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dimanche 21 mai 2023

Bilan médical du lundi 15 au dimanche 21 mai 2023 : vaccination Covid inéquitable, espérance de vie US en baisse, Ozempic, USPSTF, la fête de la cancérologie, conflits d'intérêts, antidépresseurs.

 
Non, les fearmongers, les anti-eugénistes n'ont pas prescrit des khonneries de santé publique.

169 - La vaccination contre le Covid dans le Neuf Trois : inéquitable

Un article en preprint (ICI) rapporte qu'entre le 8 janvier et le 30 septembre 2021, 32712 personnes se sont fait vacciner à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). Que les premières personnes vaccinées furent celles provenant des zones socialement favorisées.

On le savait mais c'est vérifié.

La loi inverse des soins (Inverse Care Law) s'applique non seulement dans les zones favorisées (plus de ressources qu'ailleurs) mais aussi dans une zone défavorisée où ce sont les personnes dont le statut socio-économique et éducationnel est le plus élevé qui viennent squatter les zones défavorisées.

Commentaires de Nicolas Berrod, journaliste au journal Le Parisien, qui a pu se procurer l'article lui-même en preprint et il fait des commentaires passionnants qui vont en ce sens : (LA

On attend l'article en publication post revue...



Où s'asseoit le médecin ? Pas d'asymétrie ?



170. Pourquoi les Américains meurent-ils si jeunes ? 

Un article (terrifiant) du Time (LA)



Voici quelques raisons.

A dysfunctional and costly healthcare system

Societal systems that undermine wellbeing and accelerate inequality

An inadequate policy response to growing inequality and precarity

Structural racism, racial capitalism, and their attendant injustices





171. Ozempic : un nouveau Mediator ?

Mes amis prescripteurs : allez-y, prescrivez Ozempic quand vos patientes (et vos patients) vous le demandent, vous ne serez jamais inquiétés s'il y a des problèmes : aucun prescripteur de Mediator n'a jamais été poursuivi.

Une AMM obtenue dans des conditions peu évidentes.

Jamais le passé n'éclaire le présent.

En plein procès Mediator.

Notre amie la HAS est aussi favorable au remboursement  du Wegovy : ICI

Sachez que la perte de poids obtenue sous semaglutide cesse à l'arrêt du traitement et qu'aux États-Unis d'Amérique (cf supra 170.) on initie le traitement chez les enfants.



Réussir sa vie après cinquante ans.


172. Les nouvelles recommandations de l'USPSTF concernant le dépistage du K du sein aux US auront un impact économique fort.


The Task Force now recommends that all women get screened for breast cancer every other year starting at age 40. Voir ICI.


Au-delà des doutes réels sur le rapport bénéfices/risques d'une telle recommandation (les lecteurs du blog sont habitués à notre recension des analyses sur le manque d'effet du dépistage du cancer du sein par mammographie dans la tranche d'âge 50 - 74 ans), un article de Oncozine (ICI) indique que des prévisions économiques indiquent que cela pourrait avoir des conséquences (favorables) pour les fabricants de matériel : en 2021 le budget de la mammographie aux US était de 1,9 milliard de dollars et les projections en 2030 seraient de 4,3 milliards de dollars !

Cancer Rose nous reparle (en anglais) du surdiagnostic dans le dépistage du cancer du sein : LA

17 à 38 %


Cream : Ginger Baker, Jack Bruce, Eric Clapton


173. Cancérologie

173.1 Comment interpréter un essai en cancérologie.

Vinay Prasad propose (LA) de la lecture critique d'article de haut niveau en donnant des outils exploitables immédiatement.

Mais c'est vraiment pour des spécialistes des essais en tout genre.


173.2 Une tribune dans le journal Le Monde sur les essais en cancérologie

LA





Un commentaire bien assassin d'un illustre non déclarant ses liens d'intérêts et/ou d'où il parle.


Le mek doit détester Vinay Prasad (cf. supra)

173.3 Un article écrit par des oncologues (d'autres débiles) dans une revue anglo-saxonne 

(LA)



Des différences irréconciliables : divorce entre les taux de réponse, la survie sans progression et la survie globale.

173.4 Un article sur les changements de critères finaux dans les articles en cancérologie



...70% of the trials examined did not include information about primary endpoint changes in articles published in medical journals...










174. Les conflits d'intérêts favorisent les avis défavorables

On n'y croit pas !

Commentaire (LA) qui nous donne des indications précises sur la question.


21 fois plus d'avis défavorables sur le Nutriscore si les auteurs déclarent leurs liens d'intérêts avec l'industrie alimentaire


Odilon Redon La Barque, 1892…


175. Deux tiers des associations de patients US reçoivent de l'argent de l'industrie (des médicaments)...

Voir ICI

115 millions de dollars en 2015 !

On y a apprend, par exemple, que 


176. ... Mais aussi le groupe de travail de la nouvelle directrice du National Institute of Health !



43 millions de dollars en une année !


Kenzaburô Oé (1957-2023)
Prix Nobel de littérature 1994




177. Les antidépresseurs ont un effet modéré sur la qualité de vie des patients souffrant d'une première dépression sévère !


Une méta-analyse (LA) d'essais contrôlés randomisés antidépresseurs vs placebo rapporte également que dans le cas de récidives ou de suivi l'amélioration de la qualité de vie est douteuse.

178. Evitez de prescrire des antidépresseurs lors de la première consultation en soins primaires

Cette primo prescription est d'autant plus inefficace que la dépression est peu marquée.

L'article est court et l'intéresse tous les MG : LA





179. Les effets d'un traitement anti HTA intensif disparaissent au long cours.


C'est une réanalyse d'un essai antérieur. ICI

Faut dire qu'ils n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! PAS < 120 mm Hg !




J'ai oublié plein de trucs : actualité trop riche !






dimanche 30 octobre 2016

Quand le journal "Le Monde" dit la cancérologie. CMT répond.

La première Une du "Monde"le 19 décembre 1944


Un article récent du journal Le Monde attirait le chaland avec un titre plutôt sensationnel : (ICI).



Cancer : « Le Monde » révèle des hausses inquiétantes pour certaines tranches d’âge


Lisez d'abord l'article et ensuite le commentaire de CMT, alias docteur Claudina Michal-Teitelbaum.

Chers journalistes
L’outil que vous avez élaboré est plaisant mais votre article passe malheureusement totalement à côté d’un certain nombre de questions majeures concernant l’évolution de l’incidence des cancers. Un outil n’est pas grand-chose sans un minimum de connaissances et réflexion.
Ainsi vous n’évoquez même pas le surdiagnostic concernant le cancer du sein, bien que vous le fassiez pour les cancers de la thyroïde et de la prostate.
Le surdiagnostic est lié au dépistage. Les estimations concernant le surdiagnostic pour le cancer du sein varient de 10 à 80%. 80% pour la dernière en date, qui se fonde sur une étude de l’évolution du taux  et de la taille des cancers au cours du temps aux USA et qui montre que bien que l’incidence des petits cancers inférieurs à 2cm ait augmenté de 162 pour 100 000, elle n’a été suivie que par une baisse de l’incidence des cancers du sein> 2 cm de 30 pour 100 00. Les auteurs  estiment donc que la différence pourrait être due au surdiagnostic http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1600249 . Cela veut dire que si l’incidence réelle des cancers est restée constante, environ 80% des femmes dépistées diagnostiquées avec un cancer du sein auraient été surdiagnsotiquées.
 Le surdiagnostic des cancers étant défini comme des cancers correctement diagnostiqués par l’histologie, mais qui n’auraient pas présenté de manifestations cliniques au cours de la vie de la patiente et qui ne lui auraient pas provoqué de gêne s’ils n’avaient pas été activement recherchéshttp://www.formindep.org/IMG/pdf/surdiagAnnaba_mai_2011_2pp.pdf . Certains incluent dans le surdiagnostic les faux positif. Et cela semble justifié dès lors que même l’histologie n’est pas fiable à 100% et pose donc la question des cancers qui n’en sont pas et sont traités à tort.
Cette question du surdiagnostic dû au dépistage systématique, avait été mise en lumière par des médecins généralistes depuis le milieu des années 2000, notamment par D Dupagne http://www.dailymotion.com/video/x6vxfp_le-depistage-du-cancer-de-la-prosta_lifestyle, Jean-Claude Grange, http://docteurdu16.blogspot.fr/2009/06/cancer-de-la-prostate-ne-pas-depister.html. Mais on les avait pris pour des loufoques jusqu’à ce qu’en 2012, l’USPTS américaine  et la HAS en France déconseillent le dépistage par dosage du PSA dans tous les groupes d’âge en raison de son inefficacité et de ses risques : https://www.uspreventiveservicestaskforce.org/Page/Document/RecommendationStatementFinal/prostate-cancer-screening .
Encore maintenant on peut penser que  beaucoup de médecins et patients évaluent très mal les apports, les tenants et aboutissants du dépistage. Par exemple une majorité de médecins comme de patientes pensent qu’une mammographie positive signifie des fortes chances pour une femme d’être diagnostiquée comme porteuse d’un cancer après biopsie. Or, ces chances ne sont que d’environ 7% après une mammographie positive http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=8157 . Ces chances sont appelées la valeur prédictive positive de la mammographie et dépendent de deux facteurs : les performances du test, sensibilité(capacité à diagnostiques correctement des malades) et spécificité (capacité à diagnostiques correctement des non malades) du test et la rareté de la maladie dépistée.
Pour une maladie rare comme le cancer du sein, on peut prendre des chiffres fictifs approchants. Si la mammographie a une spécificité de 98% et une sensibilité de 90%, et que la prévalence du cancer du sein est 100 pour 100 000 dans la population dépistée, cela signifie que 2% des 100 000 auront des résultats faussement positifs soit 2000 femmes. Tandis que 90 des 100 cancers seront dépistés à juste titre. Les chances d’avoir un cancer après mammographie seront donc de 90 sur 2000+90, soit de l’ordre de 4%.
Un autre problème lié au dépistage est qu’il permet de détecter des petits cancers. C’est son objectif et c’est le credo du dépistage qui postule que plus les cancers sont détectés tôt mieux c’est.
Mais des études ont montré que pour des cancers petits et localisés, les cancers canalaires in situ,  le fait de traiter ou non affecte peu la survie spécifique à 20 ans. En moyenne, aux USA le risque de mortalité sur 20 ans après le diagnostic par cancer du sein pour les femmes NON traitées pour un cancer canalaire in situ est de 3,3% http://www.bmj.com/content/351/bmj.h4555?etoc . Ces très petits cancers représentaient 3% des cancers avant la mise en place du dépistage, mais 20 à 25% après. A tel point que certains se demandent si appeler cela un « cancer » avec toute la charge émotionnelle et l’appréhension que cela induit, est appropriéhttp://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/article-abstract/2427488 .
L’autre point que votre article ne met pas du tout en évidence est le poids écrasant du dépistage dans l’augmentation d’incidence des cancers.
En effet, si on utilise le taux standardisé monde, comme vous le faites, on peut alors traduire cela comme le risque moyen d’avoir un diagnostic de cancer chaque année (incidence) pour la population observée et indépendamment de la structure en âge de cette population.
Or on s’aperçoit qu’entre 1980 et 2005, années où l’on peut situer le pic des diagnostics de cancer ( 2005, que je choisis car bizarrement il n’y a plus s’estimation pour le cancer de la prostate après 2009 par l’INVS), le risque d’avoir un diagnostic de cancer chez la femme (le taux standardisé monde), tous cancers confondus est passé de 176,4 en 1980 donc à 248,8 pour 100 000 en 2005. Soit une augmentation du risque de 72,4 pour  100 000. Sur la même période le risque annuel d’avoir un diagnostic de cancer du sein, cancer LE PLUS FREQUENT DE LA FEMME, est passé de 56,3 à 98,8 pour 100 000. Soit une augmentation de 42,5 pour 100 00. On peut en conclure que le cancer du sein a contribué pour 42,5 / 72,4 soit 59% à l’augmentation du risque de cancer chez la femme pendant cette période. C’est énorme.
Pour la femme le cancer du poumon, associé au tabagisme, et le cancer de la thyroïde, associé au surdépistage expliquent 18,8 pour 100 000 des 29,9 pour 100 000 d’augmentation non associés  au cancer du sein. Au total, pour la femme, le surdépistage et le tabagisme expliqueraient environ 85% de l’augmentation observée entre 1980 et 2005.
Pour l’homme c’est encore plus simple, car si le risque total annuel de diagnostic de cancer était de 283,5 en 1980 et est augmenté à 396,1 en 2005, soit une augmentation de 112,6 le risque de diagnostic de cancer de la prostate, LE PLUS FREQUENT CHEZ L’HOMME, est passé de 24,8 pour 100 000 en 2001 à 127,1 pour 100 000 en 2005, soit un risque multiplié par 5, augmentation  de 102,3 totalement attribuable au dépistage par dosage du PSA . Dans ce cas le dépistage du cancer de la prostate par PSA a contribué pour 102,3 /112,6 soit pour 91% à l’augmentation du risque de diagnostic annuel de cancer. Cela fait beaucoup.
Quant à l’augmentation du risque de cancer chez les jeunes femmes une explication vraisemblable est le dépistage individuel des jeunes femmes, peu quantifié en France . On sait nénamoins qu’il représente environ un quart des femmes dépistées dont une majorité n’ont aucun facteur de risque (HAS, 2011). Les femmes ont recours au dépistage individuel sur incitation des médecins, en particulier les jeunes femmes en région parisienne http://opac.invs.sante.fr/doc_num.php?explnum_id=1614 .Or, chez les jeunes femmes, le risque de faux positifs et d’erreur diangostique à la mammographie et à  la biopsie est augmenté http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2203798.
Il est à noter que la diminution du risque de mortalité des cancers du sein et de la prostate a été MOINS RAPIDE que la diminution moyenne de mortalité pour les cancer, diminution d’ un taux annuel pour le cancer du sein de 0,6 et de 1,3 pour le cancer de la prostate contre une diminution de 1 pour la femme tous cancers confondus et 1,5 pour les hommes.
UNE CONCLUSION S’IMPOSE AU VU DE CES CHIFFRES, ET C’EST QUE L’AUGMENTATION DU RISQUE GLOBAL DE CANCER EST LARGEMENT UN ARTEFACT GENERE PAR LA TECHNIQUE, LE SURDEPISTAGE QUI, A SON TOUR, INDUIT UN SURTRAITEMENT MASSIF. D’où sans doute les conclusions du rapport du comité d’orientation en octobre 2016 recommandant, parmi deux scénarii, l’arrêt du dépistage du cancer du sein, http://www.concertation-depistage.fr/wp-content/uploads/2016/10/depistage-cancer-sein-rapport-concertation-sept-2016.pdf , rapport qui est une petite merveille et dont on espère qu’il ne sera pas jeté aux oubliettes comme les recommandations concernant le déremboursement des médicaments de la maladie d’Alzheimer.