, la direction Cochrane "reprend la main" et publie des directives.

Priorities for Cochrane in the coming months: a joint message from the Board and Council Co-Chairs



Un éditorial de John Ioannidis : LA.

Cochrane crisis: Secrecy, intolérance and evidence-based values.


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Le 2 février 2019 : Communiqué pour la parution du livre de

Peter Gøtzsche


Book: Gøtzsche PC. Death of a whistleblower and Cochrane's moral collapse
 
This book, released two days ago, gives readers access to secret recordings, which reveal how the Cochrane leadership betrayed the charity’s mission and values; misled millions of people about the facts; and trampled over all sorts of rules and agreements for charities and Cochrane in the process to get its way.  

I pull back the covers on this unscrupulous process. This is the fascinating story about institutional corruption in one of the world’s most venerated charities, the Cochrane Collaboration, which ultimately led to the worst show trial in academia you can imagine. 

There were three main reasons why I was expelled from Cochrane:

1. Although I was a democratically elected member of the Governing Board, Cochrane’s CEO, Mark Wilson, wanted me out not only from the board but from Cochrane because I had criticised his management.

2. My criticism of psychiatry and psychiatric drugs.

3. My criticism of the prestigious Cochrane HPV vaccine review, which my co-workers and I published in another scientific journal. 

Mark Wilson did not stop by having me expelled. He even succeeded to get me fired from my job in Denmark two days ago, although Cochrane’s own legal investigation showed I had done nothing wrong. Cochrane cannot survive without the altruistic contributions of thousands of volunteers. I have contributed a lot to Cochrane, including over 4 million Euros to software development. When the CEO can get people like me fired whose activities were paid for by a government in another country, it raises questions about whether this is an organisation you would want to belong to. 

I fought to uphold Cochrane’s original values of transparency, rigorous science, free scientific debates, and collaboration. But instead of maintaining scientific integrity, Cochrane’s CEO is consumed with managing the charity like a business, promoting its brand and products and demanding the censorship of dissenting views. This is detrimental to a scientific organisation and action is therefore needed. 

My book: Gøtzsche PC. Death of a whistleblower and Cochrane's moral collapse. Copenhagen: People’s Press; 2019, is an e-book that was released on 31 January. It can be bought on Amazon for £22,19:
https://www.amazon.co.uk/Death-whistleblower-Cochranes-moral-collapse-ebook/dp/B07N927GXC/ref=sr_1_15?s=books&ie=UTF8&qid=1549013946&sr=1-15&keywords=death+of+a+whistleblower

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Le 27 mars 2019

Une analyse de Robert Wolff sur la crise : ICI.

Cochrane Members for Change
I am also one of the 620 supporters of Cochrane Members for Change, a movement initiated by Jos Verbeek (Coordinating Editor, Cochrane Work), Gerd Antes (former Director, Cochrane Germany), Matteo Bruschettini (Director, Cochrane Sweden), Jani Ruotsalainen (Managing Editor, Cochrane Work), Chris Del Mar (Coordinating Editor, Cochrane Acute Respiratory Infections), Mark Jones (Centre for Research in Evidence-Based Practice (CREBP), Bond University, Australia), Caroline Struthers (UK EQUATOR Centre, University of Oxford), Lotty Hooft (Director, Cochrane Netherlands), Tianjing Li (Co-ordinating Editor, (US Satellite) Eyes and Vision), Gerald Gartlehner (Director, Cochrane Austria), Nicole Skoetz (Senior Editor, Cochrane Cancer), Barbara Nußbaumer-Streit (Associate Director, Cochrane Austria), Nancy Santesso (Deputy Director, Cochrane Canada), Philipp Dahm (Coordinating Editor, Cochrane Urology), Malgorzata Bala (Director, Cochrane Poland), and Jörg Meerpohl (Director, Cochrane Germany).
The initiative identified four major policy issues:
  1. Create a culture of open discussion,
  2. Refocus on the heart of Cochrane,
  3. Increase the involvement of Cochrane members, and
  4. Find a better business model for Cochrane.
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Octobre/décembre 2019


Peter Gøtzsche fait une mise au point sur son expulsion de la Cochrane : ICI. Et l'abstract

Abstract
On September 13, 2018, one of the founders of the Cochrane Collaboration was expelled from the organisation, by a narrow vote of 6 to 5. Many see this as a moral collapse in what was once a magnificent grassroots organisation, guided by ethical principles and helping people make better decisions about healthcare interventions.
I am that excommunicated person. I review here the essential issues leading to my expulsion, which occurred primarily because, in my capacity as a board member, I had challenged the CEO’s virtually total control over the board, his mismanagement of Cochrane, and the direction in which he was taking the organisation. My criticism of psychiatric drugs and the highly prestigious Cochrane review of HPV vaccines also played a role. Freedom of Information requests revealed that the CEO went well beyond his brief to demand my removal from the Nordic Cochrane Centre, resulting in my sacking.
Cochrane has become too close to industry and has introduced scientific censorship, which is detrimental for a scientific organisation. The board has announced a “zero tolerance” policy for repeated, serious bad behaviour. It would be beneficial if its CEO and board members applied this principle to themselves.
I also discuss a recent paper by Trisha Greenhalgh et al that
purported to have analysed the current Cochrane crisis in a disinterested fashion, which it did not. Instead of discussing the undeniable facts and the horrific abuses of power, TG consistently used positive terms about Cochrane and negative ones about me and my supporters.

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6 novembre 2019

Une critique du dernier livre 

Book review: Death of a whistleblower and Cochrane’s moral collapse

 de 

Peter Gøtzsche : ICI


A suivre


dimanche 15 juin 2014

De la Mafia du foot à la Mafia de la santé.


Vous avez deux types de grands intellectuels et, comme le disent les gens à la mode, ceux qui n'ont pas besoin d'éléments de langage pour être in the main stream, ceux qui s'interpellent eux-mêmes au niveau de leur vécu, c'est clivant, les grands intellectuels qui aiment le foot, qui aiment regarder le foot et qui, surtout, aiment être invités sur les plateaux de télévision ou de radio pour parler de foot en tant qu'écrivain, philosophe, historien, sociologue, cinéaste, graphomane, ou chanteur de variété, et les grands intellectuels qui n'aiment pas le foot, qui détestent le foot, qui trouvent que ça fait beauf, jackie, kéké, opium du peuple, salaires trop élevés et, last but not least, l'univers de la corruption, du fric et de la Mafia.
Le terme est lâché. 
Pour mécontenter tout le monde je dirais que j'ai toujours aimé le foot, le pratiquer mal, aller au stade avec mon père puis avec mes enfants,  l'écouter à la radio, ah, Georges Briquet, le regarder à la télévision, ah, Thierry Roland, que je suis bon public, abonné à Canal plus et à BeIn sport, mais, bien entendu, c'est évident, moi, le grand docteur du 16, je sais le regarder, je sais mettre de la distance, je sais contrôler mes émotions, mes commentaires, je ne regarde pas avec les copains, c'est un plaisir presque solitaire devant mon écran plat ou mon écran d'ordinateur, je regarde le foot en intellectuel et j'en parle même à mes patients qui en parlent beaucoup, mes patients qui ne votent pas, qui votent, qui sont contre la taxe Hollande à 75 %, car les jeunes du Val Fourré, les mâles, privés de l'ascenceur social de l'école républicaine (moi aussi je sais manier la novlangue comme un grand qui n'a fréquenté ni Sciences Po, ni l'ENA), n'ont qu'un seul rêve : devenir un riche sportif, mais, chut, n'en parlons pas, cela pourrait désespérer les purs, les droits, les qui considèrent que les rêves du peuple doivent passer par l'adhésion au rêve anti capitalisme qui rendra les gens meilleurs ou au rêve néo libéral qui rendra les gens meilleurs... Un riche sportif qui a le droit, grâce à ses dons et à ce qu'il gagne, d'en être fier et de ne pas trop donner à l'Etat qui n'a rien fait pour lui... Il y a donc les gens de droite qui sont contre la taxe à 75 % bien qu'ils trouvent indécents de tels revenus parce que ces footballeurs n'ont fait ni Polytechnique ni HEC et qu'ils sont le plus souvent bronzés, immigrés ou issus des classes "populaires", qu'ils ne savent pas ce qu'est une commode louis quinze ou un trumeau louis seize et qu'ils préfèrent le rap et Céline Dion à la énième interprétation de la Symphonie du Nouveau Monde et qu'ils gagnent plus d'argent que les traders à particules qui trafiquent sur les marchés financiers et des gens de gauche qui préfèreraient que les Indigènes de la République, au lieu de gagner de l'argent avec le génie de leur corps, lisent Frantz Fanon, Karl Marx, Aimé Césaire, Wilhelm Reich ou Pierre Bourdieu.
Ainsi, Finkielkraut est-il critiqué (à juste titre -- mais je pourrais écrire un billet là dessus pour aller au delà et en deçà de ses propos) quand il s'indigne de la couleur indigénique de l'équipe de France, ainsi l'extrême-droite et la droite sont-elles fustigées quand elles ne trouvent pas normal que l'on ne chante pas La Marseillaise (la suppression des hymnes nationaux rendrait les choses plus simples) mais on ne dit rien de la gauche et de l'extrême-gauche qui méprisent le foot-ball et ses joueurs, basanés ou non, fils de prolétaires ou non, parce qu'ils devraient faire autre chose et défendre leur classe, leur race, leur exploitation plutôt que d'être devenus, à l'insu de leur plein gré, des capitalistes arrogants et sans éducation...

Les données récentes de la littérature nous indiquent que le foot business est depuis longtemps sous la coupe d'intérêts mercantiles, d'intermédiaires douteux, de comptes dans des paradis fiscaux, de sociétés multinationales tentaculaires, de corruption généralisée, de concussion, de trafics d'influences, d'abus de biens sociaux, de dessous de table, de pots de vin, d'achats de votes, d'achats de politiciens, de trafics d'enfants, de dopage (mon oreillette me dit que le top du top néo libéral est de ne pas être contre le dopage, désolé, j'ai fait une erreur de main stream), de paris truqués, de corruption d'arbitres, et cetera, dans un contexte de patriotisme, de nationalisme, de mauvaise foi, et cetera.
Parenthèse.

Cela étant dit, je voudrais dire ceci : le but de Robin Van Persie contre l'Espagne est le modèle de ce que l'on peut faire de mieux dans la gestuelle corporelle humaine contemporaine (voir LA le but en video). Parlez-moi de gestuelle artistique en me citant Degas ou Bacon mais, dans notre monde, où trouver un geste si esthétique qui allie intelligence, règles de la physique, mécanique des fluides et mouvement brownien ? Aucune "performance" artistique n'atteint la cheville de cette phase de jeu. Van Persie, je ne le connais pas, il n'a lu ni Marx ni Rawls, mais il atteint au sublime et nul doute, on ne prête qu'aux riches, que Michel-Ange ou de Vinci en auraient fait des tonnes.
Donc, que les intellectuels intellectuels, que les donneurs de leçons de civisme, que les empêcheurs de tourner en rond, que les lanceurs d'alerte, que les détracteurs du sport spectacle, que les brillants pourfendeurs des inégalités sociales aillent lire Jacques Généreux, Jérôme Guedj, ou Clémentine Autain pendant que nous nous vautrons tels des décérébrés dans nos canapés en regardant des matchs de foot truqués avec des nullités surpayées, pas de morale surtout, ne nous emmerdez pas, nous sommes khons, nous assumons.

Pour ce qui est de la Mafia de la santé, je conseille aux professionnels de santé qui n'aiment pas le foot-ball car c'est une Mafia, de cesser toute activité, de boycotter les produits GSK, Pfizer, Sanofi-Aventis, Servier et consorts et de lire ceci :

Les données récentes de la littérature nous indiquent que la santé business est depuis longtemps sous la coupe d'intérêts mercantiles, d'intermédiaires douteux, de comptes dans des paradis fiscaux, de sociétés multinationales tentaculaires, de corruption généralisée, de concussion, de trafics d'influences, d'abus de biens sociaux, de dessous de table, de pots de vin, d'achats de votes, d'achats de politiciens, de trafics d'enfants, de dopage (mon oreillette me dit que le top du top néo libéral est de ne pas être contre le dopage, désolé, j'ai fait une erreur de main stream), de paris truqués, de corruption d'arbitres, d'études cliniques biaisées, de congrès pourris, d'enfants du tiers-monde inclus dans des essais à l'insu de leur plein gré, de trafics d'organes, de trafics de femmes, de conférences de consensus expert-mongerisées et disease-mongerisées, et cetera, dans un contexte de patriotisme, de nationalisme, de mauvaise foi,  d'incompétences et cetera.

Lire un peu : Gøetzche Peter. 2013, Deadly Medicines and Organised Crime: How Big Pharma has Corrupted Healthcare. Radcliffe.

Illustration (crédit) : ICI

jeudi 4 octobre 2012

Peter Götzsche versus le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (Organe central de désinformation sur le dépistage du cancer du sein).



J'ai assisté aujourd'hui à la remise des prix Prescrire (la Revue s'est impliquée, depuis 2006, dans la critique de la politique de dépistage organisé du cancer du sein en France comme dans le monde à partir des études de la littérature) et j'ai pu entendre, comme de nombreux participants, un exposé limpide de Peter Götzsche de la Cochrane Nordique, sur l'inutilité des programmes de dépistage pour faire baisser les mortalités spécifique et globale (ICI pour l'exposé et LA pour les diapositives).
Heureusement, les données que nous a fournies notre ami danois, et vous ne pouvez me voir rougir de confusion, je les ai déjà rapportées en différents posts de ce blog. Ce sont des données connues. Ce sont des données avérées. Mais le ton de l'orateur, sa connaissance du sujet et son français étonnant de simplicité ne pouvaient manquer de nous conforter dans ce que les partisans du dépistage appellent  nos croyances dans l'inutilité de ce dépistage.

Je voudrais rappeler trois points sur lesquels je n'ai pas assez insisté dans mes posts : Le dépistage organisé ne réduit pas le nombre de cancers métastasés ; le dépistage organisé ne réduit pas le nombre de mastectomies (et bien au contraire) ; le dépistage organisé ne réduit pas la mortalité par cancer.

La dernière parution du BEH (Bulletin Epidémiologique hebdomadaire) consacré aux résultats du dépistage du cancer du sein par mammographie (ICI) est, il est possible de faire plusieurs choix, une aberration, un scandale, une entreprise désespérée pour défendre le programme français de dépistage, la dernière khonnerie de Françoise Weber (avant, on choisit, sa démission ou son limogeage).
Nous savons depuis longtemps que l'InVS est une Agence Gouvernementale aux ordres de la DGS (Direction Générale de la Santé) ou du gouvernement (heu, c'est la même chose) ou du lobby santéo-industriel (c'est un néologisme) qui s'est illustré, entre autres, dans, par exemple (et vous excuserez mon manque d'exhaustivité) des articles rapportant la mortalité liée à la grippe et les bénéfices que la population pouvait tirer de la vaccination. Revenons à notre Agence Gouvernementale.
Elle a publié un numéro costaud. Le genre de pavé incontournable que l'on ne peut recevoir qu'en pleine figure. Et sans l'avoir lu. 
L'InVS, non content de publier des auteurs maisons et aux ordres, 
et je vous ai déjà entretenu de l'expert mongering (LA), procédé qui consiste en France et pour ce qui concerne les agences gouvernementales (il existe aussi un expert mongering lié à Big Pharma dont les modalités sont un peu différentes et que je vous ai déjà décrit), à embaucher de jeunes universitaires, parfois bardés de diplômes mais parfois copains du gars qui vu le gars, qui n'ont rien publié auparavant ou de vagues articles universitaires sans intérêt -- il suffit de jeter un oeil sur PubMed, ICI, et, promis, j'ai extrait le nom Exbrayat C au hasard --, et à leur faire publier des articles dans des revues maisons, sans regards extérieurs critiques, comme le BEH, qui prennent de la valeur ajoutée, c'est à dire qu'ils sont indexés dans les bases de données, parce qu'ils émanent d'une Agence Gouvernementale...
publie un texte de Stephen Duffy, éminent chercheur qui défend le dépistage depuis des années et très récemment encore (voir ICI un commentaire du BMJ de son article publié dans un supplément de revue J Med Screening 2012;19:suppl 1.), avec des analyses statistiques hypercomplexes et comprises de lui seul, très critiqué un peu partout dans le monde mais aussi en raison de ses conflits d'intérêt. Avouons cependant, et au delà de l'opinion que j'ai moi-même sur la question, que Duffy et Götzsche ne s'aiment pas beaucoup : voir LA un commentaire du second sur le premier.
Pour que l'on ne dise pas que je suis partial et que ce que je dis est malintentionné je voudrais vous donner les exemples suivants sur ce numéro du BEH :
  1. Je passe sur l'éditorial de Corinne Allioux qui est un plaidoyer pro domo, ce qui peut se concevoir comme figure de style habituelle dans une présentation, mais qui, bien entendu, élimine tout commentaire critique éventuel. Il est clair que ses fonctions (Présidente de l’Association des coordinateurs de dépistage (Acorde) ; médecin coordinateur de la structure de gestion de Loire-Atlantique) la rendent d'emblée pertinente pour développer une argumentation balancée. Mais Big Pharma a parfois plus de clairvoyance.
  2. Premier article qui est, pour le coup, un plaidoyer sans nuances pour le dépistage organisé français et dont les 4 signataires sont des membres de droit du Comité Central représentant la DGS (déjà citée), une association de dépistage, l'INCa et l'InVS. On y apprend, au détour d'un paragraphe dans ce qui devrait être une discussion mais qui n'est qu'un plaidoyer pour l'extension du dépistage à d'autres tranches d'âge, que la DGS a plusieurs fois interrogé la HAS ou ses enfants sur les possibilités d'extension ! Comme l'a dit Peter Götzsche au hasard d'une réponse : la santé publique n'est pas faite pour les malades mais pour ce qui pourra en être dit au Parlement.
  3. Le troisième article est de l'épidémiologie descriptive basique et l'on apprend, je cite,
    Les évolutions d’incidence observées reflètent probablement l’action com- binée de plusieurs facteurs (facteurs de risque, dépistage et techniques diagnostiques). Cependant, l’interprétation de ces données descriptives est complexe et doit rester prudente.. Sans rire, comme on dit dans le Canard Enchaîné.
  4. Article inintéressant, puisque non contradictoire, sur l'évaluation du programme de dépistage français entre 2004 et 2009, et rédigé par trois membres éminents de l'InVS. On n'est jamais mieux servis que par soi-même.
  5. Article écrit par ceux qui organisent le dépistage sur la spécificité et la sensibilité du programme : et que croyez-vous qu'il arrivât ? C'est génial !
  6. Article "extérieur" de Stephen Duffy et collaborateur. L'article dit en gros que le sur diagnostic peut être évalué à 10 % et que les bénéfices l'emportent sur les inconvénients. Rappelons ici que Bernard Junod à partir de données françaises (ICI) et Jorgesen et Götzsche (LA) à partir de données danoises évaluent le sur diagnostic à 50 % !
Bon, je m'arrête là, cela devient fastidieux, car il y a encore 3 articles qui tentent d'enfoncer le clou et qui, nonobstant le travail qu'ils ont dû générer, ne sont pas très intéressants.

Cette réunion organisée par Prescrire s'est aussi interrogée, par l'intermédiaire de certains de ses participants, et sans y répondre à ces questions : Doit-on tout arrêter maintenant ? Doit-on jeter le bébé avec l'eau du bain ? Comment les dépisteurs pourraient-ils faire pour renoncer sans perdre la face ? 
Il est possible que ce soit le paradigme lui-même qui soit en cause, la croyance en l'efficacité du dépistage et la croyance en la nécessité de "ne pas perdre de temps".

Je voudrais terminer sur une diapositive de Peter Götzsche qui résume les croyances des femmes (et je dirais des médecins hommes ou femmes) sur le dépistage du cancer du sein que l'on nous a serinées depuis des années, croyances que notre ami réfute et, parfois, malgré les faits, il arrive que certains d'entre nous résistent.
  1. Croyance 1 : Dépister tôt, c'est mieux. Les faits : En moyenne les femmes ont un cancer du sein qui évolue depuis 21 ans quand il atteint la taille de 10 mm.
  2. Croyance 2 : Il vaut mieux trouver une petite tumeur qu'une grosse. Les faits : Les tumeurs détectées par dépistage sont généralement peu agressives ; aucune réduction du nombre de tumeurs métastasées n'a été constatée dans les pays où le dépistage est organisé.
  3. Croyance 3 : En identifiant les tumeurs tôt un plus grand nombre de femmes éviteront la mastectomie. Les faits : Non, un plus grand nombre de femmes subiront une mastectomie.
  4. Croyance 4 : Le dépistage par mammographie sauve des vies. Les faits : Nous n'en savons rien et c'est peu probable, par exemple la mortalité par cancer est la même.
Et je vous résume ce que j'ai déjà publié ici et là (pardon pour ces redites) qui est tiré des travaux de la Collaboration Cochrane :

 "Pour 2000 femmes invitées au dépistage pendant dix ans, un décès dû au cancer du sein sera évité mais dix femmes en bonne santé seront surdiagnostiquées. Ce diagnostic par excès conduira à 6 tumorectomies inutiles et à 4 mastectomies non justifiées et placera 200 femmes dans une situation de troubles psychologiques liés aux investigations suivantes. Ainsi, le pourcentage de femmes survivantes à 10 ans sera de 90,2 % si elles ne se sont pas prêtées au dépistage et de 90,25 % dans le cas contraire."

(Illustration : Peter Götzsche)

PS du 14 octobre 2012. Peter Götzsche répond indirectement au BEH : ICI
PS du 22 novembre 2012 : un article du New England J of medicine fait le bilan de trente ans de dépistage du cancer du sein aux EU (LA) : With the assumption of a constant underlying disease burden, only 8 of the 122 additional early-stage cancers diagnosed were expected to progress to advanced disease.
PS du 29 novembre 2012. Une partie des réactions à l'article du Lancet sus-cité : LA