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dimanche 30 octobre 2022

Bilan médical du lundi 24 au dimanche 30 octobre 2022. Tout le monde déconnnne : Vinay Prasad, les antibiotiques, les négociations conventionnelles, l'Académie de médecine, Raoult, Buzyn, cancer du sein, exercice physique vigoureux, Perronne, Ameli.

Charles Bukowski (1920-1994)

La semaine de la grande déconne.

Charles Bukowski, l'ennemi intime de tous les hygiénistes.



Vinay Prasad déconne.


Dans un article récent (ICI) Vinay Prasad se réjouit de la prise de pouvoir de Elon Musk sur twitter !
  • Il admire Elon, écrit-il.
  • Il dit : twitter est un lieu d'accès facile pour faire connaître ses idées mais c'est aussi le pire réseau social.
  • Les seuls utilisateurs de twitter qui valent le coup sont ceux qui proposent un contenu intéressant et original mais leur part est microscopique sur le réseau
  • Ironiquement ce sont ceux qui en bénéficient le plus mais ceux qui veulent en partir le plus vite en raison des attaques dont ils sont l'objet.
  • Il poursuit en disant que twitter censure plus la droite que la gauche (NdA : aux US ?) et que la tonalité est volontiers pour le masquage des enfants, pour les confinements, pour les fermetures, pour les vaccins itératifs.
  • Prasad dit que les libéraux (NdA : à la mode états-unienne) était pour la libre parole et qu'ils sont maintenant contre.
  • Enfin il croit aux déclarations d'Elon sur la liberté totale d'expression sur twitter.
Il déconne.




La déconne sur les antibiotiques : la médecine n'est pas une science.

Notre ami Ali Abbas (@DocteurAbbas) rédige un fil sur la consommation des antibiotiques en ORL à partir d'une conférence où il s'est rendu (Congrès européen d'ORL et de chirurgie de la tête et du cou : LA).

Renversant (on le savait déjà) :


Si la médecine était une science ou si les médecins s'informaient et suivaient les recommandations sur la prescription de l'amoxicillin : indications, posologie, durée... Chaque pays ne ferait pas différemment et nul doute qu'à l'intérieur de chaque pays il n'y aurait pas autant de différences.

Vieil adage toujours répétable quelles que soient les circonstances : Les recommandations, c'est souvent de la merde, mais si les médecins les suivaient, ce serait un peu moins de la merde.




La déconne sur les négociations conventionnelles.

Richard Talbot, syndicaliste FMF bien connu sur les réseaux sociaux pour sa compétence législative et son inlassable persévérance à répondre à de sottes et intelligentes questions de ses confrères, donne son avis sur la lettre de cadrage que le Ministère de la santé a envoyé à l'UNCAM.

Le voici : ICI

Je n'ai pas eu les versions des autres syndicats.

Evaluation du nombre de MG en activité régulière entre 2010 et 2021
https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/analyse_etude/1riyb2q/atlas_demographie_medicale_-_cnom_-_2021.pdf
Attention à l'échelle qui ne part pas de zéro.


La déconne de l'Académie de médecine.




L'Académie de médecine générale réclame "un service citoyen médical d'un an pour tout nouvel académicien élu." 


2007 : réception des nouveaux membres de l'Académie de médecine


La déconne de Raoult et consorts (Macron, Delfraissy, chloroquine -sic).

Des bonnes feuilles du livre d'Ariane Chemin et Marie-France Etchegouin sont parues dans le journal Le Monde (LA, sur abonnement). Une ironie mordante sur l'ego démesuré de Raoult, sur la candeur de Macron et l'impuissance de Delfraissy.

Un twitto sous pseudomymat en raconte un peu plus sur le livre (LA) et la façon dont Agnès Buzyn a annulé un essai qui devait être mené par Raoult et comment le DGS aurait autorisé une 'exemption administrative ' sans base légale connue pour enfin cosigner (Jérôme Salomon) l'article.






Agnès Buzyn défouraille et déconne.

Agnès Buzyn prépare sa défense et, avec la bienveillance de tous les médias, elle fait l'objet d'articles et d'invitations à la radio et à la télévision pour vendre sa version de la pandémie. On résume  :

  • J'avais tout prévu
  • Avant les experts
  • Personne ne m'a écoutée
  • Edouard Philippe est un gros macho
  • J'avais demandé le report des élections
  • On ne m'a pas écoutée
  • J'ai été obligée de me présenter à Paris
  • J'ai perdu à cause des méchants.
  • Macron ? Aucun souvenir.


Créateur : Stephane Lemouton /Pool/SIPA Crédits : Stephane Lemouton /Pool/SIPA
Droits d'auteur : Stephane Lemouton / Bestimage


Est-ce déconner que de ne pas participer au dépistage organisé du cancer du sein ?

Une belle réponse de Cécile Bour pour le collectif Cancer Rose.

C'est ICI.

La réponse est NON.


Liberté d'information



Faut pas déconner : 15-20 minutes d'exercice physique vigoureux par semaine... 

diminuent la mortalité de 16 à 40 % chez 71893 personnes âgées (britanniques) en moyenne de 62,5 ans au bout de 6 ans. 


Dans le détail l'exercice physique vigoureux diminuerait la mortalité toute cause, la mortalité cardiovasculaire et la mortalité par cancer.

Et il y aurait un effet-dose. 

La dose optimale serait de 58 minutes par semaine. 

La dose minimale efficace erait de 15 minutes par semaine pour la mortalité toute cause et la mortalité par cancer et de 19 minutes pour la mortalité cardiovasculaire.

C'est LA.

La lecture détaillée de l'article montre que les chiffres ont été triturés dans tous les sens, segmentés, sous-groupés et il est assez difficile de savoir comment le protocole était dessiné à l'origine. 

A nous les exercices physiques vigoureux ! Quinze minute par semaine, c'est donc 2,14 minutes par jour. 

Comme dirait ce bon Winston Churchill "No 2,15 minutes de sport par jour !"


Perronne déconne.

Le site factandfurious.com nous présente un Perronne déconnant (attention, n'en parlez pas au Conseil de l'Ordre je pourrais être condamné).

C'est LA et c'est signé Antoine Daoust.

Et cela vaut son pesant de cacahouètes. 


Améli déconne en préconisant des techniques non validées dans la bronchiolite du nourrisson.


Belles discussions sur twitter après que j'ai écrit que la kinésithérapie respiratoire comme traitement de la bronchiolite de nourrissons suivis en ambulatoire n'avait pas fait la preuve de son efficacité.

Je résume :
  • L'absence de preuves (et j'ai tellement souligné depuis cent ans que les études contrôlées en ambulatoire sont d'une complexité inouïe et n'intéressent pas les financeurs) ne signifie pas preuve de l'absence
  • Qu'il s'agisse du drainage postural par vibration ou percussion ou de l'augmentation du flux respiratoire
  • Oui mais, m'ont dit les kinésithérapeutes on ne fait pas que cela, on rassure, on conseille, on revoit, ce que ne font pas toujours les MG débordés
  • Je ne disconviens pas que certains MG débordés ne prescrivent aucun conseil, aucune réassurance, et ne revoient pas les enfants... Ça existe.
  • Je ne disconviens pas non plus que certains MG prescrivent aussi des médicaments non adaptés (antibiothérapie, corticothérapie, que sais-je encore ?)
  • Le problème de la bronchiolite du nourrisson en ville est de séparer le bon grain de l'ivraie, c'est dire les enfants qu'il faut surveiller (et les conseils, les signes d'alarme, sont à bien préciser, à écrire même), qu'il faut revoir, qu'il est possible d'adresser à des kinésithérapeutes compétents quand cela peut rassurer les parents, et, surtout, ceux qu'il faut adresser aux urgences, soit d'emblée, soit après une période d'observation, en tenant compte de la surveillance des parents qui "connaissent" le comportement normal de leurs enfants.
  • Faut-il encore polémiquer ?

Jean-Marie Vailloud tire sa révérence mais ne déconne pas.

Bye.

Merci.

j'ai appris énormément de choses en te lisant, cardiologie, médecine, humanité, respect des patients, empathie.

Son blog est encore ICI.


jeudi 3 janvier 2019

Le lobby santéo-industriel. Bilan 2018.


Une des images les plus fortes de l'année est bien celle-là.

Madame Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé (voir ICI pour ce que nous pensions d'elle lors de sa nomination), pose en compagnie des 7 Ordres médicaux et paramédicaux (les représentants des professionnels de santé) pour promouvoir la vaccination anti-grippale des professionnels de santé.

Les 7 Ordres sont aux ordres : médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, infirmiers, kinésithérapeutes, pédicures-podologues. 



La vaccination des personnels de santé contre la grippe saisonnière n'a pas d'efficacité démontrée (1).

Les 7 Ordres sont aux ordres.

Nous avons en résumé la mainmise de l'Etat corrompu sur la santé publique.

Madame Agnès Buzyn, représentante zélée du lobby santéo-industriel (2), promeut une mesure de santé publique qui n'a pas fait la preuve de son efficacité, promeut sans coup férir une "nouvelle génération de vaccins", les tetra, qui n'ont aucun intérêt connu en termes d'efficacité ou d'efficience par rapport à l'ancienne génération (3), et dont, par un miracle produit par "la main invisible du marché", le prix est passé de 6,2 à 10,11 €, soit une augmentation de 63 %, ce qui, pour un médicament dont la marge brute (consultez vos conseillers boursiers) est d'environ 95 %, ne peut que ne pas déplaire aux maîtres de la santé publique en France qui sont l'argent, l'argent et l'argent et qui disposent de relais infinis dans la sphère journalistico-politique (voir ICI l'article de Sciences et Avenir (4)). 

Madame Buzyn et les Ordres ont même commis avec leurs petits claviers bien propres et axiologiquement neutres une Charte, la Charte d'engagement pour la promotion de la vaccination des professionnels de santé, qui est un tissu d'âneries (ICI).

Pour parler de l'Ordre des médecins il n'a pas besoin d'ordres pour défendre la vaccination en général, la vaccination anti grippale, et, le mieux du mieux, l'obligation vaccinale chez les nourrissons (LA), il a devancé l'appel (voir LA). Servir les plats à la Ministre issue du sérail est une activité lucrative. Et, comme d'habitude sur un site officiel défenseur théorique de l'éthique et des lois de la République, pas un mot sur les liens d'intérêts des auteurs comme des maîtres d'oeuvre. 

Cerise sur le gâteau : l'Ordre des médecins dit la vaccination mais ne va pas jusqu'à radier de l'Ordre un idiot dangereux anti vaxx comme le professeur Joyeux...

N'oublions pas non plus l'Ordre des pharmaciens qui signe la Charte et qui continue de promouvoir en ses officines le "vaccin" homéopathique contre la grippe. Contradiction ou business, les voies du Seigneur sont impénétrables. 

Madame Agnès Buzyn fait feu de tout bois.

Elle contrôle également la conférence citoyenne sur les vaccins en nommant à sa tête un de ses amis académiques et académicien de surcroît, le professeur Alain Fisher, qui réussit sans efforts à manipuler les conclusions par argument d'autorité expertale (voir LA).

Madame Buzyn est aussi, comme par hasard, une spécialiste de la morgue sociale à l'égard des petits personnels comme le montre cette video (il y en avait plusieurs à disposition). 









Tout baigne dans le meilleur des mondes de la santé publique aux Ordres.


Notes :
(1) Mais elle a une efficacité "morale" démontrée :  "Je me protège, donc je protège les autres", "Je suis altruiste", et cetera.
(2) Voici ce que l'on lit d'elle dans Wikipedia : "À partir de 2008, elle occupe des postes importants au sein d'institutions publiques liées à la santé et au nucléaire : présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (2008-2013), membre du Comité de l'énergie atomique du Commissariat à l'énergie atomique (2009-2015), membre du conseil d'administration (2009), vice-présidente (2010) puis présidente de l'Institut national du cancer (depuis 2011), présidente du collège de la Haute Autorité de santé (depuis 2016)."
(3) Il eût été amusant qu'un essai tetra versus tri fût significatif alors que tri versus placebo est négatif (on me dit dans l'oreillette qu'il n'est pas éthique de mener un essai vaccin anti grippal contre placebo...). Mais, cerise sur le gâteau, la HAS, dont on connaît la servilité, écrit quand même à propos des vaccins tetra : "Au vu des données disponibles, ils n’apportent pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport aux vaccins trivalents inactivés disponibles indiqués dans la prévention de la grippe"
(4) La phrase la plus forte de cet article, on appelait cela dans le temps, un publi-reportage, "Un vaccin plus protecteur statistiquement"

dimanche 17 juin 2018

La médecine m'inquiète : microf(r)ictions (91)

Monsieur Agnès Buzyn et Madame Yves Lévy.

Nos "amis" anglais, nous ne pouvons que nous en méfier.

L'éditorial du Lancet en anglais (ICI) et en français s'il vous plaît (LA), dénonce la propension de la haute administration française à gérer l'entre-soi dans l'opacité. 

La future nomination du successeur d'Yves Lévy à la direction de l'INSERM en est un exemple. Madame Buzyn, et pourquoi ne pas la croire, hein ?, ne sait pas si son mari se représentera car elle dit affirmer ne pas connaître la liste des candidats.

On rêve.

Voici le début du court éditorial.

Le mandat du président directeur général (PDG) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) prend fin le 12 juin. La présidence de l’actuel PDG, Yves Lévy, a reçu de vives critiques après la nomination de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en mai 2017. Lévy est le conjoint de Buzyn, ce qui d’évidence constitue un potentiel conflit d’intérêts pour le directeur d’un institut placé sous la tutelle conjointe des Ministères de la Santé et de la Recherche. Cette situation a été apparemment rectifiée par un décret daté du 29 mai, 2017, déclarant que les actes relatifs à l’INSERM seraient gérés par le Premier ministre français, et non par Buzyn.

Le libéralisme à la française ne s'embarrasse pas de petits arrangements.
La France est de retour vers le futur : celui de la République bananière.


Un article du journal Le Monde : ICI.

Dernière nouvelle : le 31 juillet 2018. Yves Levy retire sa candidature à la tête de l'INSERM. Voir un article du journal Le Monde : LA.

La France ne serait plus une République bananière mais une République de peaux de bananes.

La suite, le 10 octobre 2018 :

Yves Lévy, l'ancien patron de l’ et mari d’Agnès , nommé conseiller d’Etat en service extraordinaire (Conseil des ministres)




Crédit photographique : La ministre de la santé, Agnès Buzyn et son mari, Yves Lévy, le 25 janvier 2018, au 16e dîner de la mode du Sidaction. / Frédéric Dugit/photoPQR/Le Parisien/MaxPPP

jeudi 19 avril 2018

Dédicace à Agnes Buzyn et à ses soutiens académiques et libéraux.

Les seuls médecins compétents sont ceux qui participent aux boards de l'industrie pharmaceutique, a dit Agnes Buzyn à propos des liens d'intérêt lorsqu'elle est arrivée à la HAS.


(Les médecins ne devraient-ils pas porter des blouses qui identifient leurs sponsors et de qui ils reçoivent des pots de vin ?)

jeudi 4 janvier 2018

Bonne année 2018 et bilan 2017.



Voici ce que l'on aurait pu retenir de l'année 2017 :

  1. Il n'est plus possible de nier l'effarant sur diagnostic du cancer du sein et ses conséquences désastreuses, le sur traitement des femmes (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), et le chiffre de 50 % rapporté par une récente étude néerlandaise (voir LA), pour abasourdissant qu'il soit, confirme ce qu'a toujours affirmé (à partir de données solides) Peter Goetzsche de la Nordic Cochrane (LA, par exemple). Il est urgent de reconsidérer le dépistage organisé du cancer du sein chez les femmes de 50 à 74 ans. Comme site spécialisé le site Cancer Rose est une référence en français, voir ICI.
  2. Agnès Buzyn est définitivement la représentante de ce que j'appelle le complexe santeo-industriel et la propagatrice de ce que Marc Girard nomme, à la suite encore de Peter Goetzsche (Gøetzche Peter. 2013, Deadly Medicines and Organised Crime: How Big Pharma has Corrupted Healthcare. Radcliffe.), la criminalité médico-pharmaceutique. Toutes les actions de la ministre sont en outre marquées par le sceau du mandarinat arrogant et sans réplique et de l'entre soi parigo-parisien de l'AP-HP et du septième arrondissement réunis. Elle défend l'hôpital contre les soins premiers, elle soutient l'industrie pharmaceutique avec une indécence inouïe (allant jusqu'à refuser le déremboursement de médicaments inefficaces et dangereux comme les pseudo anti Alzheimer), elle est au centre de la calamiteuse décision de la onze-vaccination obligatoire des nourrissons en utilisant des arguments fallacieux et en travestissant une conférence dite citoyenne, elle nie les effets indésirables du dépistage organisé du cancer du sein (voir le point 1.), elle nomme des copains et des coquins aux postes de responsabilité, elle valorise les liens et conflits d'intérêts. Ce qu'elle entreprend est pire que ce que nous avions anticipé (ICI). Mais nous aurons l'occasion d'y revenir.
  3. La dérive de l'oncologie, telle que ses pratiques sont organisées à partir des autorisations de mise sur le marché de produits anti cancéreux aux Etats-Unis d'Amérique, prend une tournure mafieuse : des produits qui n'améliorent pas l'espérance de vie (ou de 3 mois en moyenne) sont commercialisés à des prix étourdissants sur des critères de substitution dont le plus fameux est le Progression Free Survival à la base d'essais cliniques de non infériorité ou d'essais pratiqués dans des pays en développement avec un bras placebo indigne ; des produits autorisés sans essais contrôlés, des produits autorisés sur la base de bio marqueurs et non sur l'histologie... Ainsi des oncologues peuvent-ils prescrire des médicaments inefficaces en promettant de l'espoir (on peut se demander si les oncologues sont encore des soignants) et en entraînant des souffrances atroces et des effets indésirables indignes, sans demander l'avis des patients. (Progression Free Survival : c'est une nouvelle notion, mais surtout un nouveau critère d'essai clinique, qui signifie que le patient a survécu et que la tumeur n'a pas progressé -- la progression étant définie par une augmentation de 20 % de la taille de la tumeur mesurée au scanner : il y a PFS si le patient est vivant avec une augmentation de 19 % ou une réduction de 16 % ! Le problème vient de ce que le PFS ne prédit pas une augmentation globale de survie.)
  4. L'affaire Levothyrox est une métaphore fantastique sur l'état de délabrement des esprits de ceux qui pratiquent le système de santé français : les experts pharmacologues qui n'ont jamais vu un malade, les experts cliniciens qui n'ont jamais écouté un malade, les agences gouvernementales qui savent a priori ce qu'est un malade et comment il ne va pas réagir (ou réagir), les cliniciens qui prennent ce qu'ils ne comprennent pas pour de la khonnerie émanant d'un malade a priori "chiant" ou dérangé, les TSHologues qui cultivent la politique des critères de substitution (si la TSH est bonne, la patiente n'a qu'à fermer sa goule, c'est qui le chef ?) comme les psychiatres qui jugeraient de l'état d'un.e patient.e sur un simple taux de sérotonine, les journalistes qui chassent le scoop, les associations de patient.e.s qui se tirent dans les pattes et qui n'ont donc pas, par la grâce empoisonnée d'être malade, la vérité révélée, les politiques qui n'écoutent que le bruissement des sondages, les pharmacie.nnes qui donnent des leçons de médecine derrière leurs comptoirs protégés pour ne pas lever le secret médical, les docteur.e.s qui n'arrivaient rien compris à la bio-équivalence ou qui, après avoir compris ou fait semblant de comprendre, ne comprennent toujours pas que c'est une notion bidon, les autres médecin.e.s qui parlent de marge thérapeutique étroite alors qu'il s'agit sans doute d'une maladie à fluctuation évolutive large ou, mieux, d'une maladie pour laquelle la zone de corrélation clinico-hormonale normale est très imprécise (et qui ne s'en étaient pas formalisés avant), les commentateur.e.s qui ne se sont pas rendu compte qu'il y avait à la fois un sur diagnostic, un sur traitement, et une réponse différente au traitement selon que les patient.e.s n'en avaient pas besoin, souffraient d'un cancer de la thyroïde opéré, irradié ou non, d'un Basedow après traitement éradicateur ou d'une thyroïdectomie (ou d'une hémithyroïdectomie) pratique pour des raisons bizarres ou imprévues ou inconnues, mais surtout :  il y avait des praticien.nes qui ignoraient ce qu'était l'effet nocebo ou un nocebo (ce n'est pas pareil) et qui en profitent désormais pour acculer les patient.e.s dans les cordes à cause de ce phénomène universel tout comme les patient.e.s expert.e.s refusent qu'on en parle pour ne pas se faire traiter de crétin.e.s parce que certain.e.s malades pourraient être accusé.e.s d'y avoir succombé et que cela ruinerait leurs théories sur les excipients cliniquement actifs ou sur le dogme de la corrélation TSHémie/humeur... Enfin, l'affaire Levothyrox, mais il faudrait développer, espérons que nous aurons l'année 2018 pour développer, enfonce le clou de la catastrophique aventure des génériques pour les patients, les pharmaciens et les médecins (l'écriture inclusive vient d'en prendre un coup).
  5. La santé publique est entrée définitivement dans le monde de la grande distribution. On ne pourra plus revenir en arrière. Les lobbys industriels et politiques verrouillent la question. Ils placent leurs pions aux postes clés de l'Etat et surtout dans les agences gouvernementales (avec la bonne vieille pratique du pantouflage : ICI). Ils arrosent. Ils organisent les hôpitaux (et les cliniques) comme des entreprises, imposant un manageriat industriel, une culture du rendement, une politique des indices, à base de flux tendu, de reporting, de sous-effectifs, de salaires de misère pour les "apprentis" (i.e. les internes), d'utilisation de travailleurs étrangers pour boucher les trous (et y compris les médecins)... Ils organisent l'industrialisation des cliniques appelées désormais hôpitaux privés et contrôlées par de grands groupes financiers. Ils favorisent la multiplication des examens complémentaires qui conduisent au sur diagnostic, au sur traitement, à l'incidentalome, en implantant des scanners, des IRM, des pet-scans... Ils organisent les conférences de consensus à l'origine de recommandations (guide-lines) toujours autant prescriptrices et dévoreuses de ressources. Ils financent les associations de patients pour pouvoir disposer d'un levier sentimental sur les pouvoirs publics. Ils détruisent consciencieusement la médecine libérale et la médecine générale en particulier, ce qui aura d'incalculables conséquences sur la santé publique... Le regroupement des médecins dans des maisons de santé situées en périphérie rappelle tant ce qu'est devenu le commerce mondialisé...  Les lobbys favorisent les mutuelles qui, initialement solidaires deviennent assurancielles, et cela va entraîner la faillite complète du système et/ou l'impossibilité pour certains types de populations de se faire pratiquer des examens inutiles et coûteux. Je m'arrête là pour ne pas lasser l'auditoire.
  6. L'arrogance de la médecine, celle qui pouvait prétendre contre toute raison (et notamment contre les travaux des épidémiologistes non à la botte des autorités académiques), que nous vivions dans les pays "développés" un âge d'or de la santé publique grâce aux progrès de la médecine, en prend un coup : l'espérance de vie à la naissance est en train de stagner, voire de reculer (aux Etats-Unis d'Amérique depuis deux ans consécutifs : " “And the key driver of that is the increase in drug overdose mortality.”") dans certains sous-groupes populationnels ; quant à l'espérance de vie en bonne santé, son déclin est amorcé dans tous les pays développés. Cette arrogance de la médecine est un phénomène bien connu des marketeurs, cela s'appelle la sur promesse. Et cette sur promesse va conduire au point suivant : puisque les médecins ne peuvent ou ne veulent assumer les désirs de la société (immortalité, indolence, scanners à répétition) les non médecins, les gestionnaires, les apprentis sorciers, les citoyens vont dire aux médecins ce qu'il doivent faire, "j'ai envie de", et, à la fois se tourner vers des techniques ou des traitements non éprouvés ou insuffisamment évalués, tester la médecine non officielle, et cetera. Pour assouvir ses désirs.
  7. Une médecine sans médecins. Le rêve grandiose du complexe santeo-industriel est de pouvoir à terme se passer des médecins en tant que décisionnaires. Les financiers auront toujours besoin de médecins conseillers des princes et des industriels pour donner des idées, pour borner les discours, pour fournir des éléments de langage, pour endormir les consommateurs, pour publier des articles allant dans le sens des politiques pré définies par les accumulateurs de profits. Nous ne nions pas que les médecins aient creusé leur tombe tout seuls et qu'ils continuent de se tirer des balles dans le pied en embrassant l'intelligence artificielle, les robots opérateurs, la onze-vaccination obligatoire, la gestion des maisons médicales de soins par les mairies, les préfets ou l'ARS  ou la télé médecine, nous n'ignorons pas que la gestion des hôpitaux et des cliniques par les médecins n'était pas irréprochable (mais c'était la médecine alapapa) mais nous sommes certains que la gestion de ces mêmes hôpitaux et cliniques par les gestionnaires (qui, auparavant, travaillaient dans les yaourts ou dans l'industrie automobile) est calamiteuse.
  8. L'inintérêt de certaines pratiques médicales et de standards de soin largement pratiqués (non démonstration de leur efficacité voire démonstration de leur nuisance) a été montrée par Cifu et Prasad (Ending medical reversal, 2005, pp 83-87)  dans 46 % des cas à partir  d'essais cliniques contrôlés publiés. Et quand le faisceau de preuves est suffisant pour les invalider, rien ne change : voir point 1.) mais aussi : LA. Il est grand temps a) de ne pas généraliser des pratiques sans qu'elles aient été démontrées IRL ; b) de remettre en cause  celles qui ont fait la preuve de leur inefficacité et/ou de leurs nuisances.
  9. Les associations de patients sont une autre face du consumérisme de la santé publique. Donner la parole publique aux patients est indispensable quand on sait avec quel mépris condescendant on les a laissés pendant des décennies. On ne les informait pas par ignorance et on a continué à ne pas les informer par arrogance. Mais il s'avère, au delà des polémiques sur les associations de patients et leur financement, au delà des controverses sur la parole médiatisée des patients (cf. point 4) et leur utilisation compassionnelle ou non, qu'il n'est pas possible de ne pas écouter et comprendre. Les soignants devraient réfléchir à cette situation : quand ils deviennent malades, quand ils souffrent d'une maladie qu'ils connaissent pour l'avoir traitée chez des patients, leur regard change, ils se rendent compte de faits, de détails, de sensations qu'ils ne pouvaient qu'ignorer, et ils regardent les patients avec un autre regard. Et ils changent leur pratique sauf si leur pratique est uniquement fondée sur des intérêts pécuniaires.
  10. Le pouvoir inégalé de l'Eglise de Dépistologie. Cette Eglise a un pouvoir considérable de nuisance dans la société. Son credo bienveillant, s'attaquer à la maladie avant qu'elle n'apparaisse (et il arrive que l'Eglise de Dépistologie ne soit pas d'accord avec l'Eglise de Préventologie) s'accompagne de pratiques non bienfaisantes, voire franchement malfaisantes. Rappelons notre athéisme dépistologique militant : un test de dépistage en cancérologie doit atteindre 3 objectifs : 1) il doit détecter des cancers précocément ; 2) il doit diminuer la mortalité liée au cancer qu'il recherche ; 3) il doit améliorer la survie globale c'est à dire diminuer la mortalité quelle qu'en soit la cause. Sinon... il faut l'abandonner. Je rappelle qu'à ce jour aucun test de dépistage de cancer n'a atteint les 3 objectifs.

 Gardons courage.

Bonne année 2018.


dimanche 18 juin 2017

Madame Agnès Buzyn et les vaccins : deux poids, deux mesures. De qui se moque-t-elle ?

Balthus (1908-2001). Jeune fille à la chemise blanche. 1955


Dans une déclaration au journal Le Parisien (ICI) Madame Agnès Buzyn trouve inacceptable que la rougeole ait tué 10 enfants depuis 2008 en France.

Qui peut penser que cela serait acceptable ? A part la société philanthropique des morbillivirus, association de défense des minorités et au nom de l'intersectionnalité.

Elle ajoute même "On a le même problème avec la méningite. Il n'est pas supportable qu'un ado de 15 ans puisse en mourir parce qu'il n'est pas vacciné" en ne disant pas que le vaccin en question ne protège pas contre toutes les méningites dont meurent majoritairement les adolescents.

Bon. Et elle en profite pour parler d'un problème de Santé publique qui justifie selon elle l'obligation vaccinale. Ne polémiquons pas sur le fait qu'il est peu certain que la vaccination obligatoire permette qu'aucun enfant ne meure de la rougeole.

Pardonnons lui de ne pas être une spécialiste en vaccinologie et qu'elle soit influencée par des experts qui, selon elle, ne peuvent être bons que s'ils sont payés par l'industrie pharmaceutique. 

Mais Madame Agnès Buzyn, hémato-oncologue, voir ICI ma notice biographique prémonitoire, dont voici un court résumé biographique (source wikipedia) "À partir de 2008, elle occupe des postes importants au sein d'institutions publiques liées à la santé et au nucléaire : présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (2008-2013), membre du Comité de l'énergie atomique du Commissariat à l'énergie atomique (2009-2015), membre du conseil d'administration (2009), vice-présidente (2010) puis présidente de l'Institut national du cancer (depuis 2011), présidente du collège de la Haute Autorité de santé (depuis 2016)." qui montre combien la médecine académique s'attribue dans un mouvement endogame centripète les meilleurs postes (on rappelle que son mari est directeur de l'INSERM) ne s'est jamais occupé ou n'a jamais considéré dans des déclarations publiques que des milliers d'amputations de seins de femmes étaient injustifiées.

Vous pourrez consulter sur ce blog comme sur celui de JB Blanc, de Sylvain Fèvre, de Marc Girard, ou du Formindep par exemple, tous les billets que nous avons consacrés à ce sujet montrant combien le sur diagnostic et le sur traitement des cancers du sein ou prétendus tels est un vrai problème de Santé publique.

Madame Agnès Buzyn ne dit mot.

Pourtant, elle a initié la concertation citoyenne (ce mot est horriblement sans sens commun) sur la cancer du sein dont les conclusions ont été défigurées et contestées. Voir l'article de JP Rivière : LA

Un article récent, danois, mené sur 30 ans, est particulièrement préoccupant : il montre que chez les femmes éligibles au dépistage organisé le sur diagnostic est de 24,8 % (une sur quatre !, hein, pas 8 femmes depuis 2008 !) et chez les femmes plus jeunes de 48,3 % Vous avez lu ? Voir LA.

Il ne s'agit pas d'une entreprise de diversion. 

Si je parle du sein ce n'est pas pour ne pas parler de la rougeole.

Pour la rougeole et le reste, je rappelle la série de billets de CMT : LA.

Si je parle de cela c'est pour dire que notre Ministre ne place pas les priorités au bon endroit.

Mais elle est aidée en cela par tous les bons apôtres de la vaccinolatrie qui font une grande économie de leur cerveau en répétant partout les argumentaires (alias les éléments de langage) colportés par l'industrie vaccinale et ses obligés corrompus.

Répondre à ces corrompus a déjà été fait par CMT.

Mais aucune de ces personnes ne sait lire.

Voici un florilège.


Le Conseil de l'Ordre des médecins, celui qui vient d'adouber le professeur Aubier malgré ses liens d'intérêts avec la firme Total, a lui publié un webzine (ICI) dont le niveau suppose que sa cible marketing est un élève du cours moyen première année.

Nous avons aussi Les Décodeurs qui se sont fait la spécialité d'écrire plus de sottises qu'il n'est permis et dont la compétence est celle du professeur Joyeux (LA).

Article dans Atlantico où un ultra libéral, Claude Le Pen, est favorable à l'obligation. ICI Quant à Stéphane Gayet, il dit une bêtise par phrase, on voit sa bio LA.

Enfin, un complotiste de l'anti complotisme, un certain Acermendax (Thomas C Durand), a publié une vidéo sur le net et vous pourrez en lire le texte (ICI) qui est arrogante, paternaliste, méprisante, mensongère et mal informée. Il est terrible que pour épondre à cette maman qui pose des questions pas si idiotes que cela mais qui  affirme des choses délirantes il faille que l'auteur mente. Nous hésitons entre la bêtise, la malhonnêteté ou la simple incompétence. Cela me rappelle tellement ce texte de Marc Girard : ICI. Je rajoute ceci : lire les commentaires de CMT qui montrent que le anti hoax fait partie d'une association de scientifiques pro OGM !

L'objectif prioritaire de Santé publique de Madame Buzyn est celui-ci : 10 enfants sont morts de la rougeole depuis 2008 !

En 2008, le CépiDc de l'Inserm a recensé 3 095 morts d'enfants de moins d'un an en France, soit un taux de mortalité de 374,9 pour 100 0005. 50,3 % de ces morts étaient dues à des affections dont l'origine est la période périnatale, ce qui représente 1 557 enfants. 20,7 %, soit 640, étaient dues à des malformations congénitales. 14,6 %, soit 452, étaient dues à une mort subite du nourrisson ou à une cause inconnue.

PS du 21 juin 2017.
J'étais passé à côté d'un texte savoureux, une Tribune du journal Le Monde auquel je continue à être  abonné pour des raisons que j'ai fini par ignorer, signée par quelques pontes vaccinolâtres dont l'insurpassable Professeur Fisher et le non moins respectable Robert Cohen, pour défendre l'obligation vaccinale (ICI) mais mon ami Marc Girard ne l'avait pas laissée passer, la Tribune : ses commentaires valent leur pesant de cacahuètes : LA.
Sans oublier Dominique Dupagne : LA.
Bonnes lectures.


mardi 8 mars 2016

Le professeur Agnès Buzyn nommée Présidente de la HAS. La victoire de big onco.



La nomination du professeur Agnès Buzyn à la tête de la HAS est sans doute ce qui pouvait arriver de pire pour la Santé publique française.

"Quand il y a une connerie à faire, Hollande n'est jamais loin et Touraine est sur la photo."

Que la papesse en chef de l'Eglise de Dépistologie soit nommée à la tête de l'Agence la plus importante du système de santé français en dit long sur la volonté du lobby santéo-industriel à changer les choses...

Issue de l'INCa, Institut National du cancer, agence gouvernementale défendant la dépistologie pure et dure, scientifique qui n'avait pratiquement jamais entendu parler du possible rôle néfaste des dépistages organisés, du problème aigu du sur diagnostic et du sur traitement, et qui, nous le rappelle Christian Lehmann (ICI) en citant Mediapart, déclare, en substance, que les seuls vrais experts, les experts compétents, sont ceux qui participent aux boards de l'industrie pharmaceutique et qui se déplacent dans les congrés tous frais payés par cette même industrie en se faisant rincer midi et soir par ces mêmes industriels. 

Elle est donc adepte de la théorie Bruno Lina qui, se vantant de manger à tous les rateliers, prétend que "Trop de corruption tue la corruption." : quand on a le ventre plein on ne se rappelle pas qui l'a rempli.

On nous avait promis "plus jamais ça" après le scandale du Mediator, on nous avait promis que la nomination de Dominique Maraninchi, issu du milieu de l'oncologie, à la tête de l'ANSM allait permettre de nettoyer les écuries d'Augias... Peine perdue.


Mais cessons de plaisanter, l'heure est grave : nommer une hématologue, une onco-hématologue, à la tête d'une Agence gouvernementale c'est comme donner la Légion d'Honneur à un prince saoudien ou  voir sièger un représentant de la Mauritanie à la Commission des droits de l'homme de l'ONU...

Car l'oncologie est la quintessence de ce qu'on peut trouver de pire en médecine dans le domaine des essais cliniques comme dans celui de la protocolisation des traitements ou, tout aussi dramatiquement, sur l'entrée du privé dans le service public comme dans le cas de l'Institut Gustave Roussy.

Nul doute que vous n'apprendrez pas de la bouche d'Agnès Buzyn que les 71 dernières molécules labellisées par la FDA dans le domaine de la cancérologie augmentaient en moyenne l'espérance de vie des patients de... 2,1 mois ! (Voir LA)

Cette nomination est aussi l'aboutissement du modèle américain avec contrôle direct de la FDA par l'industrie pharmaceutique. Les US l'ont fait, nous suivons.

La déclaration des effets secondaires en oncologie est également considérée comme peu pertinente.

Les premières déclarations de Madame Agnès Buzyn sur les liens et conflits d'intérêt entre experts et industrie pharmaceutique n'annoncent rien de bon mais surtout démontrent la formidable impunité dont elle croit disposer en déclarant d'emblée que l'intelligence des experts est corrélée à leur degré de dépendance à l'égard des industriels.

Nous nous préparons des jours difficiles.

PS (du 14 mars 2016). Voici le lien avec les 126 publications d'Agnès Buzyn recensées dans PubMed. ICI.
PS (du 14 mars 2016). Un article de Aurélie Haroche  qui cite Christian Lehmann et moi-même. LA.

vendredi 10 octobre 2014

La prise de parole des intellectuels en médecine : dire la vérité, se taire ou mentir.


Liu Xiaobo, né en 1955, est docteur en littérature chinoise, c'est un dissident chinois, il a participé aux événements de la place Tiananmen (4 juin 1989). Il a reçu (il n'a pas pu se rendre à Stockholm pas plus que sa femme ou tout autre membre de sa famille, tous bloqués en Chine) le prix Nobel de la Paix en 2010. Il est actuellement en prison, condamné 11 ans en 2009 pour "incitation à la subversion du pouvoir d'Etat". (PS : malheureusement il est mort en détention le 13 juillet 2017)

La philosophie du porc et autres essais est parue en France en 2011. Liu Xiaobo s'intéresse dans ses nombreux écrits, articles, commentaires, conférences, à la situation interne de la Chine, à son évolution après la terreur sanguinaire maoïste, et, en tant qu'intellectuel, à la façon dont la Chine pourrait évoluer vers la démocratie. Il est obsédé par le problème de la liberté de parole et par la façon, notament, dont les intellectuels participent à ce qu'il appelle la "grande porcherie", c'est à dire la société chinoise où règnent le mensonge, la violence, la menace, l'argent sale, la corruption, les avantages, et l'intérêt immédiat. Liu Xiaobo est obnubilé pourrait-on dire par le problème du mensonge et de la vérité pour les hommes publics. Comment s'en sortir ? Il écrit dans un article de mai 2003 à l'attention de ceux qui ne se sentent pas le courage de résister directement à la violence : "Refuser les mensonges dans les détails de la vie publique constitue précisément la force la plus efficace pour saper la tyrannnie, c'est même la subversion la plus mortelle pour ce pouvoir"(1).

Qian Liqun, ancien professeur à l'Université de Pékin et actuellement en exil, a proposé 3 exigences de base susceptibles de régir la prise de parole des gens de savoir (ou intellectuels) dans la Chine dictatoriale posttotalitaire.
  1. En tant qu'êtres humains, nous avons le devoir de dire la vérité.
  2. Lorsqu'il nous est impossible de dire la vérité quand bien même nous le souhaitons, il est alors impératif de garder le silence.
  3. Si nous sommes contraints de recourir au mensonge du fait de la brutalité de notre environnement et de la difficulté d'y garder le silence, il faut du moins faire en sorte que ce mensonge ne nuise à personne. 
Ses propos ont fait l'objet de critiques passionnantes de la part de Liu Xiaobo. 

Mais quid de la situation française et de la médecine en particulier ?

On comprend que les choses puissent paraître différentes en démocratie quand les risques de dire la vérité ne peuvent conduire ni à la perte de son emploi, ni à celui de ses proches, ni à la mise en résidence surveillée (et à celle de ses proches), ni à la prison, et ni a fortiori aux camps. L'histoire de la période nazie a montré d'ailleurs que ceux qui refusaient de participer, dans l'administration par exemple, étaient rarement inquiétés (2).

L'histoire récente de la santé publique en France ces dernières années laisse un sentiment de malaise. Il semble que pour des raisons nombreuses et invraisemblables qui tiennent certes à l'esprit de corps, à l'esprit moutonnier, mais aussi à l'incompétence, à la malhonnêteté, à l'ambition personnelle (académique), à l'appât de l'argent et des honneurs, des experts aient menti à tout le monde pour préserver l'intégrité de l'Etat, certes, mais aussi leurs postes, leurs salaires, leurs espaces de parking dans les hôpitaux ou dans les firmes, leurs voyages à l'étranger, leurs repas dans les grands restaurants, ou leurs appétits sexuels.

C'est donc le problème du mensonge et de la vérité et celui du silence, ni avec un grand M, ni avec un grand V, mais le problème personnel de la propre intégrité de son cerveau.

Rien n'est évidemment comparable, comparaison n'est pas raison, et les menteurs du mediator ou ceux du vioxx, ou ceux de l'hormone de croissance, du sang contaminé, ou du PSA, ou du dépistage organisé du cancer du sein, ou du distylbène ou du traitement hormonal substitutif de la ménopause, ou des glitazones, ou du fluor, ou du lait de croissance, j'en oublie, que les absents me pardonnent, ces menteurs, donc, ne vivent pas dans la Chine dictatoriale post-totalitaire (notons par ailleurs que ce qu'encourent les dissidents actuels comme Liu Xiaobo n'est en rien comparable à ce qu'encouraient les dissidents de l'époque bénie de Mao où les assassinats de masse et les camps de travail très durs étaient la règle) et qu'ils ne risquent strictement rien, seuls les lampistes ont droit à la déchéance, les autres, les vrais malhonnêtes, continuent de toucher leurs traitements, continuent d'exercer la médecine en demandant des dépassements d'honoraires proportionnels à leur exposition médiatique, ou se font recycler à l'IGAS, le cimetière des éléphants, au Conseil d'Etat (tour extérieur) ou dans le privé.

Et il est possible que ces mêmes moutons, que ces mêmes menteurs, que ces mêmes incapables, que ces profiteurs du système, que ces gens qui mentent pour obtenir des postes, des prébendes, des voyages à l'étranger all inclusive, des meilleures fins de mois, des honneurs, des passages à la télévision ou dans les radios ou sur les estrades des congrès, dans une situation tout autre, celle de la Chine dictatoriale posttotalitaire par exemple, pourraient  se comporter de façon autre et... ne pas mentir, voire dire la vérité.

Dissipons un doute : il ne s'agit pas de morale, valeur éminemment relative. Le moralisme est un piège. Liu Xiaobo écrit ceci : "... les intellectuels qui prônent une réforme à l'intérieur du système ne sont pas nécessairement des lâches immoraux... de même, ce n'est pas parce qu'une personne prône une réforme venant de l'extérieur du système qu'elle est en droit de s'autoproclamer championne de la morale... et afficher des exigences déraisonnables à l'égard d'autres intellectuels." (3) Il ajoute même (à bon entendeur salut) : "Les expériences du passé nous enseignent que l'arrogance morale est aussi nuisible que l'arrogance rationaliste."

Ainsi, imaginons que les intellectuels de la santé publique aient suivi les exigences énoncées par Qian Liqun, combien de "catastrophes sanitaires", non, le terme est exagéré mais je n'en trouve pas d'autres, aurions-nous évitées ? Pas tellement, selon Liu Xiaobo. Pour lui ces exigences "sont en fin de compte une manière de justifier le recours au mensonge à partir d'une position défendant l'honnêteté." Je conclus pour lui : "Peu importe que l'on mente spontanément ou que l'on y soit contraint, que l'on mente la conscience tranquille ou rongé par le remords, le mensonge restera un mensonge."

Il est temps de passer à l'application pratique de ces réflexions de Liu Xiaobo sur les exigences de Qian Liqun dans le domaine de la santé publique.

Il faut sans doute éviter d'être anachronique et de "juger" ceux qui mènent les politiques de santé publique depuis des dizaines d'années à l'aune des propos de Liu Xiaobo, même si ces propos ne sont pas  à l'évidence une nouveauté mondiale, qu'ils ont déjà été prônés et défendus auparavant par, plus près de nous, dans notre Europe, pas dans la prétendue Europe de l'est qui n'est qu'un avatar communiste de l'histoire, non, dans notre Europe des Lumières, par Vaclav Havel par exemple, qui a donné tout son sens à la résistance dans un premier temps contre la dictature et secondairement  contre le néo libéralisme (et les dirigeants communistes sont devenus néo-libéraux en une nuit).
Nous ne jugerons donc pas, selon Liu Xiaobo, les thuriféraires du dépistage organisé du cancer du sein qui disaient ignorer le sur diagnostic et les surtraitement, malgré les premiers travaux de Bernard Junod et les premières données des essais nordiques, puis ont reconnu 5 % puis 10 % et maintenant 20 % de sur diagnostic. Est-ce que la troisième exigence de Qian Liqun était respectée ? Ces chiffres, sous-estimés, Bernard Junod parle de 30 % et Peter Götzsch de 50 %, signifient au moins qu'une femme sur 5, selon l'INCa, mais d'autres chiffres sont plus alarmants, se verra "charcuter" son sein, aura des rayons et / ou une chimiothérapie alors que son cancer était... indolent. Une femme sur 5 ! Et tous ces gens nous ont menti pour ne pas aller dans un camp de travail !
Nous ne jugerons donc pas, selon Liu Xiaobo, les thuriféraires du dosage du PSA, qui conduisent nombre de prostates dans les poubelles de l'hôpital et nombre d'hommes à subir des traitements dont ils n'avaient pas besoin.
J'arrête là. Mais j'aurais sans doute dû parler de gardasil, des vaccins en général et des mensonges en particulier. J'y reviendrai obligatoirement à un autre moment.

N'oublions pas non plus la face cachée de la désinformation et du mensonge : ceux qui ont osé parler de sur diagnostic quand l'INCa le récusait ou ceux qui ont osé avancer un taux de 10 % quand l'INCa parlait de 5 % ou avancer un taux de 30 % quand l'INCa parlait de 20 %, ont été considérés ou sont considérés par les élites intellectuelles de la médecine mais aussi de l'économie (5) comme des complotistes, des ignares, des défaitistes, des partisans du retour à la bougie, et des gauchistes (à ceci près que peu de prétendus "gauchistes" ont souligné les dangers du dépistage organisé du cancer du sein qui n'est pas seulement une question médicale mais un problème mafieux au sein de l'appareil d'Etat).
Les experts mentent et ceux qui dénoncent les experts qui mentent sont considérés par la police de la pensée mensongère comme des illuminés, des négationnistes, des complotistes, des sectaires, et cetera, et cetera. Le cercle de la pensée médiatique se referme sur eux comme dans les sociétés totalitaires la police vient arrêter les dissidents à domicile pour les emprisonner sans jugement.

La philosophie du porc est fondée sur la primauté de l'intérêt individuel et de la médiocrité. Elle est déterminée par l'idée que la société doit être stable afin que la primauté de l'économie ne soit pas dérangée : les porcs s'endorment quand ils sont rassasiés et mangent quand ils se réveillent. Les besoins primaires alimentaires et sexuels doivent être assurés et les autres ambitions gommées. Circulez, y a rien à voir. La ministre de la santé soutient Octobre Rose sans s'inquiéter des dérives scientifiques et commerciales et il pourrait arriver qu'elle se maquillât Estée Lauder (le platinum sponsor de Pink Ribbon aux US) sans que personne ne s'en offusque.

Agnès Buzyn, à peine nommée directrice de l'INCa, a pris pour argent comptant les chiffres avancés depuis toujours par Brigitte Séradour papesse radiologue de la mammographie, celle qui ignorait encore il y a peu que le dépistage organisé entraînât des sur diagnotics et des sur traitements sans que la mortalité globale ne diminuât et a claironné jusque dans les journaux officiels des agences combien le sur diagnostic était une hérésie. Nul doute que les exigences de Qian Liqun, Agnès Buzyn, elle ne les connaît pas, car elle aurait pu dire la vérité, ne pas mentir ou se taire. Elle a préféré l'INCa et le discours d'Etat : primum non nocere à sa carrière.

Mais c'est la crise H1N1 qui a été le paroxysme de cette philosophie du porc et l'on a vu à cette occasion que les élites intellectuelles entraient spontanément dans la porcherie.
Ces élites expertales forment un bloc par l'intermédiaire des Agences gouvernementales qui les nourrissaient à l'époque et qui continuent de les nourrir. A noter en outre que la Directrice de l'OMS, Margaret Chan, est Chinoise... Pensez-vous qu'il s'agisse d'un hasard ? Il y avait donc à l'époque le HCSP (Haut conseil de la santé publique) avec en son sein le CTV (Comité technique des vaccinations) (dont tous les experts ont des contrats avec big vaccine), la DGS (Direction générale de la santé) avec son directeur général dont tout le monde en privé connaissant l'intelligence et la sagacité, bras armé de la ministre de la santé de l'époque (RB), infatuée et incompétente, celle qui avait placé son fils à l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), sans diplômes, il fallait sans doute s'assurer que le message passait, la directrice de l'InVS (Institut de veille sanitaire), Françoise Weber, dont les titres universitaires laissent de la place sur une carte de visite, courroie de transmission des mensonges d'Etat tant pour la grippe H1N1 que pour le sur diagnostic du cancer du sein grâce à sa revue "dédiée", le BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire), les virologues industriels qui ont un pied en berlutti et l'autre en pantoufle et qui sont les visiteurs médicaux des firmes qui les emploient (vous remarquerez que l'on n'a jamais vu un patron de big vaccine faire l'article, ils n'ont pas besoin, leurs employés qui se lèvent tôt le font pour eux), pour les noms vous avez l'embarras du choix, les infectiologues qui veulent autant parler que les virologues non cliniciens et dont l'un, le professeur François Bricaire a été à l'origine des si célèbres vaccinodromes (sans jamais se renier) et a écrit des livres alarmants et alarmistes (5, 6) dont aucune des prédictions ne s'est réalisée, heureusement, les épidémiologistes maison, tels l'ex président de l'EHESP (Ecole des hautes études en santé publique), Antoine Flahault, qui avait prédit morts et malheurs (il s'est excusé mais il est resté en poste puis il est allé dans le privé et collabore désormais avec Sanofi Pasteur, fabricant de vaccins), les démographes de l'INED (Institut national des études démographiques), telle l'inénarrable France Meslé (voir ICI) qui avait publié pour dire combien les vaccins anti grippaux avaient diminué la mortalité liée à la grippe (à partir de chiffres erronés), les sociologues comme l'estimable Patrick Zylberman, employé de l'EHESP, employé de Flahaut à l'époque, au CNRS, à Sciences Po, invité obligé de France-Culture, et qui va, ici et ailleurs, raconter les mensonges construits de la vaccinologie triomphante...
Cette énumération est lassante mais montre comment les élites porcines aiment se vautrer dans la porcherie.

Nous verrons dans un autre billet comment circule l'argent et comment le complexe santéo-industriel français est franchement mafieux.



Notes
(1) Xiaobo Liu. Subvertir le système du mensonge avec la vérité. In : La philosophie du porc et autres essais. Paris, Gallimard, 2011 : 518 p. 
(2) Raul Hilberg. La destruction des Juifs d'Europe. Paris, Gallimard (Folio), 2006. 
(3) Xiaobo Liu. Prendre soin de la conscience individuelle. Sur les exigences de base du discours public. In : La philosophie du porc et autres essais. Paris, Gallimard, 2011 : 518 p. 
(4) FB. Cité par Rachel Campergue (voir ICI pour un florilège) in :  Octobre Rose mots à maux : Pour une réelle liberté de choix.. 
(5) Derenne Jean-Philippe et Bricaire François. Pandémie la grande menace. Grippe aviaire 500 000 morts en France ? Paris, Fayard, 2005.
(6) Derenne Jean-Philippe et Bricaire François. Pandémie la grande menace de la grippe aviaire. Paris, Fayard, 2005.

Photographie : Liu Xiaobo. né en 1955.