Affichage des articles dont le libellé est DECISION PARTAGEE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est DECISION PARTAGEE. Afficher tous les articles

samedi 2 mars 2024

Histoire de santé publique sans consultation. Prendre des notes. Le médecin et le plombier. 16

Jacques Chirac en train de signer un formulaire de consentement

1.

Une de mes connaissances, 64 ans, a de lourds problèmes de santé qui ne mettent pas en jeu son pronostic vital, elle m'en a fait part et j'ai pu consulter son dossier du moins les documents dont elle disposait. C'est un gros bordel.

Je suis effrayé par la prise en charge.

L'autre jour elle me téléphone pour me dire qu'elle a rencontré un chirurgien (celui que je ne lui avais pas conseillé mais qui lui avait chaudement été recommandé par son médecin traitant pour des raisons qui tiennent à la fois, sans ordre, à la confraternité, au compérage, aux idées politiques, aux idées religieuses et aux idées sociétales) qui lui a expliqué ce qu'il allait lui faire.

Elle : Je n'ai pas tout compris.
Moi : Ah ? ....
Elle : C'était compliqué. Il m'a quand même fait un dessin. Alors, qu'en penses-tu ?
Moi : Heu. 
(je connais le dossier mais je ne connais pas bien les techniques chirurgicales possibles à la mode pour ce genre de lésion.)
Elle : Bah, je lui fais confiance, il m'a bien reçue. En revanche il m'a fait signer un truc, genre formulaire de consentement (1), c'est impressionnant le nombre de complications qu'il peut y avoir. Le document était épais. J'ai failli renoncer...

Il y a un dépassement. Conséquent.

Pour le prix du dépassement il aurait quand même pu s'assurer qu'elle avait compris ce qu'il allait lui faire.

(1) Petite incidente : ne croyez en aucun cas que ce genre de document est un progrès dans les relations entre soignants et soignés, il s'agit surtout d'une démarche juridique de la part du soignant (dans le style, "vous avez signé, je vous avais signalé les potentielles complications, bla-bla-bla"). Cela s'appelle aussi consentement "libre et éclairé", deux adjectifs, deux mensonges. Notons au passage que la fameuse décision partagée entre soignant et soigné est aussi une décharge de responsabilité de la part du soignant (ça vient des pays anglo-saxons où les avocats sont très procéduriers...)


Les détails du consentement éclairé

2.

Il y a quelques mois, dans mon appartement sis au troisième et dernier étage, j'ai dû faire changer deux robinets de colonnes, l'un pour l'eau froide, l'un pour l'eau chaude.

Les robinets de colonnes permettent, en cas de fuite et à titre préventif lorsque vous partez en vacances, d'empêcher l'arrivée d'eau dans les appartements. Les robinets fonctionnaient mais n'étaient pas étanches. (2)

J'ai donc demandé un devis à deux sociétés de plomberie que je connaissais déjà. 

Un commercial est venu pour la société 1 et le patron pour la société 2.

Le devis était de + 80 % pour la société 1 par rapport à la société 2.

Ce qui est curieux c'est que la dernière fois que j'ai fait un devis de plomberie la société 1 était beaucoup moins chère (je ne me rappelle pas les pourcentages) que la société 2.

Faites faire des devis. Même quand vous connaissez quelqu'un.

Quoi qu'il en soit : le plombier vient changer les robinets. 

J'avais pris la précaution de repérer à la cave les vannes correspondant aux deux colonnes sur lesquelles les changements de robinet allaient être effectués. 

Je sens qu'il trainaille pour ne pas montrer qu'il aurait pu faire le boulot en deux fois dix minutes (il avait compté une heure de main d'oeuvre, tout heure entamée bla-bla...) (3)

Je demande au plombier s'il n'a pas besoin de purger et il me répond, agacé, "au dernier étage, c'est pas la peine..."

Une fois que l'opération est terminée le plombier m'explique longuement (il trainaille encore) comment il faut procéder pour que les robinets ne s'encrassent pas, comment il ne faut pas les fermer à fond ou les ouvrir à fond en une seule fois, il me donne des instructions précises et circonstanciées. Je ne me rappelle plus rien.

  • Parce que je n'ai pas pris de notes
  • Parce que le plombier ne m'a pas laissé de traces écrites
  • Parce que je pensais avoir compris : cela tombait tellement sur le bon sens en l'écoutant parler.

(2) Les contrats d'assurance dégâts des eaux sont différents selon les assureurs : si vous partez en vacances plus de 3 ou 7 jours sans avoir bloqué les colonnes vous pourriez n'être remboursés qu'à 50 % des dégâts occasionnés.
(3) J'avais téléphoné à la société 1 pour savoir pourquoi, eux, avaient compté 2 heures de main d'oeuvre et la personne que j'avais eue au téléphone m'avait dit qu'il fallait compter le temps de purge.


Toujours prendre des notes : chez le médecin, avec le plombier.


3. Quel est le rapport entre les robinets, la médecine et la santé publique ? 

Ceci :

  • Les personnes qui prennent des notes en consultation sur ce que disent les médecins sont rares
  • Rarissimes
  • Et c'est en général mal vu (des médecins) : je ne dirais pas ce que certains médecins disent (4)
  • Les médecins qui conseillent aux personnes qui les consultent de prendre des notes sont rares
  • Rarissimes
  • Les médecins qui écrivent des conseils aux personnes qui les consultent en leur remettant quelque chose écrit de leurs mains ou, a minima, un document, sont rares
  • C'est dommage
  • Il arrive que des médecins fournissent des documents écrits ou à récupérer sur des sites, rédigés par des sociétés savantes, des associations de malades, documents que les médecins n'ont souvent pas vraiment lus.
  • Quand vous allez chez votre médecin prenez des notes et relisez-les quand vous revenez chez vous.

(4) Ce sont des neuneus, des enseignants, des bas QI, des profs de maths, des MGEN et autres gentillesses...


dimanche 11 décembre 2022

Bilan médical de la semaine du lundi 5 au dimanche 11 décembre 2022 : décision partagée, streptotest, covid enfants (décès, PIMS, diabète), Hype, ménopause, anti-émétiques, la SANTE, accès direct aux spécialistes d'organes en ville...

 

John Cassavetes (1929 - 1989)

1. La décision partagée : une aporie pour une majorité de médecins.

voir le papier : ICI

La complexité de la démarche (voir le tableau 1), le temps qu'il faut consacrer pour expliquer le processus, faire adhérer le patient, franchir tous les obstacles, et, surtout, la perte de "pouvoir" du médecin que cela implique (sans compter la connaissance de l'EBM et de l'expérience externe - la littérature) rendent cette décision partagée au-delà de toute compréhension et de praticité pour la majorité des médecins.

C'est pas pour demain.

Et les cabines de télé consultation ne semblent pas favoriser cette démarche.

Il existe bien entendu d'autres façons, plus simples, d'aborder la décision partagée dans le cadre ou non de l'EBM.

Les juristes non médecins connaissent cette démarche dans leur spécialité et avancent l'idée cynique qu'il s'agit, la décision partagée, d'un moyen pour les médecins de se défausser de leurs responsabilités.



Félix Vallotton


2. Faut-il rechercher du streptocoque en cas d'angine ?

Il y a bien entendu plusieurs catégories de médecins en cas de diagnostic d'angine "blanche" ou "rouge":

  • Ceux qui prescrivent un antibiotique d'emblée (nous n'insisterons pas sur les sous-groupes qui prescrivent antibiotiques + AINS et/ou antibiotiques + corticothérapie) : l'enfer leur est promis
  • Ceux qui évaluent à la louche la présence de streptocoques du groupe A dans la gorge en évaluant le score de Mac Isaac (LA) : purgatoire
  • Ceux qui pratiquent systématiquement, le plus souvent, souvent, pas très souvent, un test de détection rapide du streptocoque A (alias TROD, test rapide d'orientation diagnostique) : paradis promis avec beaucoup de marguerites sur le tombeau
  • Ceux qui n'en ont rien à cirer et qui ne prescrivent jamais (sauf exceptions) d'antibiotiques en cas d'angine blanche ou rouge ou mixte.

Intéressons-nous à cette dernière catégorie.

Attention : un certain nombre de ZéroCovidistes pourraient traiter cette conduite d'eugénisme caractérisé.

Les Britanniques ont fait des calculs.


ICI

Un MG sur 350 verra une infection invasive par streptocoque A par an.



3. La morbi-mortalité des enfants et des adolescents due au Covid.

Trop c'est toujours trop.

Mais voilà : on espère sans y croire que tous les sites de FabriquedelaPeur (Fear Mongering) reviendront sur les chiffres tonitruants et inquiétants qu'ils ne cessent de produire et de mettre en avant.

Les données de Santé Publique France, ICI (alors, on peut dire ceci pour être dans la ligne éditoriale de ce blog, que cette agence gouvernementale est, comme son nom l'indique, gouvernementale, et que donc, la minimisation du nombre des décès alimente l'auto-satisfaction gouvernementale), sont très loin de ce que l'on nous annonçait.

Mais : trop c'est toujours trop.

Les décès avec lien possible avec le covid depuis le début de la pandémie.




Pour 93 décès investigués (sur les 118 enregistrés) dans 40 cas la causalité a été retenue (43 %) dont 35 présentaient des comorbidités très sévères.

Le dernier paragraphe est très important : "L'analyse des données de mortalité toutes causes confondues ne montre aucun excès de mortalité chez les moins de 15 ans en 2020, 2021 et 2022 (jusqu'à semaine 46)."

Les syndromes multi inflammatoires systémiques (PIMS)





C'est trop mais mieux que prévu par les fausses Cassandre.





4. Le covid n'entraîne pas de diabète de type 1 chez les enfants danois

Les professionnels de la peur, FearMongers, Martine Mounier, Ecoles oubliées, David Simard, et autres qui se reconnaîtront devraient lire ce papier.

Voir LA

Les Danois travaillent sur des registres bien tenus.




5. Le hype n'est pas réservé à Big Pharma : @nousaerons s'en charge 

Dans la catégorie Cueilleuse de cerises (cherry-picker) l'association @nousaerons est coutumière du fait mais, là, on est dans le sublime. 


Résumons : 

  1. Pré print
  2. Abstract
  3. Etude acceptée en 24 jours
  4. Etude épidémiologique rétrospective cas-témoins avec déséquilibre évident des groupes de comparaison.
  5. On attend la méthodologie pour commenter vraiment
  6. PS du 13/12/22 : LA


6. Du hype vaccinal : à propos d'une étude.

On se résume. Les vaccinolâtres sont des purs. 

  • Toute étude publiée qui raconte l'histoire des vaccins est de bonne qualité
  • Toute personne qui critique une étude publiée sur la vaccins est un antivaxx
  • Toute critique sur une étude publiée sur l'efficacité des vaccins explique pourquoi la France est en retard pour les vaccinations
  • Pour l'hypertension, les gouttes dans le nez ou le traitement des myélomes : vous pouvez y aller, vous ne serez pas "traité"
Dernier point (faut le redire, ça ne mange pas de pain, faut toujours se justifier et plus les justifications sont répétées et plus le doute s'installe, j'ai 70 ans -- les vaccinolâtres âgistes sont à l'affût, je n'ai aucun facteur de risque, je suis quadrivacciné contre le covid, vacciné cette année contre la grippe, j'ai aussi attrapé le covid entre les injections 3 et 4 au moment où j'étais le moins exposé pour l'attraper...), je serais tellement content qu'une étude de qualité, c'est à dire contrôlée, clustérisée, effectuée dans des conditions de qualité optimale soit top de chez top, mais l'étude (LA) commentée par l'excellent Stéphane Korsia-Meffre sur le site Vidal (LA), il n'oublie pas de rapporter les limites de l'essai, n'est pas, selon la classification non validée de ce blog, de la merdre en barre, mais presque. Rappelons également que l'étude est publiée par Mortalité and Morbidité Weekly Report dont on peut affirmer qu'en période covid la qualité des publications a beaucoup baissé (c'est un euphémisme), à moins bien entendu que l'ont ait surévalué la qualité des publications antérieures de cette revue émanant des CDC états-uniens.




7. Les femmes veulent des informations indépendantes et de haute qualité sur la ménopause.

Voir ICI

Notre collègue écossaise Margaret McCartney ne mâche pas ses mots concernant le traitement ou les traitements de la ménopause.

Cette idiote veut des preuves. Elle veut des études contrôlées de bonne qualité. Elle ne veut pas de charlatanisme, elle refuse la corruption.

Elle a lu le communiqué de presse (LA) d'un rapport gouvernemental (ICI) issu de l'AAPG Ménopause (All-Party Parliamentary Group on Menopause) et elle s'inquiète 

  • du fait que Bristol Myers Squib et Astellas Pharma soient les sponsors et que nulle part dans la presse cela n'est mentionné
  • du fait que le rapport demande un dépistage de la ménopause entre 45 et 50 ans chez toutes les femmes sans prendre en compte le fait que cela puisse aboutir à un traitement, à de l'inquiétude ou à des effets délétères
  • du fait qu'en 2 ans les prescriptions d'hormonothérapie substitutive ont augmenté de 35 %
  • du fait que la prescription de testostérone est recommandée par le rapport sans preuves cliniques et, de toute, façon, hors AMM
Lisez l'article, ce n'est pas la peine que je continue à paraphraser la très belle argumentation de notre Scottish GP.




8. Utiliser les anti-émétiques ?

Une recommandation de l'HAS : LA.


Je boycotte le foot, pas le rugby



9. Non, la santé n'appartient pas qu'aux médecins



ICI un fil twitter.

La définition de la santé est un problème majeur, souvent référencé, rarement compris, volontairement incompris.

J'ai déjà développé cela 100 fois.

Je rappelle la définition de la santé donnée par l'OMS en 1946 :

«La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité»

10. Bannir l'accès direct aux spécialistes libéraux non MG

L'accès direct des citoyens aux spécialistes libéraux est une aberration dans la majorité des cas.

Voir mon fil twitter LA

L'accès direct aux spécialistes d'organes en ville : 

1) dévalorise leur rôle (examiner des patients non malades), 
2) diminue la Valeur Prédictive Positive qui facilite leurs diagnostics, 
3) engorge leurs consultations et allonge les délais d'accès aux soins, 
4) ne soulage pas l'hôpital de consultations inutiles, 
5) est lié à la dévalorisation de l'acte de médecine générale, 
6) liée elle-même à l'auto-dévalorisation des MG et du contenu de leur consultation.
7) Prenons des exemples en ville :
a) les pédiatres qui pèsent, mesurent et vaccinent des enfants en bonne santé sont inutiles , 
b) les cardiologues qui pratiquent des bilans de santé chez des adultes jeunes sans FDR sont inutiles, 
c) les dermatologues qui suivent des acnés banales sont inutiles, bla-bla-bla
8) les syndicats polycatégoriels libéraux ne peuvent aborder le sujet de l'accès direct qui est une aberration quand l'hôpital est en surchauffe.

Tout cela se discute, bien entendu.



11. Victoire de l'intelligence artificielle au Qatar

from @sergiouribe



mercredi 28 août 2019

Ce que l'on peut partiellement retenir de juillet et d'août d'un point de vue médical.

Bali : rizières de Jatiluwih (photo personnelle)

C'est un pêle-mêle non exhaustif :
  1. Il n'est pas nécessaire d'indiquer le nombre de séances lors de prescriptions de kinésithérapie : voir ICI. J'ajoute qu'à Mantes et dans son territoire (chic, non ?) les patients reviennent non seulement pour que je prescrive le nombre de séances (j'avais tenté de faire ce que me disait twitter) mais pour les "renouveler". On m'a déjà dit, c'était l'extrême-droite, que le Val Fourré, c'est pas la France, les patients et les kinésithérapeutes doivent avoir un profil particulier.
  2. Les visiteurs médicaux manipulent les médecins (enfin, les mauvais médecins, ceux qui ne savent pas résister aux sirènes des visiteurs médicaux même quand ils sont formés par des Key Opinions Leaders, tout en sachant que les vrais mauvais médecins sont ceux qui ne reçoivent pas les visiteurs médicaux) : voir un article canadien (qui est, selon *** un article d'inspiration complotiste puisqu'il prête des mauvaises intentions délibérées aux laboratoires pharmaceutiques et à leurs salariés) : LA. (Note 1)
  3. Pour faire sens : la crise des opiacés est un exemple en grandeur réelle de ce qu'est la philanthropie humaniste de l'industrie pharmaceutique si elle mêle appât du gain, disparition de l'éthique et hédonisme contemporain. Un entretien avec Richard Sackler de Purdue Pharma : banal ? LA
  4. The Australian Heart Fondation accepte de l'argent de n'importe qui, pas seulement de l'industrie pharmaceutique (on ne peut pas faire autrement, hein ?) mais aussi de la Junk Food Industry. ICI. Tout le monde ou presque s'en fout.
  5. La FDA, l'agence gouvernementale la plus connue dans le monde (on me dit que les fonctionnaires français de l'Agence du Médicament émettent des protestations mezzo voce), permet la commercialisation de molécules qui n'ont pas fait la preuve de leur efficacité ou sur des critères non pertinents acceptés pourtant par les experts de la dite agence gouvernementale en exigeant des études post marketing (après commercialisation) pour confirmer/infirmer le rapport efficacité/tolérance des dites molécules, études qui ne sont soit jamais menées soit menées sur des critères tout aussi impertinents que les précédents : voir (encore) un article canadien ICI.
  6. Les méthodes de la FDA contestées pour la mise sur le marché des médicaments anti cancéreux. Les experts confirment et rien ne changera : ICI. Cela suit en Europe (EMA) et en France. Les oncologues en roue libre. Et merci à F Maisonneuve pour son blog qui se radicalise avec le temps, tant sa prudence initiale est bousculée par les faits.
  7. Combien se faire payer en EHPAD à budget global ? Richard Talbot est un vulgarisateur hors pair de l'enfer administratif. A lire urgemment : LA.
  8. Il existe une liste d'experts indépendants (sans liens/conflits d'intérêts) aux EU d'Amérique que l'agence gouvernementale FDA n'utilise pas (cela pourrait être risqué pour l'obtention d'une AMM, sans doute) : LA.
  9. Article de l'excellente Aurélie Haroche sur la sur médicalisation (ICI) et je me rends compte qu'elle cite Luc Perino qui a "pompé" mots pour mots un de mes billets de blog de 2014 (LA) concernant Jules Romain qui aurait "pompé" Proust : l'albumine mentale. J'ajoute que j'ai moi-même pompé Le dictionnaire amoureux de Proust (mais je l'ai cité). Donc, soit Luc Perino a une mémoire d'éléphant pour se rappeler l'albumine mentale, soit il a lu mon billet, soit il a lu les Enthoven mais il ne cite personne.
  10. Un article qui peut (et va) faire du bruit. Peter Goetzsche a analysé deux essais (LA) rapportant les effets dus à la vaccination Diphtérie/tetanos/polio dans des zones rurales africaines chez des nourrissons sur le critère mortalité globale. C'est renversant car on y apprend que ls données de l'OMS sont manipulées et que le mortalité globale ne varie pas. (Note 2)
  11. Je discute avec un juriste pendant les vacances et je comprends de nombreuses erreurs que je commets en médecine. Sur les conflits d'intérêts, sur la décision partagée. Selon lui (PA), qui se reconnaîtra, la décision partagée en médecine est d'une part une aporie et d'autre part une dérive juridique du droit anglo-saxon qui permet de déplacer la responsabilité des choix du médecin vers le patient.
  12. Le rôle du spin dans les revues leaders en psychologie et psychiatrie est aussi important qu'ailleurs (on se dit d'ailleurs que les spécialistes du spin sont les psys en général : on n'est jamais mieux servis que par soi-même : ICI.
  13. "Militer pour la science", un entretien à propos du livre de Sylvain Laurens qui retrace l'histoire des mouvements rationalistes : LA. Ce qui me permettra de consacrer un billet à : La médecine n'est pas une science.
  14. Les médecins invités à prescrire par l'industrie (cela s'appelle de la corruption) sont aussi invités à ne pas le dire : LAMore than four in ten British health professionals who take money from drug companies don't disclose those payments or say where the money came from. On s'en doutait un peu... 
  15. Au commencement de la crise des urgences certains urgentistes, dont le distingué Thomas Mesnier, avaient stigmatisé l'attitude générale des médecins généralistes (feignants, désorganisés, incompétents), et le rapport du distingué prétendu urgentiste avait proposé des horaires encore plus importants et des gardes encore plus nombreuses et obligatoires. La nouvelle doxa est celle-ci : les généralistes n'y sont pour rien, ce qui manque, c'est l'argent, le personnel et les lits d'amont. Ne vous réjouissez pas trop vite, amis MG, nous continuons à ne servir à rien dans ce système de soins qui va très bien sans nous et comme ce sont les mêmes qui nous font disparaître : tout baigne.
  16. La polémique avec les associations de patients (ou plutôt l'association des associations de patients) qui désiraient une sorte de MedAdvisor pour évaluer les médecins (voir ICI) a tourné court car elles ont prétendu que c'était plutôt SoinsAdvisor, c'est à dire évaluer les soins en fonction des recommandations et des consensus considérés comme neutres a priori. Mais le problème demeure ; ce qui s'est passé avec les opiacés est tout à fait démonstratif du rôle que l'on fait jouer aux associations mais ce n'est pas ici, c'est dans la patrie du libéralisme et du capitalisme triomphants, rien ne peu se passer ainsi en France. Retour sur un article de Vinay Prasad (je précise qu'il ne me verse pas d'argent, qu'il ne m'a pas promis un poste de porteur d'eau à Portland où il exerce et qu'il m'arrive de ne pas être d'accord avec lui...) paru en décembre 2018 sur les relations idéales entre les patients et l'EBM : 

    True Patient Advocates Must Be Students of Evidence-Based Medicine (ICI).

  17. On connaît en théorie la faible valeur explicative des études observationnelles mais on continue de les prendre en considération avec trop d'attention. On nous avait dit que les inhibiteurs de la pompe à protons pouvaient, lors d'une utilisation prolongée, entraîner de nombreux effets indésirables, ce qui avait conduit nombre de confrères à déprescrire (avec des résultats intéressants mais non démontrés) et, surtout à initier les prescriptions pour des temps courts en renseignant les patients. Or, un essai randomisé récent montre le contraire : ICI. Le problème vient de ce que l'étude a été sponsorisée par Bayer et que la liste des investigateurs ayant des conflits d'intérêts avec les firmes commercialisant les IPP est impressionnante. Donc : méfiance sur les premières informations et sur les réfutations ultérieures.
  18. La vitamine D à haute dose ne sert à rien chez les personnes en cas d'ostéoporose  saines et peut même entraîner une diminution de la densité osseuse (trois ans)  : ICI. (J'ai fait cette correction grâce à kyste et à son commentaire.)
  19. La relation sur twitter des grossesses de deux tweetteuses que j'aime beaucoup (qu'elles n'en prennent pas ombrage) m'ont confirmé dans l'idée simple et simpliste que la GPA pose des questions éthiques fondamentales qui, pour moi, sont indépassables. Nous y reviendrons.
  20. Vingt-cinq perles (vérités qui ont mis des siècles à être appliquées et mensonges que l'on nous a fait avaler) depuis 25 ans ! LA pour la première partie.
  21. Et l'aspect juridique des mensonges : un rapport décoiffant (ICI) sur les jugements concernant l'industrie pharmaceutique depuis 25 ans aux Etats-Unis d'Amérique. En 2015, date de publication du rapport, big pharma (voir la note 3 sur le caractère "complotiste" de l'utilisation de ces deux mots) a payé 35 milliards de dollars de pénalités !
  22. Le "problème" des certificats demandés par les assureurs au mépris des règles du secret médical n'est toujours pas résolu. Certes, le Conseil de l'Ordre des médecins a publié des documents ad hoc qui sont, en théorie, d'une grande clarté, mais ils laissent toujours le médecin isolé en son cabinet entre les desiderata des assureurs, l'anonymat le plus fréquent des médecins des assurances, la mauvaise foi de ces mêmes assureurs et l'incompréhension des patients. J'ai rédigé, avec l'aide de confrères, des documents afin de répondre aux demandes mais c'est une perte de temps et une détérioration de la relation médecins/malades...
  23. Un certain nombre de mentions sont faites relatant l'éventuelle dangerosité du vapotage. Comme toujours, en raison d'informations partielles et demandant à être confirmées/infirmées, il faut être circonspect et se poser la question simple du rapport bénéfices/risques par rapport au tabac (si l'on considère que le vapotage est un traitement de substitution et non un mode d'entrée pouvant se substituer d'emblée au tabac). J'avais demandé en 2013 d'être prudent : LA. Réflexion plus générale : en étant prudent on risque moins de se tromper (baclofène, vape, étude sprint...)
  24. Il y a encore plein de trucs...
  25. Rajout du 30/08/19 : Psychiatry defends its antipsychotics: a case Study  of institutional corruption : ICI.



Un des symboles du Québec : le dépanneur  (Montréal)




Notes 
  1. Selon les médecins libéraux (non au sens de l'exercice libérale la médecine, celui qui consiste à subir les contraintes de l'Etat sans profiter des avantages du mode libéral, mais au sens de l'acceptation aveugle et sourde de la loi d'airain du marché) il existe deux types de médecins résistants à la visite médicale : ceux qui ne la reçoivent pas et qui sont donc ignorants et mauvais par principe puisqu'ils ne sont pas immédiatement mis au courant des dernières innovations qui vont sauver la vie de leurs malades et qui leur font donc courir une perte de chance et ceux qui la reçoivent et ne sont pas influencés, écoutant d'une oreille distraite et critique, les argumentaires (pour les lacaniens, les argumenteurs), pour ne pas les appliquer. N'oublions pas non plus, mais ceux-là on les cache ouin ne les mêt pas en exergue, les non résistants, les compliants, les médecins libéraux (la CARMF, l'URSSAF, le secteur 2, le black) libéraux (voir supra la loi du marché) qui reçoivent la visite médicale et qui appliquent laborieusement ses préceptes au nom de la modernité...
  2. Je ne vous renvoie pas à tout ce que j'ai écrit sur le fait ou non d'émettre des critiques scientifiques sur les vaccins mais quand même : ICI. Je suis inquiet car les vaccinolâtres vont en profiter pour mettre en question tout ce que Peter Goetzche a écrit antérieurement, notamment sur le dépistage du cancer du sein et les psychotropes. Ajoutons que l'article ne fera finalement pas de bruit car la consigne sera de ne pas le commenter. La phrase à retenir de notre ami danois : les vaccins sont des médicaments comme les autres, il est donc possible de les évaluer.
  3. Il est vrai que pour les quidams lambda dont la culture médicale, politique, sociologique, littéraire, et j'en passe, passent par Wikipedia, la lecture de ce qui est dit sur ce media neutre et bienveillant, est édifiante : voir ICI pour ce trésor de bêtise.
    Donc, quand vous parlez de Big Pharma vous êtes complotiste. Il est possible de parler de lobbys mais de Big Pharma : non.
    En France.
    De nombreux auteurs anglo-saxons utilisent l'expression et sont des académiques de haute volée.
    Donc, Marc-André Gagnon RT (retweete) des articles complotistes comme celui-ci : LA.
    L'association français Formindep est complotiste quand elle RT un article montrant comment l'industrie des laits maternisés corrompt les pédiatres : LA.
L'homéopathie au Canada :


La réflexologie plantaire en Indonésie :


jeudi 23 mars 2017

Dépistage du cancer du colon : c'est au citoyen de décider.


Le dernier billet de Dominique Dupagne, le champion de la médecine participative (i.e. collaborative, i.e. de l'intelligence collective), dit, me semble-t-il, la médecine ICI d'une façon mandarinale ou plutôt dit le dépistage organisé du cancer colorectal par la pratique de la détection de sang fécal d'une façon curieuse (Je suis convaincu que les inconvénients de ce test pèsent peu face au bénéfice apporté aux patients.) alors qu'à mon sens il eût été beaucoup plus profitable pour tous qu'il prît l'exemple de CE dépistage pour donner la parole au citoyen (n'oublions pas le point fondamental : le dépistage concerne des gens non malades).


Alors que le narratif tient essentiellement à ceci : 
  1. J'ai été le grand gourou de la démolition du dépistage du cancer de la prostate par le dosage du PSA, on ne peut donc pas m'accuser d'être partial et d'être un célébrant de l'Eglise de Dépistologie.
  2. La diminution de la mortalité globale n'est pas un critère intangible, il faut savoir déconstruire les vaches sacrées.
  3. A partir du moment où les effets indésirables du dépistage sont minimes ou quasiment nuls, tout est permis.
  4. Dépistons donc allègrement.
Comme il s'agissait d'un article "participatif" certains ont participé. D'autres, voyant que la participation n'entraînait aucun changement dans le texte, n'ont pas participé.

Voyons un peu ce qui aurait pu être précisé.
  1. Le problème du sur diagnostic n'est pas abordé mais il est rarement mentionné dans les essais cliniques, fussent-ils menés en théorie selon des protocoles validés : une des difficultés tient aussi au diagnostic d'adénome à haut risque pour lesquels l'histoire naturelle est incertaine. Peut-on parler de sur diagnostic pour un adénome dit à haut risque alors que l'on ne sait pas le nombre de ceux qui sont bénins (voir la note 9) ? Mais on peut lire ceci : "According to The Medical Letter, the new DNA stool test “detected 92% of cases of colorectal cancer in asymptomatic average-risk persons, but it detected less than half of advanced precancerous lesions and produced a substantial number of false-positive results.”"
  2. La notion d'échec du test n'est pas mentionnée, ce qui est une donnée forte pour l'information des citoyens : "High-sensitivity gFOBT (Hemoccult SENSA; Beckman Coulter) has a sensitivity of 62% to 79% and a specificity of 87% to 96% for detecting colorectal cancer". Mais les schémas de JB Blanc (cf. infra et son blog : ICI) pourront nous éclairer et les informations fournies par Jaddo et Hipparkhos également (LA).
  3. La notion de dépistage organisé et d'objectifs populationnels est absente, ce qui renvoit au dépistage individuel (les recommandations européennes indiquent qu'il faut obtenir 45 % de participation et les recommandations états-uniennes indiquent 60 %). Ainsi pourrait-on faire un parallèle avec ce que disent les urologues à propos du PSA : le dépistage organisé n'est pas à faire mais le dépistage individuel est indispensable.
  4. Les résultats sont présentés en chiffres relatifs (mortalité liée à la maladie) et non en chiffres absolus (mortalité globale), ce qui nous rappelle les grandes heures de la désinformation sur l'"efficacité" de la mammographie dans le dépistage du cancer du sein, par exemple. Rappelons que dans les grands essais de dépistage en cancérologie quand il existe une diminution concomitante de la mortalité globale et spécifique, c'est la mortalité globale qui diminue le plus, ce qui pose de sérieuses questions (LA) !
  5. La notion de groupes d'âge est absente alors qu'elle est fondamentale dans l'appréciation des résultats. Les chiffres (français) indiquent que la moyenne d'âge de survenue du CCR est de 72 ans chez l'homme et de 75 ans chez la femme et l'USPSTF américain précise : "Empirical data from randomized trials on outcomes of screening after age 74 years are scarce."Il est évident que c'est un point capital dans le sens du dépistage puisque les cancers du colon sont "lents". L'infographie de JB Blanc est éclairante.
  6. Le chapitre complication de la coloscopie est minimisé : "perforation (1/1 000 environ), hémorragie (1/1 000 environ), mortalité (1/10 000)" ce qui, pour une prévision optimale de 1 M de coloscopies par an représente donc respectivement 1000 perforations, 1000 hémorragies et 100 décès pour la France entière en un an (voir LA). Et nous ne parlons pas des effets cumulés sur le temps. Je rajoute cet article plus conforme à la réalité (merci à CMT) : LA.
  7. La mortalité globale n'est pas réduite, voire augmentée : contrairement à ce qui est affirmé, ce n'est pas un essai qui l'affirme mais une revue de trois essais (ICI)
  8. Le chapitre prévention est absent or il appert que la prévention aurait plus d'efficacité que le dépistage. Mais cette notion d'efficacité est niée par l'auteur qui écrit "je considère que l’efficacité d’un dépistage est un élément peu important pour son évaluation ! " Quelques facteurs de risque : " sédentarité, obésité, alcool, viande rouge, faible consommationde fibres alimentaires, tabac, et" Voir LA et ICI.
  9. Jaddo et Hipparkhos ont écrit un texte éclairant à propos surtout de l'ancien hemoccult qui répond en partie au point 2 : "Et effectivement, le test de recherche de sang est caractérisé par une faible sensibilité (inférieure à 50%) et une très faible valeur prédictive (inférieure à 10%), voir par exemple Bleiberg 2002 qui dénonçait à l’époque pour ces raisons l’usage de ce test. Cela signifie que seule une coloscopie de vérification sur dix confirme la présence d’un cancer, et la moitié des cancers ne sont pas détectés au dépistage."La moitié des cancers ne sont pas diagnostiqués au dépistage. Comme le rappelait Siary dans les commentaires du billet de Dominique Dupagne le nouveau test (qui a été étalonné ad hoc) et ce que disent J et H : "et il est de manière standard pratiqué de façon à avoir deux fois plus de positifs que l’hemoccult, donc environ 5% de tests positifs au lieu de 2,5 % (ce taux est donc un choix de la part des promoteurs du test). Cela présente l’inconvénient de faire pratiquer deux fois plus de coloscopies, et donc d’engorger un peu les services concernés, et d’augmenter en proportion les effets indésirables. In fine, on a un peu moins de deux fois plus de diagnostics confirmés de cancer, avec des stades similaires : le test est donc plus sensible (par choix) mais moins spécifique (du fait ce choix de sensibilité). Un petit calcul montre qu’on peut s’attendre à un effet sur la mortalité globale sans doute moins bon qu’avec l’hemoccult, puisqu’on a plus augmenté les effets indésirables (y compris la mortalité pour autres causes) qu’on a diminué la mortalité spécifique…"
  10. On peut désormais aborder le problème central : la décision partagée. L'accumulation de ces informations ne peut être expliquée de façon simple et courte lors d'une consultation (et ce d'autant plus que le patient nous tend souvent sa convocation au dépistage en fin de consultation et qu'il faut non seulement informer mais aussi expliquer comment ça fonctionne). Personnellement je fais revenir les gens.
  11. Petit point mais oh combien déterminant : dans le cancer du colon, et comme toujours en cancérologie, mais pas que, le résultat des courses est éminemmen opérateur dépendant (i.e. le chirurgien et, dans une moindre mesure le gastro-entérologue).
  12. Si vous relisez le texte de Dominique Dupagne vous remarquerez en outre que tous les éléments que je commente "y sont" mais qu'ils ne sont pas tous mis en valeur.







Pour finir, mais il faudrait un billet entier, la comparaison avec l'efficacité du frottis du col utérin comme geste de dépistage du cancer du col est assez peu crédible. Ce sujet est sensible. Je rapporte seulement cette phrase de Margaret McCartney : "Les femmes ont plus de chance d'avoir un test faux positif que d'avoir une espérance de vie prolongée." dans "The patient paradox" (voir LA). N'oublions pas non plus deux choses à ce propos : le sur diagnostic et le sur traitement sont impressionnants (avec des conséquences majeures pour la femme : jadis l'hystérectomie était aussi banale que l'amydalegtomie, désormais le col est menacé).


CONCLUSION : 

Le billet de Dominique Dupagne est le contraire de la démarche participative, collaborative, intelligemment collective, et, en l'espèce, et d'ailleurs comme dans d'autres dépistages fussent-ils très discutés et discutables (prostate, sein), la décision doit revenir au CITOYEN informé. Et la pratique quotidienne de cet exercice est très difficile.