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dimanche 28 janvier 2018

Les blogs médicaux en 2017 (ils sont indispensables. Tout comme twitter)


Cette année, comme les autres années, je ne pouvais imaginer de ne pas lire les blogs médicaux (pour les autres, je n'ai pas le temps de commenter) : comment s'informer autrement sur le fondement, sur les fondamentaux, de notre métier ?

J'ajoute que la lecture des blogs médicaux de qualité est devenue indispensable tout autant que l'abonnement à twitter.

Les deux media se complètent. L'auteur d'un billet de blog fait savoir sur twitter qu'il a publié ou les lecteurs d'un billet de blog signalent la parution d'un billet. Les commentaires du billet apparaissent plus sur twitter que sur le blog pour des raisons de support.

Le plus excitant est ceci : un article paraît, par exemple, dans un journal avec comité de lecture. Et les commentaires de cet article, soit trop longs pour être publiés in extenso sur le site de la revue font l'objet d'un billet de blog, soit trop courts, soit trop polémiques, apparaissent en direct sur Twitter et avec un délai sur le site de la revue et parfois dans le numéro suivant de la revue quand elle n'est pas en ligne. Ainsi peut-on se faire une idée plus rapide des avis divergents sur un article. Voire approbateurs.

Avant cela je vous propose un site, ce n'est pas un blog, Cancer Rose, qui combat avec vigueur et détermination la désinformation sur le dépistage organisé du cancer du sein. C'était un peu brouillon, c'est devenu presque parfait. Vous pouvez les suivre sur TWT : @_CancerRose

Je tente de me limiter à deux billets par blog pour l'année 2017.




Pour la cardiologie, et la médecine, il y a Jean-Marie Vailloud  et son blog (ICI) (je ne reviendrai pas sur ses goûts pour les blindés, là, j'ai essayé de comprendre, j'ai mis en oeuvre toutes mes maigres ressources psycho-analytico-neuro-cognitives et j'ai renoncé) qui nous a donné depuis des années et sur de nombreux sujets des versions (presque) définitives de prêt-à-réfléchir (vous remarquerez que je n'ai pas écrit prêt-à-penser).
Il a écrit un très beau billet sur l'effet  nocebo (LA) et un billet très classique sur la bioéquivalence en pratique (ICI) qui fait écho à deux billets de Dominique Dupagne (cf. infra).
Sur ces deux points il y aurait des tonnes de trucs à raconter mais vous commenterez vous-mêmes : les seuls vrais commentaires sont ceux que l'on fait soi-même.


Dans la série je touche à tout, j'ai un angle d'attaque original, et je ne dis pas que des khonneries, il y a Dominique Dupagne (il dit quand même parfois des khonneries). J'ai bien aimé les deux billets sur le levothyrox et la bio-équivalence (LA).  ; j'ai surtout aimé les critiques méchantes sur le fait qu'il aurait écrit des approximations, qu'il aurait commis des erreurs (ce qui montre bien, ma brave dame, qu'un médecin généraliste devrait rester à sa place et ne pas s'aventurer sur des sujets cadenassés par les experts non cliniciens), parce que la façon qu'il a eu de les intégrer dans sa réflexion a montré que les experts non cliniciens n'ont pas compris que la bio-équivalence n'était pas un concept clinique mais un critère de substitution comme un autre pour faire croire que la générication du monde était une réussite. (La comparaison entre ce qu'a écrit Vailloud et ce qu'a écrit Dupagne sur le même sujet ne laisse pas d'ailleurs de m'étonner... A vous de voir).
Mais le billet qui m'a le plus "interpelé au niveau de mon vécu" c'est celui ci : Le dépistage du K du colon est-il utile ? (ICI)  Car j'ai été touché au fond. De quoi s'agit-il ? Dominique Dupagne nous dit ceci : ouais, le dépistage du cancer du colon par la recherche de sang dans les selles ne diminue pas la mortalité globale mais, comme il y a peu d'effets indésirables (et il est vrai, c'est un mauvais argument, qu'à l'échelle d'une patiente, ce n'est pas évident...) eh bien, le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, c'est mon commentaire, le dépistage organisé du cancer du colon ne sauve pas de vies mais, malgré son coût, il est licite de le proposer de façon "objective" aux patients.

Mais mon chouchou de cette année, même si je ne comprends pas tout, c'est @qffwffq :


Et le billet de l'année, pour moi, c'est celui consacré à l'équilibre, aux vertiges et à la neuro-ORL (avec un humour fou) : LA.
Mais aussi celui consacré à la kinésithérapie dans le Parkinson (je ne savais rien de tout cela) : ICI.
(je triche et je rajoute cet article, pourquoi le nouveau-né tète mal, tout en me méfiant car je n'ai pas vu de commentaires sur un sujet que je connais aussi mal et qui m'a fait penser, parfois, à Donald Winnicott -- l'auteur ne prendra sans doute pas cela pour un compliment).

Voici un blog d'humeur, un peu coincé par moment, mais surtout un blog d'amoureux de la médecine : Perruche en Automne. Ce qu'il écrit sur la néphrologie est dévastateur : on se demande où étaient les professeurs pendant nos cours de néphrologie. 


Cet article basique (et à la fois remarquablement érudit) sur les thiazidiques est parfait : ICI. Quant à celui sur la kaliémie il laisse rêveur et performatif : LA.
Je me suis limité à 2 billets pour ne pas lasser mais perruche en automne @sburtey est très prolixe sur l'obésité, l'HTA et la néphrotoxicité.

Je l'ai souvent cité mais, au delà des polémiques, l'incontournable blog de Marc Girard.

Une réflexion déjà ancienne sur la médicalisation, et sur tout ce que dissimule cette aliénation : la vie, la sexualité, la mort...

J'ai eu du mal à choisir et je retiendrai 2 articles fameux pour cette année :
Pour en finir avec l'aluminium et la fameuse myofasccite à macrophages : http://www.rolandsimion.org/spip.php?article287
et le classement sans suite des plaintes contre les pilules de troisième et quatrième génération : http://www.rolandsimion.org/spip.php?article386

Je n'oublie pas, et il ne s'agit pas d'un classement hiérarchique, les blogs superbes de

Sylvain Fèvre : ASK. Et sur twitter @sylvainASK. Son blog allie la compétence du médecin praticien, l'érudition et la saine rébellion contre les injustices et les incongruités du système de soin.

Je choisi donc deux articles :
l'un concerne le dépistage désorganisé du cancer du sein : ICI.
et l'autre la vaccination : LA.

Jean-Baptiste Blanc : Chroniques d'un jeune médecin quinquagénaire. Et sur twitter : @Dr_JB_Blanc


Le meilleur article de l'année 2017 : sur les chiffres de la grippe. Lumineux. ICI. Un reproche : il se fait rare car il a une façon tellement évidente de raconter les choses et, surtout, ses illustrations sont toujours ad hoc et reproduites partout.

Le blog de Médicalement Geek (@Dr_Agibus sur TWT) est une mine de renseignements sur tout ce qui paraît ici et ailleurs. Un travail énorme de compilation. Un reproche : parfois un peu trop académique au sens respectueux. Indispensable pour se tenir au courant des recommandations et de l'opinion avisée des médecins généralistes enseignants.

Hippocrate et Pindare sont dans un bateau.


Ce blog ne cesse de répéter un discours humaniste sur la médecine et les patients et, ce faisant, dénonce les compromissions, les exactions, les autoritaires (et les autoritarismes), les malfaisants, les marchands de rêves et les marchands tout court.

Pour raisons de santé. Le blog de Luc Perino a fait, selon moi, des progrès incroyables. Il est devenu plus juste et moins péremptoire. Et un peu moins sensationnaliste. Je dirais même que c'est le seul endroit dans le journal Le Monde où l'on peut lire des informations médicales intéressantes et vérifiables. Il a écrit 37 billets en 2017.

Un peu à part, le site, ce n'est pas un blog, du Formindep, qui informe.

J'encourage DocGomi, docteur niilde, bruitdessabots, Michel Arnould et autres à plus publier. Cela nous ferait plaisir.

S'abonner à Le club des médecins blogueurs paraît être une priorité pour tout médecin installé, pour tout doctorant, pour toute personne qui souhaiterait "faire" médecine.

Je voudrais dire un mot de L'école des soignants de Martin Winckler. Tout a été dit sur Winckler. L'affaire de son livre dénonçant les brutes en blanc a fait déborder le vase en suscitant de violentes réactions de partout et même de la part de ses anciens amis (ICI). J'ai plusieurs fois essayé d'écrire un billet sur lui, ce que j'avais déjà fait à propos de la contraception (LA). Il est nécessaire de le lire car, au delà de sa haine profonde de tout ce qui n'est pas lui, il dit des choses qui doivent nous faire réfléchir. Malgré que j'en eusse, je lis Le Figaro et Le Monde diplomatique. 


Pour ceux qui lisent l'anglais médical :

Des Spence est un médecin généraliste écossais qui publiait dans le BMJ



Il publie désormais dans Pulse et il a écrit 5 articles en 2017, tous aussi remarquables. ICI.

Sa successeure dans le BMJ écrit de remarquables articles dans le BMJ où elle défend bec et ongles la médecine générale : ICI. Il s'agit de Margaret McCartney. Elle écrit des livres que j'ai commentés parfois sur ce blog : LA.




Pour ceux que l'oncologie intéresse, et pas seulement en tant que spécialité, mais comme paradigme de ce qui se passe en médecine : inflation des prix, études biaisées, AMM accélérées, critères de substitution, main-mise de big Pharma sur les institutions, industrialisation de la médecine... le blog de Bishal Gyawali est étonnant de fraîcheur et de connaissances.



Il est publié de façon peu pratique dans e cancer : LA. On peut le suivre sur TWT : @oncology_bg

Je garde pour la fin le blog de Richard Lehman, un must depuis de nombreuses années, qui balaye le champ de la médecine toutes les semaines avec une compétence et un so British humour qui donnent envie : LA. On peut le suivre sur TWT : @RichardLehman1



Mais, last but not least, n'oubliez pas le blog médico-politique de Christian Lehmann : En attendant H5N1. Indispensable.



En sachant qu'il vient de publier un article brillant dans AOC : Obligation vaccinale, un pari orwellien. On peut le suivre sur TWT : @LehmannDrC

Quant à ceux que j'ai oubliés, qu'ils ne me pardonnent pas.

PS du 13 février 2018. J'avais oublié le blog de Michel Lorgeril (ICI) où vous apprendrez des faits non conventionnels sur le cholestérol (sans oublier que notre ami Grangeblanche, premier blog cité, a férocement commenté le livre de Michel de Lorgeril) et sur les vaccins.


LISEZ LES BLOGS MEDICAUX !



dimanche 9 septembre 2012

Pause musicale.


Ce que je déteste le plus dans les blogs, ce sont les propositions musicales. 
Enfin, une des choses que je déteste le plus dans les blogs non musicaux. Il y en a d'autres mais je me concentre sur ce sujet.

Je suis content d'aller voir le dernier post d'un blogueur que j'aime bien, ou qui a toujours des idées géniales ou qui a un point de vue différent sur la cardiologie, la dermatologie, la médecine générale, ou qui sait lire des articles dont je n'ai jamais entendu parler, ou qui a l'art, sans en avoir l'air, de m'apprendre quelque chose ou d'évoquer dans mon cerveau (les liens inconscients) des sentiments que  j'ignore ou de déclencher des connexions inattendues et, tout d'un coup, je lis un post qui sort de son objet et je suis déçu. Mais je ne suis pas encore déçu par le post que je suis en train d'écrire. Le spécialiste de la pose de prothèses biliaires écrit "Quand je pose des prothèses biliaires j'écoute l'adagietto de la cinquième symphonie de Mahler, dirigé, ajoute-t-il, par Bruno Walter" et il fournit un lien YouTube pour l'écouter. Je me perds toujours en conjectures sur cette façon de faire, enfin, je plaisante, je sais interpréter. Je pourrais écrire un post pesant sur la question. Que choisir, qui choisir, comment ce choix fera-t-il de moi un blogueur intéressant, intellectuel, que l'on aura envie d'aimer, cultivé, mais pas trop, cultivé décalé, c'est mieux. Mais je l'ai déjà fait : ICI.

Voici ma pause musicale en forme d'hommage à ces blogueurs mélomanes.

J'ai entendu un jour à la radio Pierre Boulez, le chef d'orchestre et le compositeur que la terre entière nous envie, membre de la Première Division de la Musique Mondiale, dire ne pas aimer le jazz. Il ne s'est pas beaucoup expliqué, le journaliste l'a peu contredit ou interrogé,  mais, c'était dit, un avis d'expert, il n'aimait pas le jazz (c'était sur France Culture). 
Peu après j'entends à la radio le pianiste de jazz Claude Bowling, dire qu'il déteste le free jazz. Bon, Claude Bowling est un vieux monsieur, un bon pianiste de jazz, plutôt classique, ce n'est pas Martial Solal, il a aussi gagné sa vie en produisant un groupe de variétés, Les Parisiennes, c'était léger et charmant, de la daube, certes, mais charmant et il faut bien gagner sa vie quand on est pianiste de jazz et que l'on fait partie de la troisième division de la Musique de Jazz, loin de Theolonious Monk ou, par exemple, d'Oscar Peterson (mais là, je suis en train de faire ce que je dénonçais plus haut : me mettre en avant en montrant mes goûts ou mes pseudo goûts, je m'arrête) (c'était sur TSF jazz).
Ensuite, je me rappelle que Milan Kundera a écrit nettement qu'il ne trouvait pas à son goût le jeu de Vladimir Horowitz et qu'il le rangeait dans la catégorie du kitsch kundérien (Les Testaments Trahis). 
J'ai lu dans son autobiographie Beneath the underdog que Charles Mingus disait reconnaître à la première note si un musicien de jazz était blanc (ce n'était pas un compliment), et j'ai entendu grâce à Alain Gerber sur France Culture que Miles Davis disait à peu près la même chose (ce n'était gentil non plus).
Kundera a aussi écrit qu'il ne comprenait pas qu'on ait fait plus de cas dans la presse mondiale d'un rocker polonais dissident que d'un intellectuel polonais dissident, la musique rock à deux temps étant pour lui l'expression la plus achevée du mauvais goût musical, à l'égal, peut-être, c'est moi qui interprète, de la musique d'ascenseur (en anglais : easy listening) (L'Insoutenable Légèreté de l'Etre).
Un autre jour : je demande à la professeure de piano de mon dernier fils quel est son pianiste (j'entendais classique) favori et elle me répond, presque sans hésitation, Keith Jarrett. 
Cette charmante professeure de piano (classique) versaillaise est la plus classique des classiques dans son comportement comme dans ses goûts classiques musicaux (Liszt et Chopin). Et en une seule réponse en forme de choix elle se met à dos (de façon imaginaire) Pierre Boulez, Claude Bowling, Charles Mingus et Miles Davis. Trop fort.

(Photographie : Pierre Boulez. Né en 1925)



samedi 1 octobre 2011

A quoi sert un blog médical ? Auto web 2.0


La multiplication des blogs écrits par des médecins n'est pas étonnante : pourquoi cette partie de la population aurait-elle moins de choses à dire que les charcutiers, les collégiens ou les banquiers ? Mais cela sert à quoi ?
Cet aspect utilitaire de la question peut paraître inutile quand on sait que la majorité des bloggers postent pour satisfaire leur ego...
Je voudrais ici rapporter les raisons que j'ai identifiées et qui me paraissent être le moteur de la publication de posts.
  1. J'existe
  2. J'ai des choses originales à dire sur ma pratique
  3. Je suis le plus beau (la plus belle) et le (la) plus intelligent (e)
  4. Je suis plus fort (e) que les médecins qui exercent autour de moi : ils n'examinent pas leurs malades, ils font des ordonnances trop longues, ils ne savent pas leur parler, ils en font trop, ils n'en font pas assez
  5. Je pense que les spécialistes d'organes sont des crétins qui ne s'intéressent qu'à l'organe, qui n'ont aucune humanité, qui ne pensent qu'aux congrès bidons au soleil, aux invitations au restaurant...
  6. Personne n'ose le dire mais les médecins généralistes (spécialistes en médecine, ah, ah, ah) sont généralement des crétins finis qui n'y connaissent rien et qui prescrivent à tort et à travers dans le seul intérêt de maintenir leur clientèle et non de vouloir son bien
  7. Je suis fier (fière) d'affirmer que les médecins généralistes remplacés ne s'occupent pas de leurs malades, ne tiennent pas leur dossier, font du clientélisme, sont abonnés au Quotidien du Médecin, reçoivent la visite médicale, ne lisent jamais rien, font du fric...
  8. Je fais, outre mon métier, de l'auto-fiction en parlant de ma grossesse, de mes épousailles, de ma femme qui est AS...
  9. J'écris pour tout le monde, confrères (soeurs) et patients (es), je fais vibrer la fibre sentimentale, et j'évite au maximum de citer des sources...
  10. Je me livre tout entier (entière) au web mais je modère les commentaires, voire les supprime quand le cercle des autocongratulants paraît s'ébrécher et je fais référence à la netéiquette pour couper le sifflet à mes contradicteurs
  11. J'écris pour créer un réseau de personnes intelligentes (i.e. qui me comprennent) qui pourront m'aimer
  12. Je flatte mes "amis" que je ne critique jamais et je me réfère toujours aux vaches sacrées du blog médical qui disent autant de conneries que les autres (ils ne se reconnaîtront pas)
  13. Je m'ennuie.
J'ai, à dessein, évité les citations de blogs mais, comme on dit, "Toute ressemblance... ne serait pas fortuite..." mais j'ai tellement oublié de trucs...

Je voulais enfin, je sais que le suspense était insoutenable, vous dire pourquoi j'écris ce blog. Mais vous n'êtes pas obligé de me croire.

Une seule raison pour ce blog (outre mon ego et mon polygraphisme) : Mettre mes actions en rapport avec mes écrits, et vice versa. Laisser des traces tangibles du monde que j'imagine tel qu'il devrait être et en revenir constamment à ma pratique forcément imparfaite, le monde tel qu'il est. Et donner des idées (ouvrir des portes) aux collègues et aux patients.
(C'était ma contribution à l'auto web 2.0)

(Allégorie sur le Dossier Médical Partagé. Inde 2011 (Rajasthan) - Photographie : Docteurdu16)

samedi 20 août 2011

A la Réunion : Hugues Raybaud bosse juste !



Ce n'est pas un scoop mais la lettre d'informations Santé Réunion (ICI) pilotée par Hugues Raybaud montre que la qualité paie.
De nombreuses actions ont été menées depuis l'Océan Indien contre des dérives du système (la grippe H1N1) ou du dépistage inapproprié (cancer de la prostate, cancer du sein) et le ton était juste. Mais de très nombreux sujets de la médecine sont abordés, sans oeillères et sans a priori, me semble-t-il.
On aimerait que la Métropole fût au niveau.
Je ne parle pas non plus de la revue de presse, souvent anglo-saxonne, qui résonne et raisonne bien, et qui me fait penser, en la lisant, que j'ai du retard pour mes propres lectures.
Je vous conseille vivement de vous y abonner.
C'est un plaisir de l'ouvrir dans sa boîte à lettre.
Un tout petit bémol : le chapeau présentant un article (les commentaires) est souvent bref et peu critique (il arrive qu'on ne sache pas ce qu'Hugues Raybaud pense vraiment de ce qu'il nous offre) et oublie parfois de resituer le niveau de liens ou conflits d'intérêt des auteurs.
Enfin, je suis parfois en désaccord, mais cela vaut mieux : il est toujours nécessaire de lire ce que les autres qui ne pensent pas comme nous affirment ou tentent de démontrer. C'est stimulant. Cela permet même de changer d'avis, ce qui est la chose la plus roborative de l'existence.
Pour conclure : les généralistes assument, travaillent, commentent, se mouillent et ne se contentent pas de suivre ou de ronchonner dans leur coin.
Longue vie à Santé Réunion !

(Crédit photographique : http://ile-de-la-reunion.info/blog/sommaire)

vendredi 1 janvier 2010

MEILLEURS VOEUX 2010 !

Le début de l'année est souvent l'occasion de faire un bilan de ce qui s'est passé l'année précédente et de prendre de bonnes résolutions pour l'avenir.




Ceux qui ont été de mauvais élèves savent que les bonnes résolutions, à moins qu'elles ne se fondent sur des bases théoriques et pratiques solides, finissent rapidement par se dissoudre dans le train train des (mauvaises) habitudes et de la mauvaise image que l'on peut avoir de soi-même (par l'intermédiaire des mauvaises appréciations lues sur les carnets de notes).




Mais il arrive aussi aux bons élèves de prendre de bonnes résolutions ou, simplement, de maintenir le cap en tenant compte des données de l'année précédente.




La médecine générale est au centre de nos préoccupations. Elle est à la fois une pratique et, osons-le dire, une vision du monde. Le problème vient de ce que les 60 000 médecins généralistes sont autant de points de vue tous aussi pertinents les uns que les autres.




Ce blog était à l'origine destiné aux médecins mais je me suis rendu compte très rapidement, et pas seulement en traitant de cas cliniques, que mon écriture était influencée par le regard des patients / malades. Il n'était pas possible d'écrire n'importe quoi. Ni vis à vis de l'ensemble de spatients ni vis à vis de ma propre patientèle.




L'année 2009 a, me semble-t-il, été profondément marquée par la déclaration de pandémie de grippe A/H1N1v par l'OMS. On m'a d'ailleurs fait le reproche de ne plus m'intéresser qu'à cela et de ne plus publier sur la majorité des pathologies rencontrées au cabinet, même en période de pandémie.




Mais la gestion de cette crise au niveau mondial par l'OMS, comme dans chacun des pays touchés et dans notre belle France est quand même une bonne façon de s'interroger sur la médecine générale, son fonctionnement institutionnel, son image, les relations qu'elle entretient avec la société en général et, plus particulièrement, avec les institutions et les patients / malades.




Restons en France.




Les Autorités françaises ont pris la mesure de la gravité que pourrait constituer une gestion calamiteuse de la pandémie. L'ombre de la canicule planait derrière nos dirigeants politiques et médicaux qui, entre parenthèses, ne s'en sont pas si mal sortis que cela en post critique (aucune tête n'a roulé symboliquement dans le panier d'osier).




Il fallait que les Autorités en fassent beaucoup, qu'elles s'agitent, qu'elles mobilisent le ban et l'arrière-ban des ressources sanitaires, sociétales, sociales, politiques et administratives (vous remettrez tout dans l'ordre) et, surtout, qu'elles dramatisent.




Pour la dramatisation, nous avons été servis : Madame Bachelot filmée dans les services de réanimation pédiatrique, Madame Bachelot montrant des poumons "blancs"... et ad libitum. J'allais dire : Ad nauseam !




Mais revenons à nos bons voeux en passant par la médecine générale.


  1. Le trio funeste Bachelot / Houssin / Weber a tout organisé en ignorant la médecine générale. Avec l'aide des experts virologues, qui sont en général dans le peloton de queue des compétences en infectiologie et qui, dans l'immense majorité des cas ne sont pas des cliniciens (ils ont d'ailleurs profité de l'aubaine pour tenter de prendre leur revanche sur les plateaux de télévision en élargissant spontanément le champ de leur incompétence) et des pneumologues "amis" a organisé le drame à coup de conférences de presse, de décisions administratives prises en direct en dehors de toute légalité (nombre d'injections des vaccins, indications des antiviraux, définition des personnes à risques différentes pour a vaccination et la prescription des antiviraux, préparations extemporanées des doses nourrissons, générication forcée, avis modificateurs sur l'AMM, des dits antiviraux, modifications des conditions de recueil des effets indésirables par la pharmacovigilance, et cetera) et en se servant des médecins généralistes trop fiers de faire partie des initiés et de pouvoir fouler les allées du pouvoir comme ceux participant aux différents Comités ad hoc et / ou appartenant aux réseaux GROGS financés par le Ministère...


  2. Le trio funeste et aveugle BHW, qui n'avait jamais entendu parler de logistique sanitaire, qui n'avait aucune idée de ce qu'était un engagement industriel, a fait concocter par des Enarques sans expérience sur les problèmes de Santé Publique, une stratégie où l'Etat était pieds et poings liés à Big Pharma Section Vaccin, la branche la plus nulle de la pharmacie en termes de clinique, d'essais d'efficacité, de suivi de tolérance et d'esprit critique de la profession (il suffit d'interroger le reste de Big Pharma pour s'en rendre compte). Comme il fallait faire vite le trio naïf BHW n'a pas réfléchi à la consanguinité conflictuelle entre les experts, parfois autoproclamés ou désignés par Big Pharma, et l'industrie des vaccins. Nous ne disposions pas, contrairement à ce que pensait et pense Madame Bachelot, des meilleurs épidémiologistes mondiaux (elle a trouvé où ce bobard ?), mais nous avions, dans les ONG, les meilleurs logisticiens de la planète : elle les a ignorés pour faire confiance à des Enarques sans expérience et sans savoir faire.


  3. J'ai écrit il y a longtemps, c'était en 1980, "Les médecins généralistes existent mais la médecine générale n'existe pas en tant que spécialité." Je crains qu'en France nous n'en soyons restés à ce constat terrible ! A moins que nous n'ayons encore régressé : les médecins généralistes n'existent même plus dans l'esprit des décideurs. Certains peuvent se bercer d'illusions en pendant que quelques avancées ont été faites dans le domaine des publications ; elle sont, ces publications, d'une minceur extrême. Et nul doute que les spécialistes universitaires qui ne publient jamais mais qui ont la chance de s'adosser sur des publications internationales très variées dans chacune de leur spécialité, y ont pensé en excluant les médecins généralistes du plan grippe. Tout a été jeté par dessus bord : la notion de médecin traitant, la connaissance des malades, l'identification des personnes à risque, l'effet rassurant des médecins traitants sur leur patientèle. Au profit d'une organisation para militaire organisée par le Ministère de l'Intérieur sous l'égide scientifique de madame Bachelot et son think tank conflictuel et sans la pondération d'une Agence Indépentante, l'InVS, dirigée par une généraliste n'ayant jamais exercé et n'ayant aucun titre universitaire en Santé Publique. Je vous renvoie à tout ce que j'ai écrit cette année sur le sujet (trop à mon goût).

  4. Et pendant ce temps, pendant que les médecins généralistes se faisaient écraser par le mépris et la morgue des Autorités, pendant que la soviétisation de la santé (dont on connaît les effets bénéfiques sous d'autres cieux) se mettait en place sous la houlette des libéraux sarkozyens (les extrêmes se rejoignent, disait ma grand mère), il y avait des médecins généralistes qui se portaient volontaires pour vacciner, il y avait des médecins généralistes qui ne résistaient pas aux réquisitions, il y avait des médecins généralistes qui adhéraient sans partage à la politique vaccinale en respectant le principe d'autorité ! Tous ces médecins généralistes dont la culture scientifique se résume à la lecture des annonces de locations de vacances dans le Quotidien du Médecin ou au discours décolleté de la visite médicale, sans compter ceux qui, persuadés d'avance, faisaient confiance à des revues, dont La Revue Prescrire, qui n'a, dans le passé, jamais émis le moindre doute sur l'efficacité de la vaccination contre la grippe saisonnière, qui n'émettaient que peu de doutes à lalecture des AMM curieusement simplifiées et manquant de données que les Agences leur fournissaient, n'ont pas manqué d'avoir une attitude ambiguë.
  5. Ambiguë car certains médecins généralistes, écrasés par le talon de Madame Bachelot, arrivaient encore à dire que les médecins généralistes qui se posaient des questions sur l'évaluation des nouveaux vaccins étaient, choisissez, vous avez le droit de cocher plusieurs fois, des témoins de jehovah, des millénaristes, des négateurs du progrès, des partisans de la théorie du complot, des obscurantistes, des négationnistes et autres joyeusetés agréables à entendre. Mais ces médecins généralistes qui, sur certains forums, se proclamaient des résistants contre les idées dangereuses des anti vaccins (que nous ne sommes pas), n'avaient rien lu, rien entendu, ne savaient rien ou, même, se tenaient pour informés en lisant des sites anti canulars du web (sic) comme le dangereux Hoaxbuster pour lequel vous avez le lien et dont les arguments pro vaccinaux béats sont défendus soit par des médecins qui ne publient pas leurs conflits d'intérêts, soit par des personnes qui se vantent d'avoir comme formation scientifique, celle d'ARC (attaché de recherche clinique) travaillant pour Big Pharma...
  6. Ambiguë car nombre de médecins généralistes s'opposaient à la politique administrative de Madame Bachelot mais pas à ses fondements : vacciner tout le monde. Confondant l'efficacité des vaccins contre la poliomyélite et le tétanos à celles contre des virus mutants... Ou prétendant, relayant en cela Wikipedia, que c'était la vaccination contre la tuberculose (notoirement inefficace) qui avait fait baisser la mortalité de la tuberculose (et non la streptomycine).
Où sont les médecins généralistes ?
Nulle part.
Quand paraît la recommandation de la DGS sur la prescription systématique de Tamiflu chez les porteurs de syndrome viraux probablement grippaux, que font les généralistes ? Ils se cachent. Ils ont peur de leur ombre. Ils ont peur des conséquences qu'une non prescription d'un produit non éprouvé pourrait leur faire courir sur le plan légal ! La médecine : rien à foutre ? L'intérêt de leurs patients : rien à foutre ! Ils se protègent !
Il y a certes des réactions isolées comme celle du Collège National des Généralistes Enseignants ou celle de la Société Française de Médecine Générale dont j'ai parlé ici.
Il y a eu certes des pétitions émanant soit du Formindep (et l'on sait combien je suis critique à l'égard de cette association qui est pourtant indispensable à la manifestation de la vérité des conflits d'intérêts), pétition que j'ai pourtant signée et qui, ce jour, n'a été signée que par 950 personnes ! Succès considérable ! ; soit d'un syndicat, l'Union Généraliste, et qui a été signée ce jour par 4004 médecins !
Mais les autres, que font-ils ?


J'ai très peur que nous ne nous soyions éloignés du propos initial : les bonnes intentions pour 2010.

Les miennes, les voici : lire, écouter, réfléchir.

J'en profite pour vous donner en vrac les liens de blogs que j'aime bien mais que je n'approuve pas forcément. A force de ne lire que ce que nous pensons nous finirons par ne plus penser du tout.

Liens :
Le site de Christian Lehmann qui est parfois plus politique et syndical que médical mais qui nous plaît par son style inimitable et, parfois, très narcissique.
Le site de Marc Girard qui est parfois très décalé par rapport à l'opinion dominante au risque de choquer, de heurter et de déplaire et dont le ton, heurté, est parfois difficile à suivre mais comment ferait-on sans cette vigie et ce donneur de leçons ?
Le site de Dominique Dupagne dont je retiens essentiellement les articles (le côté forum et discussion avec des patients me rasant fortement) au style ampoulé, humoristique, et manquant souvent de concision, et qui, parfois, rate son but, par excès de complexité.
Le site de Martin Winckler que j'aime bien pour son côté obsessionnel (les femmes) et pour ses ouvertures extramédicales très pertinentes (les séries télévisées).
Le blog de Michel Arnould qui est parfois intéressant mais qui me semble trop marqué par son appartenance associative et qui, parfois, publie trop vite. Indispensable pour la réflexion du praticien.

J'arrête là pour ne parler que des blogs que je consulte régulièrement.

Meilleurs voeux à tous !