lundi 24 mars 2008

Dépistage du cancer du sein : le rendement de la mammographie dépend du radiologue !

Une étude menée aux Etats-Unis par le National Cancer Institute (fonds institutionnels) sur le diagnostic du cancer du sein par mammographie montre que la sensibilité de l’examen et le taux de faux positifs dépend du radiologue (my god !).[1]

On le savait depuis longtemps mais cela va mieux en le redisant.

(traduction libre d'un article de AM Kaunitz In Journal Watch Women’s Health January 10,2008.)

L’essai – Les investigateurs ont testé les performances de 123 radiologues pour leur interprétation de 35000 mammographies diagnostiques chez des femmes présentant des signes ou des symptômes de cancer du sein.
Les mammographies étaient considérées comme positives si elles soupçonnaient ou étaient hautement suggestives de cancer ou si elles entraînaient la recommandation d’une biopsie ou d’une consultation chirurgicale.
On considérait que les femmes avaient un cancer du sein si un carcinome invasif ou un cancer in situ était diagnostiqué dans l’année suivant la mammographie.
La sensibilité était définie par le % d’examens positifs chez les femmes ayant un cancer du sein.
Le taux de faux positifs était défini comme le % d’examens positifs chez des femmes n’ayant pas de cancer du sein.

Les radiologues – Trois quarts d’entre eux (âge moyen : 49 ans) interprétaient des mammographies depuis au moins dix ans. Six % exerçaient dans un contexte universitaire, 3 % avaient fait des formations complémentaires. La plupart d’entre eux (87 %) ne consacrait que 40 % de leur temps à faire de la radiologie du sein.

Les Résultats
La sensibilité médiane de la mammographie diagnostique était de 79 %
Le taux médian de faux positifs était de 4,3 %
La sensibilité variait même chez les radiologues qui avaient le même taux de faux positifs.
Les radiologues universitaires avaient une sensibilité interprétative plus grande (88 % vs 76 %) et un taux de faux positifs également plus élevés (7,8 % vs 4,2 %) que les autres radiologues.
Commentaires
La prévalence du cancer du sein est dix fois plus élevée chez les femmes soumises à une mammographie diagnostique que chez celles soumises à un dépistage.
La variabilité des interprétations des radiologues est inquiétante. Le taux de faux positifs augmente avec la sensibilité, ce qui tend à prouver que les « meilleurs » radiologues entraînent aussi plus de procédures invasives et d’anxiété.
JCG : on est bien avancés ! On savait que l’interprétation d’une radiographie dépendait largement de l’opérateur (et encore plus pour les échographies où les images restantes sont difficiles à interpréter après coup). Comment faire ? Qui connaît la « sensibilité » des radiologues exerçant autour de son cabinet ? Faut-il envoyer les femmes uniquement dans les centres de radiologie ne faisant que de la mammographie ? Faut-il n’envoyer les femmes que dans des centres chirurgicaux ne faisant que du sein ?

[1]Miglioretti DL et al. Radiologist characteristics associated with interpretive performance of diagnostic mammography. J Natl Cancer Inst 2007 Dec 19; 99:1854.

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